Méfaits de l’agro-industrie : le scandale de Brain-sur-l’Authion

Partager

À deux reprises, entre les 26 et 28 septembre et le 9 octobre, un épandage de metam-sodium par l’entreprise Primaloire a conduit à des intoxications au voisinage des champs de mâche traités à Brain-sur-l’Authion. La dernière a frappé au moins 61 personnes dont plusieurs ont dû être hospitalisées. La nature du produit (proscrit par l’UE) et l’absence de réaction des autorités régionales après les premiers incidents de septembre illustrent à quel point l’agro-industrie bafoue l’intérêt public et la nature. Un changement de modèle agricole, non productiviste et respectueux de l’environnement, reste un objectif à atteindre d’urgence !

Picotements, vomissements pour 61 personnes, hospitalisation au CHU d’Angers pour 17 d’entre elles. L’intoxication qui a frappé des ouvriers agricoles (pépiniéristes pour une grande part) le 9 octobre aurait pourtant pu être empêchée. Dès la fin septembre, le proviseur du Lycée de Narcé avait signalé à sa direction académique des intoxications légères dans son établissement en bordure de parcelles traitées par l’entreprise Primaloire [1]. L’Agence régionale de santé avait été prévenue et aurait émis des recommandations sanitaires à cette société civile d’exploitation agricole (SCEA). Néanmoins, il ne semble pas que cela ait été plus loin. La direction régionale de l’environnement (DREAL) n’a pas réagi à la hauteur du danger.

Or, même du point de vue très laxiste de l’État français, bien des règles paraissent avoir été transgressées. L’arrêté préfectoral du 20 janvier 2017 qui permet de déroger à l’interdiction européenne de ce produit nématicide, insecticide, fongicide et herbicide qu’est le metam-sodium [2] érige en effet quelques garde-fous : applicateur déclaré en préfecture et spécifiquement formé, campagnes de traitement annoncées en mairie, etc. Pourtant, la mairie de Brain dément avoir été prévenue... Et la conformité du matériel et de l’application reste douteuse. [3]

Quoi qu’il en soit, cette affaire souligne opportunément tout le danger que représente l’usage massif de pesticides fait en France à l’ombre de ce ministère de l’agriculture bis qu’est la FNSEA. Et elle rappelle que ce sont les agriculteurs qui sont les premières victimes humaines de ce type d’agriculture fondé sur la concurrence généralisée et le profit.

Contre l’emprise capitaliste sur l’agriculture, pour une agriculture paysanne !

Utilisés largement par l’agro-industrie, les pesticides contaminent les sols, l’eau, l’air, participent à la disparition des espèces animales et contribuent à la perte dramatique de bio-diversité. Sans compter qu’ils se retrouvent à tous les niveaux de la chaîne alimentaire. Ces bombes à retardement nous empoisonnent au point d’être mises en cause dans l’apparition de certaines maladies (Parkinson, Alzheimer). Ainsi, alors qu’on le soupçonne d’être cancérogène et perturbateur endocrinien, l’utilisation dérogatoire massive du metam-sodium pour les légumes et les plantes fruitières demeure un scandale d’État. [4]

Nous ne pouvons plus attendre que surviennent d’autres accidents comme celui de Brain ou encore plus graves. Nous ne pouvons attendre que les “experts” (indépendants ?) se mettent d’accord sur les effets délétères des pesticides, alors que nous connaissons l’impact de l’effet « cocktail », de l’absorption de plusieurs molécules. Le principe de précaution doit s’appliquer et doit profiter au vivant et non au profit de quelques-uns. Nous ne pouvons plus attendre un énième plan gouvernemental « écophyto » aussi inutile que coûteux. Il nous faut nous mobiliser pour contraindre l’État français à agir vraiment.

Le NPA milite pour une agriculture paysanne, rémunératrice pour les paysan.ne.s, capable de nourrir sainement la population, qui participe à la lutte contre le réchauffement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, qui entretienne les sols et les paysages et qui protège la biodiversité.

C’est aussi pourquoi le NPA49 participera aux initiatives du samedi 13 octobre à 15 heures, place du Ralliement à Angers, autour de la Marche pour le climat.

====================

Ajout du 13 octobre : il y a eu malheureusement une suite... Lire ICI.

11 octobre 2018, par NPA 49

[1] PRIMALOIRE est en activité depuis 22 ans. Implantée à DIVATTE-SUR-LOIRE (44450), elle est spécialisée dans le secteur d’activité de la culture de légumes, de melons, de racines et de tubercules.

[2] Metam (ou métham) sodium est le nom abrégé du méthylaminométhanedithioate de sodium dont la formule chimique est C2 H4 N Na S2. Ce dithiocarbamate est le sel de sodium de l’acide méthyldithiocarbamique.

[3] L’application du metam-sodium doit être suivie d’un arrosage immédiat et sa pulvérisation est interdite.

[4] La France a été le plus gros utilisateur de metam-sodium en 2010 et ce produit le plus vendu en Loire-Atlantique jusqu’en 2016