Quand Maman fait la vaisselle, Papa boit et regarde la télé...

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Le mois dernier, la pub nous avait abreuvés de clichés antiféministes sur le prétendu « rôle » des « mères ».

Ce mois-ci, à l’occasion de la Fête des Pères [1], c’est sans aucune hésitation à TOP 49 que nous décernons la palme d’or du cliché sexiste. En vérité, ce n’est même pas un cliché, mais une pure caricature : en page 2 du n° de cette semaine, une pub propose ainsi d’offrir à papa une pompe à bière, tandis que la dernière page vante les perceuses visseuses et les barbecues. Moralité : pendant que maman fait la vaisselle ou passe l’aspirateur [2], papa boit, bricole et mange des saucisses ! On n’ose pas imaginer la silhouette du bonhomme à 50 ans…

Certes, Géant et Leclerc ont eu la bonne idée de s’abstenir dans leurs luxueux cahiers publicitaires de toute référence à une fête destinée à honorer l’image du père, mais Carrefour, en compensation, lui consacre pas moins de 25 pages : dans l’ordre de présentation, quelles sont donc cette année les occupations de papa ? Tout d’abord, ce n’est pas un scoop, il conduit la voiture, mais ne sait pas trop s’orienter et en plus maman n’est vraiment pas douée pour lire les cartes ! On peut donc sans hésiter lui offrir un GPS. Bon, le détecteur de radars intégré ne sera peut-être plus très légal, mais tant pis, ça lui fera plaisir ! Quand il n’est pas au volant, bien sûr, il arrive aussi à papa de téléphoner, ou même d’écouter de la musique, de regarder des films à la télé (sur un superbe écran plat, L’amour à deux, c’est trop géant !), voire, s’il n’a pas trop honte, de jouer à des jeux vidéo sur son ordinateur ou sur une console… Il faut bien rester jeune ! Accessoirement, il se rase, mais pas trop : 74 positions de coupe pour rester à la mode, nous dit la tondeuse à barbe Babyliss. Et on dit que les femmes sont coquettes…

Bien entendu, l’usage d’un banal aspirateur - trop typiquement féminin - serait déchoir : à lui le viril nettoyeur haute pression, le karcher à rotabuse, le marteau perforateur et la « servante d’atelier » en métal garni ! Notons au passage que pendant que papa bricole, maman peut en profiter, puisqu’elle fait les courses, pour lui offrir son nouveau costume-cravate ou les slips qu’il n’a pas le temps d’acheter lui-même, bien sûr.

Bref, en quelques pages, et à un mois d’intervalle à peine, nous avons eu droit à l’imagerie traditionnelle de la famille patriarcale : un « chef de famille » qui conduit la voiture, a une activité relationnelle, constructive, tournée vers l’extérieur et valorisante… et qui aussi se tourne un peu les pouces, pendant que maman aspire, lave et nettoie le domicile conjugal ! En 1941, en pleine occupation allemande, Pétain avait créé la Fête des Mères dans une optique nataliste qui prônait le retour de la femme au foyer. Ce n’est pas parce que la 4ème République socialo-centriste a confirmé cette fête par un décret en 1951 que cela la rend moins ringarde et réactionnaire dans son esprit. Et après tout, si l’on veut faire la fête, en famille ou non, ou si l’on souhaite faire un cadeau à un proche, on n’a vraiment pas besoin d’une date imposée par l’État.

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13 juin 2011, par NPA 49

[1] Créée en 1952 par la 4ème République, en parallèle avec la Fête des Mères.

[2] Voir notre article du 20 mai dernier.