Reconquérons notre avenir : changeons le système, pas le climat !

Partager

Les derniers rapports du GIEC sur le réchauffement climatique, l’état des océans et l’effondrement de la biodiversité révisent à la hausse les alarmes déjà lancées depuis des décennies. Pourtant, notamment en France, les gouvernants, industriels et agro-industriels continuent à relativiser les dangers, ne lâchent de demi-mesures que pour gagner du temps. Et nous en font perdre ! Relayée par les chroniqueurs au service des multinationales de l’audiovisuel, une stratégie du déni climatique s’est mise en place. Les tombereaux de haine déversés sur la jeune militante Greta Thunberg en sont le symptôme les plus affligeant. Mais la mobilisation ne peut que s’en renforcer ! C’est ce qu’analyse la déclaration de la IVe Internationale que nous reproduisons en fin d’article.

Face aux alarmes du GIEC, le choix du déni ?

Il reste heureusement quelques chroniqueurs critiques, autres que ceux des chaînes d’information sous perfusion capitaliste. Preuve en est la recension ironique « Haro sur Greta Thunberg, la démoniaque vestale hitléro-maoïste » faite par Samuel Gontier sur le site de Télérama des différentes monstruosités proférées sur les chaînes dites d’information ou dans la presse de droite et d’extrême droite : mettre dans le même sac communisme, nazisme, universalisme (sic) et... Greta Thunberg, montrer son ignorance crasse à propos des différentes extinctions de masse que la Terre a connues, affirmer en boucle que Greta est nécessairement manipulée (normal : elle est jeune et en plus c’est une femme !), etc. etc. Et encore le journaliste de Télérama n’a-t-il pas fait la recension des propos présidentiel et ministériels méprisants qui ont suivi la mise en accusation de l’État français par Greta [1] ou rappelé qu’une conseillère éminente du ministre de l’agriculture « s’en branle de Greta Thunberg » (la bourgeoisie française n’hésitant plus à sombrer dans la vulgarité).

Ce sont là des “séances de haine” comme les décrivait Orwell dans son roman “1984”. Ce sont surtout les signes d’un déni face aux conclusions du GIEC. Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat n’est pas un repère de dangereux écolo-gauchistes, et ne propose nullement de sortir du capitalisme. Mais, en son sein, celles et ceux qui sont chargé.e.s d’évaluer les conséquences de l’activité humaine (en fait du capitalisme) sur la biosphère sont de vrai.e.s scientifiques, pas des communicants lobotomisés. Et les verdicts qu’il rendent sont de plus en plus alarmants. L’état d’urgence climatique devrait être proclamé sur toute la planète. Or, pendant ce temps, les Macron, Merkel, Trump, Bolsonaro et consorts ne font presque rien, rien ou pire encore ! Business as usual. [2] On remet à plus tard. On continue à brandir la « croissance » (des profits) tout en étouffant les pays pauvres. On continue le ballet des marchandises qui valsent d’un bout à l’autre de la planète tandis que les réfugiés climatiques se noient en Méditerranée et ailleurs. Ce monde capitaliste fondé sur le calcul égoïste est celui de la déraison globale. Alors, par le matraquage médiatique ou celui de la police, ses hommes de main essayent de le cacher. Mais pas qu’eux. Hélas, la propagande a réussi à s’insinuer dans beaucoup de têtes. Il est plus facile de rester dans le déni, de plonger la tête dans le sable, que de prendre conscience des dangers. Et si la conscience émerge un jour, il est plus facile de s’en tenir à la résignation que d’entrer en mouvement pour prévenir la catastrophe annoncée. C’est en effet le système entier, la capitalisme, qu’il faut remettre en cause d’urgence. Lourde tâche ! Mais c’est la seule qui puisse préserver l’humanité et la nature. À sa façon, Greta Thunberg montre cette voie salvatrice. C’est ce que ses ennemis, qui sont aussi les nôtres, ne lui pardonnent pas.

==================

Déclaration du Bureau exécutif de la IVe Internationale :

Reconquérons notre avenir : changeons le système, pas le climat !

La semaine de mobilisation qui a démarré vendredi 20 septembre est d’une ampleur historique : plus de cinq mille événements dans 156 pays, quatre millions de manifestant·e·s. Des centaines de milliers de jeunes sont sortis de leurs écoles et de leurs facultés depuis des mois pour faire la grève du climat et sont présent·e·s massivement cette semaine, en grande partie répondant à l’appel de Greta Thunberg. C’est une génération qui se lève sur tous les continents pour conjurer la catastrophe climatique en marche.

Juillet 2019 a été le mois le plus chaud jamais enregistré. Des centaines de milliers d’hectares de forêt irremplaçables sont partis en fumée en Amazonie, et des feux de forêt inédits ont ravagé le Groenland, la Sibérie et l’Alaska. Ouragan Dorian aux Bahamas, typhon Faxaï au Japon, pluies torrentielles dans le sud de l’Espagne… la liste est longue qui montre l’effet dramatique d’une augmentation de la température moyenne de la Terre de 1,1°C depuis un siècle et demi.

Les 2°C sont loin de constituer une limite sûre, il faut impérativement rester en deçà des 1,5°C mentionnés in extremis dans l’accord de Paris grâce à la pression des mobilisations pour le climat et des premiers pays concernés par la montée du niveau de la mer. Mais depuis 2015 les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître, nous menant directement à la catastrophe avec des prévisions allant jusqu’à plus 7°C.

Le sommet « action climat » de l’ONU se tient cette semaine à New York. Alors que le États ne respectent pas leurs engagements déjà très insuffisants pris il y a quatre ans, le secrétaire général des Nations unies leur demande « des plans pour atteindre la neutralité carbone pour 2050 », « des moyens de lutter contre les subventions aux combustibles fossiles », « la taxation du carbone » et « l’arrêt de la mise en route de nouvelles centrales au charbon après 2020 ». On sait déjà qu’il ne sortira rien de ce nième sommet, le capitalisme poursuivra ses crimes climatiques.

Pour ne pas changer le climat, il faut changer de système. Notre espoir est dans ce qui a changé, la mobilisation mondiale, menée par les jeunes. Nous appelons toutes les forces du mouvement ouvrier, les mouvements de femmes, la communauté LGBTQI, les peuples indigènes du monde entier directement massacrés par le capitalisme prédateur, les mouvements antiracistes et anti-xénophobes mondiaux, à mener ensemble cette lutte fondamentale pour une planète où on puisse continuer à vivre tou·te·s.

Des grèves et marches pour le climat auront lieu à nouveau à la fin de la semaine, les 27 et 28 septembre. Renforçons-les, construisons ensemble un mouvement international pour la justice sociale et la justice climatique, massif et radical.

jeudi 26 septembre 2019

27 septembre 2019, par NPA 49

[1] Greta Thunberg et quinze enfants du monde entier ont déposé plainte lundi 23 septembre auprès du Comité des droits de l’enfant des Nations unies contre la France, l’Allemagne, le Brésil, l’Argentine et la Turquie parce qu’il ne prennent pas de mesures pour « protéger les enfants des effets dévastateurs du changement climatique ». Ces 5 pays contreviennent en effet au troisième protocole de la Convention internationale des droits de l’enfant alors qu’ils l’ont ratifié (à la différence d’autres pays pollueurs comme les USA ou la Chine qui, juridiquement plus prudents, n’ont rien ratifié du tout !)

[2] C’est ce que vient encore d’illustrer le budget 2020 que vient de présenter le gouvernement, qui ignore superbement l’urgence sociale et climatique : il poursuit les baisses d’impôts directs des ménages aisés, comprime les dépenses sociales et va même jusqu’à réduire les effectifs du ministère de la transition écologique ! Loin des 30 milliards d’euros nécessaires pour cette “transition”, au minimum, les misérables 800 millions “supplémentaires” annoncés vont en effet en partie à d’autres ministères, dont celui des transports. Pendant ce temps-là, le double est accordé au ministère dit de la défense !