Les déclarations de J. Castex le 12 novembre confortent l’image d’un pouvoir désemparé face à la remontée d’une l’épidémie qui reste hors de contrôle. L’échec de la prétendue « stratégie » de E. Macron est patent et le discrédit de l’exécutif s’aggrave. Celui ci est incapable de proposer, face à l’exaspération et la colère montantes, autre chose que le renforcement des mesures de privations de libertés, de contrôles et de sanctions, incohérentes, incompréhensibles et à l’efficacité problématique.
Vivre avec le virus ?
Castex laisse tout juste entrevoir, à celles et ceux qui sauraient se montrer dociles, la récompense d’une « permission » de quelques jours au moment de Noël. Les propos du Premier ministre, osant affirmer que « les soignants ne nous demandent pas d’augmenter le nombre de lits de réanimation » alors que des avions doivent décoller chaque jour pour transférer des malades d’une région à une autre, font scandale.
La stratégie dite de « vivre avec le virus » réaffirmée par Macron, consiste en fait à accompagner l’épidémie pour faire tourner la « machine à cash », tout en donnant suivant l’expression présidentielle un « coup de frein brutal aux contaminations » quand le système de santé est débordé.
Ce « stop and go » est devenu avec la « deuxième vague » encore plus illisible et absurde. Le pouvoir, pour reprendre la métaphore présidentielle, appuie en même temps sur l’accélérateur et sur le frein. Il laisse ouvertes grandes les vannes de la contagion en entreprise et à l’école, tandis qu’il ferme les lieux de détente et de loisir au nom des exigences sanitaires.
Préparer le déconfinement
De plus, aucune stratégie de santé publique ne prépare davantage la sortie de ce confinement que ce ne fut le cas au printemps. Dans ces conditions, il n’y a aucune raison pour que la sortie de ce « confinement » ne débouche pas sur une troisième puis une quatrième vague...
Pour cela, il faut exiger « des moyens » pour l’hôpital (création de lits et embauche de personnel sous statut), c’est indispensable, mais à cette étape du développement de la pandémie, cela ne suffit pas. En attendant l’arrivée d’un traitement ou d’un vaccin, la seule manière d’endiguer l’épidémie réside dans une stratégie de prévention fondée non sur des mesures autoritaires liberticides et inefficaces, mais sur une politique de santé publique démocratique, fondée sur l’alliance des professionnels et de la population mobilisée. Elle repose sur deux piliers : le respect collectif des « gestes barrières » pour éviter les contamination, et le dépistage précoce et rapide des personnes contaminées et des « cas contacts », ainsi que leur isolement.
Cette stratégie n’a de fait jamais été mise en œuvre par le pouvoir qui, dans sa logique ordolibérale autoritaire, alterne le « laissez faire », chacune ou chacun étant individuellement responsable de sa santé , et les contraintes autoritaires, les interdictions, la surveillance et les amendes...
Pour une politique de santé publique et communautaire
Cette politique a pourtant été testée et son efficacité prouvée, et depuis longtemps, par exemple en France pour lutter contre l’explosion de la tuberculose après la Première Guerre mondiale. Plus récemment , elle a été pratiquée avec succès dans des pays pauvres et au système de santé pourtant défaillant, comme au Liberia contre le virus Ebola ou en Haïti face à l’épidémie de choléra avec aussi la participation d’ONG. C’est d’ailleurs cette dernière expérience qu’évoquait R. Piarroux, aujourd’hui chef de service à la Pitié Salpêtrière, pour proposer la mise en place d’équipes « COVISAN » de terrain pour tester, remonter les cas contacts et donner les moyens d’un isolement efficace. Un projet dévoyé et avorté qui s’est transformé en « brigades téléphoniques » de la Sécurité sociale et en proposition de « traçage » avec l’application « stop Covid » dont on connaît le succès (des plus limité !)
Dans un de ses articles pour l’Anticapitaliste, notre camarade F. Prouhet avait proposé l’embauche de 25 000 travailleurEs de santé communautaires, chargés de contacter, aider, informer, rencontrer les patientEs, de retrouver leurs contacts. Nous devons persévérer dans cette voie. La mise en place de l’alliance entre des professionnels de santé (apportant sur le terrain leurs connaissances et leur savoir faire) et la population qui peut ainsi s’auto-organiser pour trouver les solutions adaptées et consenties à la lutte contre l’épidémie, dans les quartiers, sur les lieux de travail, est un chaînon essentiel de notre démarche.
Dans les hôpitaux alerte rouge
La situation à l’hôpital, comme le confirment tous les témoignages et les observations de nos camarades sur le terrain, est critique et par bien des aspects plus grave que celle du printemps. Alors que le « pic » n’est toujours pas atteint, tous les signaux sont au rouge. Outre le décompte quotidien du nombre de mortEs du Covid-19, il faut aussi prendre en compte le nombre de victimes « non Covid » souffrant de pathologies lourdes (cancers, pathologies cardiaques...) qui voient leurs soins ou leur opération reportée, et leurs chances de survie amoindries.
Comme au printemps, les professionnels de santé et les personnels hospitaliers paient leur tribu en termes de contaminations, de séquelles, de traumatismes, d’épuisement.
Les équipes, souvent affaiblies par les démissions nombreuses de personnel formé et compétent, ne sont pas suffisamment renforcées, faute de volontaires car les conditions de travail sont insupportables. La reconnaissance salariale et professionnelle n’est pas au rendez-vous. Les « renforts », auxquels on ne propose souvent que des CDD, n’affluent pas. Les étudiants infirmiers rechignent de plus en plus à sacrifier leur formation pour une indemnité d’un peu plus d’un euro de l’heure pour travailler dans des unités « Covid »... Les preuves du manque de reconnaissance pour les « héros » d’hier se multiplient. Ainsi, les 40 000 personnels du secteur social et médicosocial se voient toujours refuser l’augmentation de salaire de 183 euros attribuées à leurs collègues des services hospitaliers et se mobilisent. Les hospitalierEs atteints du Covid-19 qui n’ont pas été placés en réanimation se voient refuser la reconnaissance de maladie professionnelle (!) et la prise en charge de leurs soins qui en découle.
Fédérer les révoltes
Les colères diverses contre les conséquence sanitaires et sociales de cette crise se multiplient : soignantEs et enseignantEs qui exigent des conditions sûres et satisfaisantes pour exercer leur métier, salariéEs en lutte contre les licenciements, jeunes et précaires jetés dans la misère sans ressources et sans protection sociale, artisans et commerçants et professionnels au bord de la faillite et de la ruines.
Deux questions sont aujourd’hui centrales pour répondre à cette situation :
- l’urgence de la mobilisation qui ne saurait attendre la fin de ce « confinement » et qui peut être organisée, même si des réticences existent dans ce contexte de crise sanitaire. Si aucune initiative ne vient « d’en haut » à l’exception de la journée nationale de grève dans l’éducation nationale mardi dernier, les exemples de Toulouse (entre 3000 et 5000 personnes samedi dernier) ou de Besançon montrent les possibilités existants d’exprimer collectivement les colères et les revendications si des initiatives sont prises, en particulier dans des cadres unitaires combinant forces syndicales, associations et partis politiques.
- l’expression large d’une politique autour de mesures d’urgence combinant revendications sur le terrain de la santé publique, contre les réponses sécuritaires, pour l’emploi et contre les licenciements, etc. L’enjeu principal reste bien de fédérer les colères en s’opposant aux tentatives de dévoiement, minimisant la gravité de la crise sanitaire et cherchant à dévoyer la colère vers des boucs émissaires, des voies que la droite et l’extrême droite cherchent aujourd’hui à exploiter.
COMMISSION SANTE-SÉCU-SOCIAL du NPA
- lire le tract santé du NPA
- du vendredi 24 au dimanche 26 mars : mobilisation dans le Poitou pour la défense de l’eau à l’appel de Bassines Non Merci et des Soulèvements de la Terre. Le 24 : arrivée de tracteurs de toute la France et, le soir, Forum international sur la défense de l’eau avec des délégations de différents pays et continents. Le 25 à 10h : manifestation « Fin de chantier » et, le soir, concerts, banquets et festivités à Melle (79500). Le 26 : assemblées, tables rondes, cantines, balades naturalistes, concerts…
- samedi 25 mars de 16h00 à minuit : Fête de Lutte Ouvrière, Salle Aragon, 1 rue Joseph Bara, Trélazé (arrêt Malaquais du bus n°2).
- mardi 28 mars : grève contre la “réforme” des retraites à l’appel de l’Intersyndicale. Manifestations à 10h à Cholet (pl. Travot) et Segré (pl. du port) ; à 14h à Angers (pl. Leclerc) et Saumur (pl. Bilange).
- mercredi 29 mars à 19h : concert de solidarité avec les grévistes, salle Emstal aux Ponts-de-Cé, organisé par LFI.
- samedi 1er avril à partir de 14h30 : “Huit heures pour la Palestine” au centre Marcelle Menet à Angers.
- dimanche 2 avril après-midi : “Un autre monde est nécessaire”, initiative du Cercle 49 dans la grande salle du centre Jacques Tati de Belle-Beille (Angers). Projection du film Rosmerta.
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
En août 1940, Léon Trotsky, devenu l’ennemi juré de Staline, est assassiné à Mexico par l’Espagnol Ramón Mercader. Dans un documentaire à la mécanique de thriller, « Trotsky, un homme à abattre », Marie Brunet-Debaines (réalisatrice de “L’Ombre de Staline” (2013), “Antoine de Saint-Exupéry, le dernier romantique” (2016), “John Huston, une âme libre”, etc.) revient sur cette incroyable opération commanditée directement par Staline. Elle entraîne le spectateur dans un véritable thriller historique, nourri d’images tournées dans le Mexico d’aujourd’hui, d’archives choisies et de scènes de fiction. Son film diffusé sur Arte.tv - qui par ailleurs ne prétend pas développer une analyse politique approfondie - s’appuie sur une solide documentation, puisée, entre autres, dans les souvenirs publiés par Jean van Heijenoort, secrétaire et traducteur de Trotsky de 1932 à 1939. Cette enquête haletante éclaire aussi les dernières années, intimes et politiques, de l’un des artisans majeurs de la révolution bolchevik, qui paya de sa vie son opposition à Staline.
Le 17 septembre 2022, l’ONG socialiste ukrainienne Sotsialny Rukh (SR – Mouvement Social) tenait sa conférence nationale à Kyiv. Catherine Samary revient (ICI) sur cette conférence nationale dans une longue analyse publiée sur le site de la 4e Internationale. Loin de se contenter d’un simple compte-rendu factuel et ponctuel, Catherine Samary entend éclairer ce qu’est le profil spécifique de cette jeune gauche, à partir de sa pratique militante au cœur de la société ukrainienne et en rupture avec les grandes interprétations contradictoires dominantes de « l’Euro-Maidan » (2013-2014) qui divisent la gauche et sont exploitées par Poutine.
Figure marquante de la Quatrième internationale et de mai 68, porte parole pendant trois décennies de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), député européen, Alain Krivine, c’est l’histoire d’une trajectoire qui a croisé les grands événements de l’Histoire du XXe siècle. Sans jamais renoncer à son idéal révolutionnaire de jeunesse, il n’a cessé de se battre, jusqu’à la création du NPA. À travers les récits de ses anciens camarades tels que Edwy Plenel, Michel Field, Romain Goupil, mais aussi Arlette Laguiller, Olivier Besancenot et Ariane Chemin, se dessine dans un documentaire de Jeanne Lefèvre, “Alain Krivine : une vie en rouge”, le portrait d’un éternel militant, qui a toujours su s’adapter aux changements du monde. On peut cependant regretter l’absence dans le film de maints combats de la LCR et d’Alain, qu’ils soient internationalistes (soutiens à la Charte 77 en Tchécoslovaquie, au premier Solidarnosc en Pologne, lutte contre les guerres en Palestine, au Liban ou en Irak, etc.) ou sociétaux (féminisme ou lutte des sans-papiers à peine évoquées, écologie, etc.). À voir sur LCP et sur Dailymotion !
Alors que les effets du désastre climatique deviennent chaque jour plus évidents, qu’une gigantesque crise multiforme se précise, la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine trouve les gauches européennes divisées, souvent paralysées, presque toujours désorientées. Ainsi Alain Bihr et Yannis Thanassekos ont-ils publié un texte des plus discutable sur le site de la revue Contretemps, sous le titre « La guerre en Ukraine, le récit dominant et la gauche anti-impérialiste ». Des camarades ont souhaité y répondre dans la même revue pour exprimer d’importants désaccords et affirmer la nécessité de soutenir le peuple ukrainien face à l’agression impérialiste de la Russie de Poutine. Ce texte, intitulé ironiquement « Une gauche enrôlée dans une croisade antirusse sous la bannière étoilée ? », est signé par Sébastien Abbet, Daniel Bonnard, Geneviève de Rham, Alain Gonthier, Denys Gorbach, Robert Lochhead, Elisa Moros, Hanna Perekhoda, Philipp Schmid, Giuseppe Sergi, Daniel Tanuro, Jean Vogel et Christian Zeller.
Élaboré collectivement par des militant.e.s des cinq continents de la Commission écologie de la IVe Internationale pour analyser la crise climatique et environnementale du capitalisme et proposer une alternative écosocialiste, le dernier numéro (n°661) de la revue Inprecor constitue un document programmatique essentiel, de la taille d’un livre. Intitulé “La Destruction capitaliste de l’environnement et l’alternative écosocialiste”, ce manifeste de l’écosocialisme revient successivement sur l’accélération de la destruction de l’environnement et ses conséquences dramatiques pour l’humanité et la nature, la crise écologique en tant que résultat d’un capitalisme intrinsèquement productiviste, l’alternative écosocialiste à construire autour de revendications transitoires radicales, les débats en cours, l’issue révolutionnaire nécessaire. À lire absolument. On peut le commander à la librairie La Brèche ou le demander aux militant.e.s du NPA49.