Député-maire de Cholet, Gilles Bourdouleix (GB) est parti en guerre. Depuis la rentrée de septembre, il ne cesse de faire parler de lui. Si l’on en croit la presse locale, il dénonce pêle-mêle le préfet de Maine-et-Loire, qui serait « indigne de représenter la France » et qu’en conséquence il « ne recevra plus », ainsi que le Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, contre lequel il aurait porté plaine « pour mise en danger de la vie d’autrui »…
Que s’est-il donc passé à Cholet qui motiverait ce que le préfet de Maine-et-Loire, François Burdeyron, présente comme une tentative - qu’il refuse - de constitution de la Commune de Cholet en « république autonome » ?
Président du CNIP (Centre National des Indépendants et Paysans), ce micro-parti de la droite de la droite créé à la Libération et allié récemment à presque tout ce qui existe entre l’UMP et le FN, depuis Debout la République de Dupont-Aignan jusqu’au Mouvement Pour la France de de Villiers, le maire de Cholet a certainement une bonne raison de se mettre en colère contre les autorités.
S’insurge-t-il contre la hausse du chômage qui touche de plus en plus les jeunes, les femmes, les 25-49 ans, les plus de 50 ans (bref, pour faire court, quasiment toutes les tranches catégorielles de Pôle emploi) ? Contre le manque de logements sociaux dans l’agglomération choletaise ? Contre les effectifs chargés dans certaines classes ? Contre les expulsions répétées de demandeurs d’asile quand l’hiver arrive ?
Vous n’y êtes pas du tout.
Depuis trois mois, G. Bourdouleix est parti en guerre contre tous ceux qui selon lui ne sont pas « de bons citoyens français » et vivent « en permanence dans l’illégalité » (Ouest-France du 3 octobre 2012).
Première cible : les femmes voilées
A deux reprises, en juin dernier, il aurait dénoncé à la justice de jeunes musulmanes qui circulaient en voile intégral dans l’espace public, ce qui est effectivement interdit depuis deux ans… Bien entendu, ce n’est pas nous qui défendrons le port du voile, symbole de soumission des femmes à la « loi » prétendument religieuse des hommes, mais est-ce vraiment une priorité que de traîner en justice celles qui s’y adonnent, souvent par pure provocation de néophytes (les deux jeunes en question sont d’ailleurs « d’origine européenne »), avant d’y renoncer par la suite ? En tous les cas, l’une d’elles a écopé de 200 euros d’amende.
Seconde cible : les gens du voyage
Début octobre, une mission évangélique des gens du voyage (des tsiganes nomades, donc) a tenté de s’installer pour quelques jours sur une « aire de grand passage » près de Cholet, au Puy-Saint-Bonnet, et notre vaillant maire, également président de la communauté d’agglomération, a voulu faire un rempart de son corps pour les en empêcher. Lâché par la maréchaussée, notre brave homme n’a évité d’être « massacré » (dit-il) qu’à la fuite… Et d’accuser le préfet, traité de « lâche » sur radio Alouette, et Manuel Valls lui-même, d’avoir « mis sa vie en danger » faute d’effectifs de police suffisants ! [1] Raison invoquée par Bourdouleix pour refuser la présence des gens du voyage dans l’agglomération choletaise : ils font caca partout (nuance : « entre deux portes de voiture » - précisons que le terrain en question ne comporte pas de sanitaires), ils dégradent tout, en cassant des bouteilles de bière (tout le monde sait qu’aucun chrétien sédentaire ne s’y abaisserait…), etc., etc. Notons qu’après le départ des 80 caravanes, la police a constaté que le terrain était propre et que les armoires électriques n’étaient pas dégradées. Mais peut-être ont-ils volé des poules ? En tous les cas, GB ne nous le dit pas… Remarquons au passage que, selon la Ligue des droits de l’Homme, notre soi-disant légaliste de maire n’avait pas contesté l’autorisation de s’installer au Puy-Saint-Bonnet donnée aux gens du voyage par le préfet, et que de surcroît il se serait laissé aller à « des insultes à caractère raciste », ce qui n’est pas franchement légal… En tous les cas, début octobre, l’avocat des gens du voyage et le président départemental de la LDH envisageaient de porter plaine « pour injure raciale ». Coïncidence : le Courrier de l’Ouest du 4 octobre nous apprend que la mère d’un membre de la communauté, présente sur place, a été internée 5 ans pendant la dernière guerre…
Nouveau rebondissement il y a quelques jours (Ouest-France du 27 novembre) : suite à l’arrivée d’une vingtaine de caravanes dans sa ville, GB dénonce « une nouvelle invasion de gens du voyage ». Des citoyens français considérés comme des « envahisseurs » ?? Rien n’arrête pourtant GB, qui dénonce au passage « l’État socialiste » qui met « la loi entre les mains des voyous et de ceux qui ne respectent pas la légalité ». Va-t-il « prendre le maquis » comme certains l’envisageaient en 1981 au lendemain de l’élection de Mitterrand, quand, comme chacun sait, les chars russes s’approchaient de Paris ? N’exagérons rien, il a seulement menacé pour la nième fois de démissionner de ses fonctions de maire. Renseignements pris, il s’est seulement absenté de Cholet… pour siéger à l’Assemblée nationale ! Mais là, victoire pour GB, le tribunal a finalement ordonné aux gens du voyage de décamper.
Troisième cible : les supposés « mariages blancs »
Selon Ouest-France des 6-7 octobre, une Choletaise de 47 ans qui envisage de refaire sa vie avec un Marocain plus jeune qu’elle et résidant en Italie voit son mariage repoussé de mois en mois depuis fin août « pour complément d’enquête ». La mairie de Cholet, qui visiblement fait du zèle en la matière, transmet en effet au parquet pas loin de 10 % des dossiers de mariage, ceux qu’elle juge « suspects ». Seuls quelques mariages (5 sur 145) sont finalement annulés, mais en attendant, on a pourri la vie de plusieurs couples… A Angers, la mairie se contente d’une audition avec un élu quand elle a un doute sur la « volonté matrimoniale ».
MORALITE : à Cholet, aux yeux du maire, mieux vaut ne pas être étranger basané ou nomade, on est d’avance suspect. Et au vu de son hostilité à tout ce qui sort de la norme, on peut légitimement s’interroger sur ce que sera l’attitude du maire quand la loi sur le mariage pour tous sera adoptée (le plus tôt possible, nous l’espérons). D’autant qu’il a apporté, au nom de son parti, son total soutien à François Lebel, le maire du 8e arrondissement de Paris, pour qui homosexualité, inceste, pédophilie, consanguinité et polygamie sont du même ordre… Mais ne lui faisons pas de procès d’intention… En bon maire soucieux de légalité, il se fera certainement un devoir de célébrer les mariages entre « bons citoyens français »… de même sexe.
[1] Selon Gilles Bourdouleix (Courrier de l’Ouest du 2 octobre), « à Alamo, ils n’étaient pas nombreux, mais ils ont tenu le coup. Il faut savoir montrer que la loi est la loi ! ». Remarquons quand même au passage qu’avec la référence à la bataille de Fort Alamo (1836), qui opposa l’armée régulière mexicaine à des immigrants illégaux venus des Etats-Unis (qui convoitaient le Texas et finirent par l’annexer), c’est à l’un de ces derniers, Davy Crockett, que GB s’identifie. Sans commentaire…
- jeudi 28 janvier : mobilisation dans le secteur de l’énergie à l’appel des CGT, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, MNL et FIDL.
- samedi 30 janvier à 14h : rassemblement place du Ralliement à Angers en solidarité avec L’Étincelle après l’attaque nazie contre son local.
- jeudi 4 février : mobilisations et grève interprofessionnelles à l’appel des CGT, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, MNL et FIDL.
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
La première semaine de vaccination contre le Covid-19 a commencé à Angers, aux Greniers Saint-Jean. 80 vaccinations le premier jour. 800 prévues dans la semaine. À ce rythme, il faudrait plus de quatre années pour vacciner l’ensemble de la population de la métropole angevine. Voire davantage car les médecins font part de leurs craintes de manquer de vaccins. Ce rythme de tortue est en parfaite cohérence avec ce qui a précédé : calendrier initial incroyablement étiré, absence d’anticipation pour la création de centres de vaccination, pour demander les autorisations dans les EHPAD, pour commander les seringues intraveineuses nécessaires, etc. Une course de lenteur dont il est à craindre qu’elle soit liée à la volonté politique « d’attendre » le vaccin du “big pharma” « français » Sanofi, lequel ne semble pourtant pas devoir être finalisé avant la fin de l’année ! Il faudra un jour tirer le bilan de cette gestion ordolibérale catastrophique de la crise sanitaire par l’État français. Mais dès aujourd’hui, exigeons un changement de braquet. Des vaccins pour toutes et tous et le plus vite possible !
L’actuel président du Conseil départemental de Maine-et-Loire, C. Gillet, fut médecin dans une vie antérieure, qui remonte à plus de vingt ans. C’est à ce titre, médecin de plus de 50 ans, qu’il s’est fait vacciner contre le Covid-19, à grand renfort de publicité, « pour donner l’exemple ». Pour donner l’exemple, il eut été plus glorieux de démissionner de ses charges au CD49 et de retourner aider les équipes soignantes... De surcroît, il eut mieux valu pour lui ne pas se prévaloir d’une consigne que lui aurait donnée l’Ordre des médecins, lequel a démenti formellement. Alors, exemple ou passe-droits ? Compte tenu de la lenteur de la campagne de vaccination en France, ce sont les personnels de santé actifs qu’il faut vacciner en priorité aux côtés des pensionnaires des EHPAD, et cela ne peut souffrir d’exception.
La FCPE des Pays-de-la-Loire vient de protester contre la subvention de 50.000€ accordée aux écoles du réseau “Espérance Banlieues” de la région, l’école primaire “Le Gouvernail” à La Roseraie à Angers et le “Cours Jules Verne” aux Glonnières au Mans. En effet, cette subvention à des écoles hors contrat est un choix purement politique de la droite, justifié par la présidente Morançais et appuyé à Angers par l’ancien de “Sens Commun” et actuel adjoint à l’urbanisme Roch Brancour. Tant d’argent pour une poignée d’élèves ? Oui, mais des enfants qui doivent assister au lever du drapeau et à qui on inculque, soi-disant, “la connaissance et l’amour de la culture française”. Tout cela fleure bon la droite extrême (voire l’extrême droite) à la Morançais et à la Brancour. Faut-il encore une fois le crier dans la rue ? Fonds publics à l’école publique !
Il est des propos échappés qui sont parfois d’inquiétants révélateurs. Au Conseil municipal du 28 septembre, au cours du débat sur la vidéosurveillance dont la municipalité vante les mérites contre la délinquance sans d’ailleurs les quantifier sérieusement ni prendre en compte sa dangerosité pour les libertés démocratiques, le maire s’est laissé aller à des propos grossiers contre la représentante LFI, Claire Schweitzer. L’accusant d’être un « agent électoral des extrêmes, de ceux qui veulent taper sur la police », C. Béchu l’a invité « à entendre les Angevins, les vrais. » (CO du 29/09/2020) Si l’on comprend bien la langue commune, C. Béchu affirme que l’extrême droite veut taper sur la police ; sinon, pourquoi utiliser le pluriel ? Curieuse analyse politique ! Mais probablement, il s’agissait plutôt de l’odieux amalgame extrême gauche-extrême droite que les “modérés” autoproclamés aiment tant ressasser. Plus gravement, C. Béchu fait la distinction entre les « vrais » Angevins et les “faux”. Il y a donc ceux “de souche” et ceux qui se contentent d’habiter la ville... Dans les deux bouts de phrase cités ici, transparaissent l’intolérance et ce qu’il faut bien appeler une idéologie “identitaire” qui n’a rien de... “modérée”. Béchu chef de tribu ?
Une députée LR élue au second tour de la 3e circonscription du Maine-et-Loire, dimanche 27 septembre, avec les voix de 10,32% des citoyen.ne.s disposant du droit de vote... Il n’en fallait pas plus pour que le Courrier de l’Ouest évoque “une large victoire des Républicains” ! Il est vrai que son adversaire EELV soutenue par les PS et PC n’obtient que 6,56% du même corps électoral... Mais la “victoire” de l’ancienne attachée parlementaire de J.-C Taugourdeau est ici très relative. Comme au 1er tour, le rejet des partis institutionnels et le désintérêt pour ce que représentent ces partis ont été massifs : 83,04% d’abstentions, de blancs et de nuls ! La crise du système politique de la 5e république est bien là, qui est très loin d’une quelconque résolution. Drôle de “victoire” !