Macron-Borne-Darmanin ralliés à l’extrême droite ! Résistance  !

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Macron a pu à deux reprises être élu par défaut. À chaque fois, les électeurs et électrices se sont ralliés à sa candidature au second tour pour éviter celle de Marine Le Pen. Il n’en a pas moins mené de façon autoritaire les politiques néolibérales auxquelles avaient grosso modo souscrit les 15% d’inscrits qui avaient voté pour lui au 1er tour. Politiques pro-capitalistes qui renforcent les inégalités sociales et la crise écologique. Politiques qui ne peuvent que susciter un mécontentement social que la gauche de transformation sociale s’avère hélas impuissante à canaliser. Mais dont l’extrême droite profite...

Dérive autoritaire... et fascisante ?

Depuis 2022, minoritaire au parlement, le gouvernement Macron-Borne légifère à coups de 49-3. Et pour faire passer la pilule d’une austérité renforcée, il puise dans le discours de l’extrême droite de quoi diviser la classe travailleuse : la stigmatisation de l’étranger et de l’étrangère venus des pays pauvres et des musulman·e·s issu·e·s des générations d’immigré·e·s des années 60-70. En précarisant encore davantage les travailleurs et travailleuses venu·e·s d’ailleurs, il peut de surcroît exercer une pression à la baisse des salaires de toutes et tous. Le projet de loi Darmanin, puis la loi Darmanin-Retailleau ne sont donc pas des accidents de l’histoire. Ce sont les traductions d’une dangereuse dérive fascisante des secteurs dominants de la bourgeoisie. Conseillé par Macron qui a pesé de tout son poids, le gouvernement Borne s’est montré prêt à toutes les compromissions pour faire passer cette loi, prêt à céder aux exigences des LR qui ne sont ni plus ni moins que les positions initiales du RN. Quitte à ouvrir une crise politique majeure au sein même du camp présidentiel !

Un « compromis » sordide et révélateur

Après le rejet parlementaire initial de la loi Darmanin, Élisabeth Borne est venue dès dès mardi matin devant les député·e·s macronistes de « Renaissance » pour présenter son compromis avec LR conditionnant l’accès à l’APL à cinq ans de présence sur le territoire pour les étrangers et étrangères qui ne travaillent pas, et à trois mois pour celleux qui travaillent… La Commission Mixte Parlementaire (CMP) a également adopté une version restreinte de la mesure de régularisation pour les travailleurs et travailleuses sans papiers dans les métiers en tension, le durcissement du regroupement familial, le rétablissement du délit de séjour irrégulier ou encore la mise en place d’une caution pour les étudiant·e·s hors UE. S’y sont greffées des mesures qui n’ont rien à voir avec le sujet de l’immigration : déchéance de nationalité pour les binationaux qui se seront rendus coupables d’un meurtre sur des personnes détentrices de l’autorité publique et, surtout, remise en cause de l’automaticité du droit du sol. [1] Et, cerise sur le gâteau, l’Aide médicale d’État, au sujet de laquelle Darmanin, la main sur le cœur, jurait de tout son être que l’on n’y toucherait pas, sera discutée dans quelques semaines. La manœuvre est grossière.

En plus d’être inhumaine, la loi Darmanin-Retailleau votée le 19 décembre est raciste et discriminatoire, contraire à l’égalité des droits  ! En toute logique, l’extrême droite l’a votée et, quoiqu’en dise la droite macroniste ou LR, c’est bien le RN de Le Pen qui a gagné. Celle-ci ne peut que se réjouir de voir les un·e·s et les autres reprendre son orientation abjecte… tout en ne négociant rien avec le gouvernement car elle veut continuer à faire mine de s’opposer à lui et susciter ainsi les faveurs des nombreux ­mécontent·e·s du ­macronisme.

Résistance !

Après la marche contre l’anti­sémitisme du dimanche 12 novembre qui a vu l’insertion de l’extrême droite dans le prétendu « arc républicain », l’alliance autour de cette loi des droites et de l’extrême droite sur les idées de celle-ci marque certainement un moment de bascule qui exige la résistance et l’unité de toutes les forces progressistes de la classe travailleuse. L’extrême droite a contaminé durablement la droite extrême et a enfoncé un coin mortel dans la droite macroniste soi-disant « modérée ». Attention danger !

20 décembre 2023, par NPA 49

[1] En obligeant les enfants d’immigré·e·s nés en France à demander la nationalité française entre 16 et 18 ans pour l’obtenir à leur majorité, la loi Darmanin-Retailleau ne se contente pas d’un simple retour à la loi Méhaignerie qui prévalut entre 1993 et 1997. Au moins celle-ci accordait aux jeunes six années pour faire cette demande, entre 16 et 21 ans et prévoyait une campagne d’information en direction de cette population généralement peu informée des mesures bureaucratiques de l’État français. La nouvelle loi est donc une remise en cause du droit du sol sans précédent depuis 1889, date de l’abrogation des restrictions au droit du sol mises en place par le code civil contre-révolutionnaire de Napoléon (1803).