Derrière les propos doucereux et faussement rassurants du premier ministre le 11 décembre, c’est bien l’intégralité du rapport de l’assureur J.-P. Delevoye qui est reprise par le gouvernement de l’ancien banquier d’affaires E. Macron. Tout le monde serait touché par cette réforme si elle n’était pas retoquée : les plus vieux par l’instauration d’un “âge pivot” à 64 ans et une décote supplémentaire, les plus jeunes par une retraite “à points” qui ne serait, au mieux, qu’un minimum vieillesse destiné à être complété par les fonds de pension des assurances (pour qui en aurait les moyens). Premiers décryptages et une conclusion : renforcer la grève !
À propos des annonces d’Édouard Philippe du 11/12/2019 sur les retraites...
Le discours d"É. Philippe le 11 décembre est d’abord l’expression d’un choix : celui de passer en force sur la réforme des retraites. À quelques détails secondaires prés c’est l’intégralité des mesures préconisées par J.-P. Delevoye en Juillet qui ont été défendues par le 1er Ministre. Exit “l’acte 2 du quinquennat” et E. Macron “à l’écoute”.
"Droit dans ses bottes", l’exécutif accélère même la cadence en prévoyant l’ouverture du débat parlementaire avant même les élections municipales. C’est donc l’option "ça passe ou ça casse" qui a été prise. Même L. Berger, contrairement à N. Notat et à la CFDT en 1995, n’approuve pas !
1) Les seules nouveautés portent sur les délais d’application de la réforme, pas sur le fond
Les seuls aménagements prévus pour faire "passer la pilule" concernent non pas le fond de la réforme mais l’allongement des délais de son application, tout en ayant pris soin de rendre celle ci irréversible pour les gouvernements qui suivront : le début du "basculement" vers la retraite "à points" étant fixé à 2022.
La réforme ne s’appliquera pas aux actifs nés en 1963 à partir de 2025, comme prévu par Delevoye mais en 2037 pour celles et ceux nés en 1975, et elle ne s’appliquera qu’aux années travaillées à partir de 2025 et ce sera même plus tard pour les régimes spéciaux.
C’est là un premier angle d’attaque contre la propagande gouvernementale : Cette contre réforme est tellement "positive", que le principal argument de "vente" pour la faire accepter est de vous garantir qu’elle ne vous concernera pas, mais s’appliquera seulement aux générations suivantes !
Ceux qui nous accusent de "laisser une dette à nos enfants", en défendant les régimes de retraites actuels, veulent nous convaincre d’accepter pour eux, une réforme que nous rejetons pour nous ! Prenons donc au mot Philippe qui dans sa déclaration a affirmé : « La France n’a pas fait le choix du chacun pour soi et du tant pis pour les autres, et je crois qu’elle ne fera jamais »,
2 ) "l’âge pivot" confirmé...même s’il est décalé de 2 ans
Ce mécanisme qui consiste à maintenir un "âge légal" de départ à la retraite à 62 ans, mais à instaurer un "âge pivot", à 64 ans, en dessous duquel une "décote" de 5% est appliquée, entrera en vigueur en 2027 au lieu de 2025. Ce petit décalage ne change rien sur le fond. L’âge légal sera une référence formelle, puisque partir à 62 ans signifiera une diminution de la pension de 10% . Un "luxe" que la plupart des salariéEs ne pourront s’offrir, contraints de travailler plus longtemps...quand ils ont un emploi, ce qui n’est souvent plus le cas dans le secteur privé et quand ils seront en état de le faire ! D’autant plus que compte tenu de l’espérance de vie "l’âge pivot" est appelé à passer à 65, puis 66 ans, voire plus !
Philippe confirme ce que Macron avait déjà dit : "il faudra travailler plus longtemps" dans un pays ou le taux de chômage reste élevé (près de 9%), ou les emplois précaires, le temps partiel imposé se développent, et où beaucoup de jeunes ne trouvent pas à entrer sur le marché du travail.
Philippe propose même des aménagement pour cumuler retraites (de misère) et "petits boulots" (de merde) pour les retraités ! Commençons par répartir le travail entre toutes et tous, à donner un vrai emploi aux jeunes, aux femmes, et à toutes celles et ceux qui souhaitent travailler (et qui cotiseront pour les retraités) avant de rallonger la durée du travail.
3) Les partenaires sociaux "responsabilisés"... pour imaginer les reculs sociaux
Philippe a également précisé : "la valeur du point ne sera pas fixée à la sauvette, au gré des budgets", mais par les "partenaires sociaux" associés à la "gouvernance" du futur établissement public qui gérera le futur régime universel. "La loi prévoira une règle d’or pour que la valeur du point acquis ne puisse pas baisser" avec "une indexation non pas sur les prix, mais sur les salaires, qui dans notre pays augmentent plus vite".
C’est tout sauf une garantie, car ce que n’a pas rappelé Philippe c’est que le fondement de la "retraite par point", c’est une autre "règle d’or" bien explicitée dans le rapport Delevoye .
1) La part des retraites dans le PIB doit être fixe à 14% (alors que le nombre de retraités augmente)
2) l’augmentation des cotisations sociales est par avance exclue
Les "partenaires sociaux" devront donc imaginer des "solutions" dans ce cadre sous le contrôle du pouvoir politique.
À eux en clair de faire le "sale boulot" de propositions (allongement de la durée de cotisation, recul de l’âge pivot) pour "maintenir le système "à l’équilibre" dans ce cadre. Elles seront ensuite "reprises" par le pouvoir politique , sauf s’il y a désaccord et alors le gouvernement reprend la main.
C’est bien ce qui s’est passé pour les retraites complémentaires du privé AGIRC ARCO qui fonctionnent déjà "par points"
3) Pour le reste les arguments ont été déjà largement développés ailleurs à propos du rapport Delevoye.
Les prétendues "compensations" pour les femmes, les salarié.e.s les plus précaires ne sont que des filets de sécurité dérisoires dans un système qui va faire reculer dramatiquement le niveau des pensions.
En prenant en compte toutes les années de la carrière et non plus les meilleures années, toutes les années de précarité, de temps partiel imposé, compteront et ce ne sont pas quelques "points" de plus ou la prise en compte de quelques période courtes jusqu’alors non validée qui vont modifier cette réalité.
De même pour les femmes, la suppression des avantages existants, (les trimestres supplémentaires accordés à la naissance d’un enfant) ne sera pas compensée par l’attribution d’un bonus de 5% des le premier enfant. Il en ira de même pour le rabotage des pensions de réversion pour le conjoint survivant.
Les 1000 € accordés à tous et toutes pour les petites retraites sont aussi une arnaque.
C’est d’abord une mesure ancienne (prévue en 2003 et jamais appliquée) Mais surtout elle ne s’applique qu’à celles et ceux qui auront une carrière complète, pas aux autres !
4) les garanties données sur la pénibilité n’en sont pas.
La déclaration de Philippe est restée sur ce point très évasive et il a renvoyé à des discussions ultérieures, même pour les professions des métiers "régaliens" (armée, police, gardiens de prison)
Quant aux autres c’est encore plus vague, tout comme les critères de la "pénibilité".
Ce qui est sûr, c’est par contre la disparition de garanties de garanties collectives pour certaines professions (par exemple la catégorie "active" pour les fonctionnaires qui pouvaient partir à 57 ans). Elles sont remplacées par des avantages individuels. Ainsi pour reprendre un exemple cité par Philippe, une partie des aides soignantes pourront se voir reconnue la pénibilité pour le travail de nuit....mais à condition d’avoir fait personnellement suffisamment d’heures de nuit.
La comme ailleurs l’individualisation remplace la garantie "statutaire" ou collective.
Conclusion
Maintenant que le projet a été "clarifié", il est clair que tout le monde sera perdant, et que la grève pour le retrait doit s’amplifier et se généraliser !
ANNEXES :
- Communiqué de Presse du “Réseau Retraites” (ATTAC, Economistes atterrés, Fondation Copernic, collectif Nos retraites)
- Communiqué de la CGT : TOUTES ET TOUS PERDANTS ET LA JEUNESSE SACRIFIÉE !
- du vendredi 24 au dimanche 26 mars : mobilisation dans le Poitou pour la défense de l’eau à l’appel de Bassines Non Merci et des Soulèvements de la Terre. Le 24 : arrivée de tracteurs de toute la France et, le soir, Forum international sur la défense de l’eau avec des délégations de différents pays et continents. Le 25 à 10h : manifestation « Fin de chantier » et, le soir, concerts, banquets et festivités à Melle (79500). Le 26 : assemblées, tables rondes, cantines, balades naturalistes, concerts…
- samedi 25 mars de 16h00 à minuit : Fête de Lutte Ouvrière, Salle Aragon, 1 rue Joseph Bara, Trélazé (arrêt Malaquais du bus n°2).
- mardi 28 mars : grève contre la “réforme” des retraites à l’appel de l’Intersyndicale. Manifestations à 10h à Cholet (pl. Travot) et Segré (pl. du port) ; à 14h à Angers (pl. Leclerc) et Saumur (pl. Bilange).
- mercredi 29 mars à 19h : concert de solidarité avec les grévistes, salle Emstal aux Ponts-de-Cé, organisé par LFI.
- samedi 1er avril à partir de 14h30 : “Huit heures pour la Palestine” au centre Marcelle Menet à Angers.
- dimanche 2 avril après-midi : “Un autre monde est nécessaire”, initiative du Cercle 49 dans la grande salle du centre Jacques Tati de Belle-Beille (Angers). Projection du film Rosmerta.
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
En août 1940, Léon Trotsky, devenu l’ennemi juré de Staline, est assassiné à Mexico par l’Espagnol Ramón Mercader. Dans un documentaire à la mécanique de thriller, « Trotsky, un homme à abattre », Marie Brunet-Debaines (réalisatrice de “L’Ombre de Staline” (2013), “Antoine de Saint-Exupéry, le dernier romantique” (2016), “John Huston, une âme libre”, etc.) revient sur cette incroyable opération commanditée directement par Staline. Elle entraîne le spectateur dans un véritable thriller historique, nourri d’images tournées dans le Mexico d’aujourd’hui, d’archives choisies et de scènes de fiction. Son film diffusé sur Arte.tv - qui par ailleurs ne prétend pas développer une analyse politique approfondie - s’appuie sur une solide documentation, puisée, entre autres, dans les souvenirs publiés par Jean van Heijenoort, secrétaire et traducteur de Trotsky de 1932 à 1939. Cette enquête haletante éclaire aussi les dernières années, intimes et politiques, de l’un des artisans majeurs de la révolution bolchevik, qui paya de sa vie son opposition à Staline.
Le 17 septembre 2022, l’ONG socialiste ukrainienne Sotsialny Rukh (SR – Mouvement Social) tenait sa conférence nationale à Kyiv. Catherine Samary revient (ICI) sur cette conférence nationale dans une longue analyse publiée sur le site de la 4e Internationale. Loin de se contenter d’un simple compte-rendu factuel et ponctuel, Catherine Samary entend éclairer ce qu’est le profil spécifique de cette jeune gauche, à partir de sa pratique militante au cœur de la société ukrainienne et en rupture avec les grandes interprétations contradictoires dominantes de « l’Euro-Maidan » (2013-2014) qui divisent la gauche et sont exploitées par Poutine.
Figure marquante de la Quatrième internationale et de mai 68, porte parole pendant trois décennies de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), député européen, Alain Krivine, c’est l’histoire d’une trajectoire qui a croisé les grands événements de l’Histoire du XXe siècle. Sans jamais renoncer à son idéal révolutionnaire de jeunesse, il n’a cessé de se battre, jusqu’à la création du NPA. À travers les récits de ses anciens camarades tels que Edwy Plenel, Michel Field, Romain Goupil, mais aussi Arlette Laguiller, Olivier Besancenot et Ariane Chemin, se dessine dans un documentaire de Jeanne Lefèvre, “Alain Krivine : une vie en rouge”, le portrait d’un éternel militant, qui a toujours su s’adapter aux changements du monde. On peut cependant regretter l’absence dans le film de maints combats de la LCR et d’Alain, qu’ils soient internationalistes (soutiens à la Charte 77 en Tchécoslovaquie, au premier Solidarnosc en Pologne, lutte contre les guerres en Palestine, au Liban ou en Irak, etc.) ou sociétaux (féminisme ou lutte des sans-papiers à peine évoquées, écologie, etc.). À voir sur LCP et sur Dailymotion !
Alors que les effets du désastre climatique deviennent chaque jour plus évidents, qu’une gigantesque crise multiforme se précise, la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine trouve les gauches européennes divisées, souvent paralysées, presque toujours désorientées. Ainsi Alain Bihr et Yannis Thanassekos ont-ils publié un texte des plus discutable sur le site de la revue Contretemps, sous le titre « La guerre en Ukraine, le récit dominant et la gauche anti-impérialiste ». Des camarades ont souhaité y répondre dans la même revue pour exprimer d’importants désaccords et affirmer la nécessité de soutenir le peuple ukrainien face à l’agression impérialiste de la Russie de Poutine. Ce texte, intitulé ironiquement « Une gauche enrôlée dans une croisade antirusse sous la bannière étoilée ? », est signé par Sébastien Abbet, Daniel Bonnard, Geneviève de Rham, Alain Gonthier, Denys Gorbach, Robert Lochhead, Elisa Moros, Hanna Perekhoda, Philipp Schmid, Giuseppe Sergi, Daniel Tanuro, Jean Vogel et Christian Zeller.
Élaboré collectivement par des militant.e.s des cinq continents de la Commission écologie de la IVe Internationale pour analyser la crise climatique et environnementale du capitalisme et proposer une alternative écosocialiste, le dernier numéro (n°661) de la revue Inprecor constitue un document programmatique essentiel, de la taille d’un livre. Intitulé “La Destruction capitaliste de l’environnement et l’alternative écosocialiste”, ce manifeste de l’écosocialisme revient successivement sur l’accélération de la destruction de l’environnement et ses conséquences dramatiques pour l’humanité et la nature, la crise écologique en tant que résultat d’un capitalisme intrinsèquement productiviste, l’alternative écosocialiste à construire autour de revendications transitoires radicales, les débats en cours, l’issue révolutionnaire nécessaire. À lire absolument. On peut le commander à la librairie La Brèche ou le demander aux militant.e.s du NPA49.