Deux belles expos politiques à Angers

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Entre deux manifs, n’hésitez pas à voir deux belles expos à Angers :

La première, à l’Hôtel des Pénitentes, dans la Doutre, se termine dimanche prochain 29 mai. C’est le prolongement angevin de l’exposition installée pour la première fois au château de Nantes en 1992-1994 et pérennisée depuis : Les Anneaux de la mémoire. Elle retrace les différents aspects du commerce triangulaire des XVIIe-XIXe siècles, activité cruelle qui a été un des facteurs de l’accumulation primitive du Capital en Europe occidentale en général, via la traite des esclaves Noirs, et qui a permis l’enrichissement rapide – entre autres - de la bourgeoisie nantaise. Il manquait à cette exposition un volet sur le rôle de l’arrière-pays (l’hinterland), notamment la région d’Angers, dans la fourniture de marchandises de traite et dans l’exploitation des produits coloniaux (ici les raffineries de sucre, dont deux étaient situées précisément dans la Doutre, près de l’actuel pont de Verdun. L’expo est passionnante, avec beaucoup de documents et de cartes, et aussi une petite vidéo à l’étage de ce bâtiment prestigieux.

Les horaires : du mercredi au dimanche, de 13 h à 18 h, boulevard Descazeaux. Entrée libre.

Nota bene : L’association Les Anneaux de la mémoire a un site national : http://www.anneauxdelamemoire.org/

Autre exposition, dans le grand hall du théâtre Le Quai, et surprenante dans ce lieu plutôt apolitique, celle sur le New Dance Group (NDG) visible jusqu’au mois de juin. C’est l’histoire d’un groupe de danse version agit-prop, mise sur pied par de jeunes militantes du PC américain pour dénoncer l’assassinat d’un de ses membres par un briseur de grève en 1932. Certes, par la suite, le NDG suivit l’orientation de l’ensemble des PC dans les années 30, se ralliant au démocrate bourgeois Roosevelt et au New Deal à l’époque des Fronts populaires, et s’intégrant ensuite au concert patriotique contre l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale (l’expo n’évoque cependant pas la période sombre du Pacte germano-soviétique, entre août 1939 et l’attaque allemande contre l’URSS le 22 juin 1941). Logiquement, après la guerre, une partie des danseurs du NDG s’efforça de soutenir le bloc soviétique, notamment pendant la Guerre froide, mais ils furent dénoncés par leur propre camp comme trop modernes et trop éloignés des critères de la danse classique auxquels le “petit père des peuples” était attaché. Parallèlement, tout en suivant tous les méandres du stalinisme, le NDG, qui comptait des danseuses noires, s’illustra dans la lutte contre les discriminations raciales, notamment dans le Sud, et pour l’égalité des droits. Et c’est ainsi qu’il fut d’ailleurs comme beaucoup d’autres artistes l’objet de dures persécutions pendant la période dite “maccarthyste” de chasse aux sorcières communistes. Bref, le NDG était trop subversif, tant pour Staline qu’aux yeux des Américains les plus réactionnaires...

C’est aussi dans la Doutre, aux horaires d’ouverture du forum du théâtre Le Quai, du mardi au vendredi de 13 h à 19 h, et le samedi de 15 h à 18 h.

22 mai 2016, par NPA 49