Mesquineries politico-policières à Angers

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Le convoi “Cap sur la Cop” en provenance de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes faisait escale à Angers dimanche 22 novembre. Comme toute manifestation à vélo et tracteur, il a traversé la ville à pédale de cycliste. Alors que cette manifestation n’était pas officiellement interdite, aucun véritable dispositif de régulation de la circulation n’avait été mis en place par la police et cela mit directement en cause la sécurité de la population (par chance, aucun incident de circulation ne survint). En revanche, la police municipale et nationale s’est utilement occupée à relever les numéros d’immatriculation des Angevins qui, dans leurs véhicules, accompagnaient le convoi et ont, avec lui, franchi des croisements au feu rouge ou emprunté la voie de bus. Et les contredanses sont arrivées à leurs domiciles cette semaine...

Nul doute que les consignes policières venaient de haut et qu’il s’agissait de frapper au portefeuille les militant.e.s écologistes par un biais inattendu. [1] Une initiative mesquine bien dans l’esprit d’un état d’urgence qui, sous couvert de lutte contre le terrorisme, met en place un État policier visant à museler tout le mouvement social et écologiste. [2] Il est d’ailleurs caractéristique que ce type de méthode mesquine -harcèlement des militant.e.s par des poursuites répétées pour des infractions de droit commun- ait été et soit encore aujourd’hui un des moyens privilégiés des États autoritaires et totalitaires pour frapper les opposants politiques. Alors, Valls mieux que Ben Ali, Erdogan ou Poutine ?

Rappelons, par exemple, que braver l’interdiction de manifester (décidée arbitrairement par l’État) peut désormais conduire à une peine de prison de 6 mois et une amende de 7500€ (soit deux fois plus que la loi sur l’état d’urgence à l’époque de Sarkozy). C’est là un condensé de l’État policier que le triumvirat Hollande-Valls-Macron cherche à mettre en place pour continuer plus tranquillement sa purge ultra-libérale de la société française, sa politique impérialiste dans les zones productrices de pétrole (Proche-Orient) ou d’uranium (Niger et ses voisins), et la destruction de notre environnement comme à Notre-Dame-des-Landes. Le pire est que cette mise en place “légitime” le programme du FN et renforce ce parti d’extrême droite. Si bien que l’État policier en formation risque d’être bientôt remis clés en main aux héritiers du cimentier Lambert, de l’OAS et du maréchal Pétain !

Le NPA 49 exige que les amendes exorbitantes (plusieurs fois 90 euros à chaque fois et les retraits de points de permis qui vont avec) soient annulées. Plus généralement, le NPA 49 et le NPA dénoncent vigoureusement les remises en cause des droits démocratiques actuellement à l’œuvre.

5 décembre 2015, par NPA 49

[1] Dans plusieurs cas, les amendes ont été répétitives : plusieurs feux rouges, emprunt de la voie de bus reprochés à un même “contrevenant”. Or, qui enfreint le code de la route doit être immédiatement interpellé par un agent de la force publique et un avis de contravention doit lui être alors remis. Au contraire, la police n’est pas intervenue mais a comptabilisé une à une les soi-disant infractions. La procédure légale n’a donc pas été suivie.

[2] Ainsi moins de 1% des perquisitions administratives ont-elles jusqu’à présent visé des suspects de terrorisme ; ainsi plusieurs dizaines de militant.e.s écologistes ont-ils été assigné.e.s à résidence pendant la COP21 ; ainsi plus de 300 personnes ont-elles été interpellées et mises en garde à vue à l’issue de la manifestation parisienne du 29 novembre pour seulement 2 personnes suspectes d’avoir commis des dégradations à cette occasion ; ainsi, plus près de chez nous à Nantes, une manifestation contre l’état d’urgence a-t-elle été violemment agressée par la police, vendredi 4 décembre, sans même que le prétexte préalable de casseurs puisse être mis en avant par les représentants de l’État...