Jeudi 5 mars, une journée nationale de mobilisation était appelée par la coordination nationale des facs et labos en lutte, avec le soutien de l’intersyndicale de l’Enseignement supérieur et de la recherche. C’est le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR, encore non publié officiellement, mais aux orientations délétères) qui a mis le feu aux poudres dans un milieu déjà lourdement frappé par le manque d’effectifs et de moyens et une précarité galopante. À Angers, environ 200 universitaires ont participé à tout ou partie des initiatives de la journée.
Depuis le 5 décembre 2019, des dizaines de Facs et de Labos sont en lutte : 120 revues scientifiques de SHS sont en grève, des centaines de motions sont votées dans les départements des universités et dans les laboratoires, des collectifs mobilisés agissent partout contre la réforme des retraites et le projet de Loi de Programmation Pluriannuel de la Recherche (LPPR), justement rebaptisée loi de précarisation et de privatisation de la recherche (voir notre article Universités : contre la « LPPR », la révolte gronde !). À Angers, la mobilisation a démarré plus tardivement, mais plusieurs AG se sont déjà déroulées à l’UFR de lettres, qui ont réuni à chaque fois plus d’une centaine de personnes, comme la dernière le 3 mars.
Avec cette mobilisation, s’affirme un refus de participer à un système
- auquel on impose des restrictions budgétaires intenables, indignes des exigences d’un service public universitaire ;
- qui ne fonctionne plus que grâce à l’exploitation toujours plus massive de précaires et de vacataires, chez les enseignant·e·s, les chercheuses et chercheurs comme chez les personnels non enseignants (BIATSS et ITA),
- qui organise le tri des étudiant·e·s par la sélection (cf. Parcoursup) et l’augmentation des frais d’inscription (d’abord pour les étudiants étrangers, mais aussi pour les filières d’ingénieur) ;
- qui produit l’exclusion des plus dominé·es, opprimé·e·s et exploité·e·s.
Il s’agit aussi d’une aspiration à construire une université qui serait un véritable service public et un espace de vie démocratique, ce qui passe par une réelle gratuité des études, un salaire étudiant, un plan de titularisation et de création de postes à la hauteur des besoins, etc. Pour y arriver, il faudrait des financements publics supplémentaires pour la recherche publique, sous forme de crédits récurrents pour les laboratoires et les formations des universités, et une gestion démocratique de ces financements.
Le gouvernement, lui, reste indifférent à ces revendications légitimes et maintient sa volonté de renforcer la précarité, les inégalités entre établissements et la compétition généralisée à l’université.
Dans tout le pays, beaucoup d’universitaires ont arrêté leurs activités ou démissionné de responsabilités administratives ou pédagogiques. Le but de la journée du 5 mars était d’aller au-delà, d’arrêter l’ensemble des activités pour réussir à se faire entendre. Au cours de la matinée à Angers, plusieurs débats ou ateliers (LPPR, retraites, situation des doctorant·e·s, confection de banderoles), une conférence de presse, une projection du film “La Sociale” (sur la fondation de la sécurité sociale), se sont succédé à l’UFR lettres et à la maison de la recherche Germaine Tillon, qui ont réuni près de 200 personnes.
Puis dans l’après-midi, en dépit de conditions météorologiques peu favorables, un cortège de 120 universitaires a défilé en centre-ville.
Certes, on était loin des 25.000 (8.600 selon la police de L’État français) qui défilaient au même moment à Paris, [1] mais cette participation n’était pas négligeable dans un milieu angevin peu militant en règle générale.
Arrivé·e·s devant la préfecture, les manifestant·e·s ont procédé à un jubilatoire lancer d’ouvrages universitaires dans la cour d’honneur afin de dénoncer la destruction par marchandisation de la production universitaire.
Le cortège a ensuite repris sa route vers la place du Ralliement, devant le théâtre, où un die-in visait quant à lui à alerter sur la mort programmée de l’université... si rien ne change !
Il est à noter qu’au sein de la très patronale Conférence des présidents d’universités (CPU), un malaise commence à poindre devant les projets du gouvernement d’accroissement des inégalités entre établissements et de mise en concurrence. Le président de l’Université d’Angers lui-même a fait part de son inquiétude au mois de décembre dans un courrier à la ministre Vidal, en particulier sur les questions budgétaires et de postes nécessaires. Avec son arrogance caractéristique, la ministre n’a pas jugé utile de lui répondre ! Le 5 mars n’est donc pas destiné à être un feu de paille, tant la politique “darwinienne” (sic) du gouvernement heurte de front le service public, qu’elle vise finalement à détruire. La Coordination nationale des facs et labos en lutte qui va se réunir les 7 et 8 mars va décider de nouvelles étapes de mobilisation. À Angers, une nouvelle assemblée générale se tiendra le lundi 9 mars à l’UFR lettres. La lutte ne fait que commencer !
POUR ALLER PLUS LOIN, LIRE SUR LE SITE NATIONAL DU NPA : « L’université est dans une situation de dépérissement, comme l’ensemble des services publics » (entretien avec Marie, sociologue, membre du comité de mobilisation de la coordination nationale des facs et labos en lutte.)
[1] La presse nationale a très peu rendu compte de la manifestation parisienne, pourtant très impressionnante comme peut le voir lors de la prise de parole du comité de mobilisation national. Visiblement, la consigne est de ne plus parler des mouvements sociaux, coronavirus à l’appui !
- mercredi 27 mars à 18h : conférence-débat sur la question palestinienne, suivie d’une soirée artistique à la salle Claude Chabrol (Angers).
- mercredi 27 mars à 19h : assemblée-débat contre le démantèlement de l’école publique à l’appel du Collectif Vigilance Laïcité ? Salle Pelloutier de la Bourse du travail d’Angers.
- samedi 30 mars à 15h : manifestation pour un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza à l’appel de AFPS49, ACAT, Amnesty International, ATTAC 49, LDH, Libre Pensée, Mvt de la PAIX, CGT, FSU, Solidaires49, JC49, LFI, les Écologistes, NPA, PCF, UCL, 4ACG
- mercredi 3 avril 2024 à 20h : vidéoprojection de « Un pognon de dingue », documentaire d’Infoscope, et débat avec Espaces Marx Anjou. Trois-Mâts, quartier des Justices à Angers
- samedi 6 avril à 15h : grande manifestation pour un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza à l’appel de AFPS49, ACAT, Amnesty International, ATTAC 49, LDH, Libre Pensée, Mvt de la PAIX, CGT, FSU, Solidaires49, JC49, LFI, les Écologistes, NPA, PCF, UCL, 4ACG
- samedi 13 avril à partir de 15h : fête de Lutte Ouvrière, salle Aragon à Trélazé. Intervention de N. Arthaud à 18h.
- vendredi 19 avril : grève mondiale pour le climat à l’appel de Fridays for future (FFF)
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
Vendredi 8 mars 2024, la journée internationale pour les droits des femmes a été célébrée à Angers par plusieurs initiatives militantes. La CGT avait fait son propre village féministe, rue Lenepveu de 12h à 14h. Le collectif du 8 mars qui regroupe le Planning familial, le collectif Lucioles, Aides, Les Collages féministes, Youth for climate, Attac et les syndicats FSU et Solidaires, organisait une Fête foraine féministe au Ralliement à partir de 15h40 (début de la grève féministe) et une manifestation à 18h, après une prestation de la chorale féministe. Le temps n’était malheureusement pas de la partie mais ce sont néanmoins près de 500 personnes qui ont ensuite défilé sous la pluie, notamment pour se réjouir de la constitutionnalisation du droit à l’IVG (mais surtout pour exiger que ce droit théorique le soit en pratique), contre les violences générées par l’idéologie patriarcale et pour l’égalité salariale.
Visiblement furieuse après la constitutionnalisation le 4 mars de « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une IVG », la radio catholique RCF-Anjou remet le couvert contre le droit des femmes à disposer de leur propre corps. Après les chroniques ineptes du doyen de théologie de l’UCO (cf. celle du 24/01) et de divers intervenants, c’est à « Alliance VITA » que RCF donne la parole le 5 mars, dès le lendemain du vote (voir ici). Cette association intégriste a été fondée en 1993 par Christine Boutin et une de ses figures de proue est Tugdual Derville. Elle assimile foetus et nouveaux-nés pour justifier son discours anti-IVG agressif et s’oppose activement au mariage homosexuel et à la PMA. On se rappelle aussi qu’en défense de « La Manif pour Tous » Derville avait été invité par l’UCO et qu’à cette occasion ses gros bras avaient molesté des étudiant·e·s contestataires... Rien de bien « modéré », donc, mais cela ne décourage pas RCF. Dernièrement, le 21/02, la radio donnait également la parole à la zemmourienne Marion Maréchal-Le Pen pour dénoncer les prises de position humanistes du pape sur l’immigration. L’extrême droite angevine s’infiltre décidément partout... Vigilance !
À lire : le mouvement de solidarité belge avec l’Ukraine vient de publier une importante interview de l’Atelier féministe ukrainien dans laquelle Alla et Yarina donnent leur point de vue sur
- La situation en Ukraine
- Le féminisme ukrainien
- La Russie et son opposition, notamment sur les féministes russes
- Leurs perspectives
Contre la “Nouvelle Océane” - récemment rebaptisée “Océane 3” par Angers Loire Métropole (ALM) pour relativiser l’importance de cette nouvelle “zone d’activités” qui conduirait à une nouvelle artificialisation des sols en bordure d’Angers, à Verrières-en-Anjou - une pétition vient d’être mise en ligne : STOP Océane 3 : NON à l’extension d’une zone d’activités au nord d’Angers. Le Collectif Stop Océane 3 y développe les raisons pour lesquelles il faut s’opposer à ce projet productiviste et écocide initié par Christophe Béchu et porté par ALM. Le NPA49 soutient cette démarche et appelle à signer et à faire signer massivement cette pétition.
Face aux droites macroniste ou LR et à l’extrême droite RN ou zemmourienne, face au danger mortel de l’autoritarisme et du fascisme, le NPA souhaite que la gauche de transformation sociale s’unisse et construise de façon pluraliste et démocratique un projet politique susceptible de remotiver et remobiliser la classe travailleuse. C’est pourquoi, le NPA s’est adressé en ce sens à La France Insoumise (FI) à l’occasion des élections européennes. Une liste largement unitaire à ces élections pouvaient en effet être un point d’appui, une tribune et un barrage à l’extrême droite. Las, après trois mois de négociations, FI vient de nous opposer un refus motivé par des raisons au moins en partie contestables (voir ICI). Le NPA le regrette fortement (voir notre communiqué de presse), d’autant plus que la réponse de FI à notre communiqué de presse ne nous a pas convaincu. Mais nous ne renoncerons pas à défendre un front unique de toutes les organisations 100% à gauche contre le libéralisme autoritaire et le fascisme, pour l’urgence écosocialiste.