Gifle contre Macron appuyée par des slogans royalistes, simulacre d’exécution d’un militant de gauche sur YouTube, projets d’attentats terroristes (parfois réalisés), agressions physiques homophobes, racistes ou contre des militant.e.s du mouvement social... L’ultra-droite se sent le vent en poupe et redouble de violence. Les gouvernants ne cessent-t-ils pas de légitimer ses thèses ignobles ? À Angers, cette ultra-droite défraie également la chronique. Quelles réponses apporter à ce danger ? L’article ci-dessous essaie de tracer quelques pistes.
La présence de l’extrême-droite à Angers ne date pas d’hier. Sans parler du poids de l’Action Française ou du PPF de Doriot à la fin des années 30, Il faut noter que depuis une vingtaine d’années, à côté ou plutôt dans le sillage de la - résistible - ascension du FN/RN se consolide une frange d’ultra-droite de plus en plus agressive.
Certes, dans les années 80, quand la droite pressentait l’arrivée des chars soviétiques sur les Champs-Élysées dans la foulée de l’élection de Mitterrand et que Bigeard envisageait de prendre le maquis (!), il y avait déjà des agressions de militants de gauche en plein centre-ville. Plusieurs de nos camarades de ce qui était à l’époque la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) en ont fait les frais. En 1987, il y eut même une attaque avec lacrymogènes et menace par arme à feu contre une réunion publique avec Alain Krivine à la fac de Belle-Beille. Dix ans plus tôt, la même mouvance avait mis le feu à la librairie alternative La Tête en Bas, rue des Poëliers. Il s’agissait alors de raids commis généralement par des éléments venus d’autres villes (Le Mans en particulier).
Aujourd’hui, la situation est radicalement différente.
Les actes sont connus. D’abord, en 2013, dans le sillage de La Manif Pour tous, en plein centre-ville, des marches aux flambeaux martiales d’une trentaine de « HomMen » masqués, qui faisaient froid dans le dos. Puis, le 4 novembre 2015, une tentative d’opération quasi-militaire, toujours flambeaux en mains, en collusion avec le groupe local de l’Action française, contre un meeting du NPA avec Philippe Poutou. S’en sont suivies de multiples agressions verbales et physiques commises en centre-ville contre des personnes jugées trop colorées…
Mais depuis trois ans, l’ultra-droite identitaire angevine a désormais pignon sur rue. D’emblée, son idéologie s’y est illustrée sans complexe par un très décoratif drapeau sudiste, un emblème ouvertement raciste. Puis le groupe a repris l’an dernier un local situé à deux pas de la Bourse du Travail, « L’Alvarium » (La ruche), dans lequel il organise des réunions qui rameutent bien au-delà de l’Anjou. Signe que leurs intentions ne sont pas non plus purement intellectuelles, ces messieurs s’entraînent aussi dans une salle de boxe à proximité. [1]
Depuis des années, le local associatif L’Étincelle offrait une cible facile. En janvier dernier, certains activistes anonymes d’ultra-droite se sont même permis d’y pénétrer par effraction, profitant de l’occasion pour mettre en scène un feu de joie qui en évoque d’autres, avec les livres progressistes qui leur tombaient sous la main, et s’en vanter ensuite sur les réseaux sociaux, en toute impunité ! Que fait donc la police ?
Mais, malheureusement pour eux, L’Étincelle doit fermer fin juin, tant du fait de la mairie d’Angers que du Covid et de l’épuisement des dernières équipes qui n’ont pas ménagé leur peine pour maintenir cette expérience (1997-2021) d’un local pluraliste autogéré.
Certes, certains éléments du groupe qui gravite autour de l’Alvarium se rabattent parfois sur ces cibles inattendues à nos yeux (la gendarmerie de Pouancé, par exemple, si l’on en croit la presse locale), mais ils l’assurent, s’ils ont dérobé des drapeaux tricolores et une enseigne lumineuse dudit poste, il faut les croire, c’était sous l’emprise de l’alcool… Ayant effectué une reconnaissance préalable de culpabilité, ils espèrent ainsi une peine plus légère…
Restent donc les cibles plus sérieuses, les nids de « marxisme criminogène », comme ils disent, telle la librairie Les Nuits Bleues, qui n’est pas non plus très éloignée de leur repaire et a déjà subi des dégradations et même une tentative d’incendie en janvier 2019. Hélas pour eux, elle semble beaucoup moins vulnérable que l’ancienne Tête en Bas.
Alors ces messieurs sont prêts à monter d’un cran, et à attaquer les organisations syndicales, en premier lieu la CGT, comme le 1er mai dernier, mais ils ont dû battre en retraite grâce à la vigilance des militants. De rage, ils se sont lâchés trois semaines plus tard en envoyant carrément à l’hôpital, au cours d’une nuit sombre, deux personnes dont l’une aurait eu le front d’apposer un autocollant sur leur local. OK, nous dit le pitre qui leur fait office de porte-parole, mais c’était de la pure « autodéfense » !
Voilà. Les faits sont sur la place publique. Des journalistes s’interrogent publiquement sur le silence des autorités locales, tandis que la France Insoumise demande la dissolution pure et simple de l’Alvarium, dissolution qui serait cohérente avec celle de Génération identitaire en mars dernier… Nous savons cependant qu’une dissolution n’empêche pas une organisation de se reconstituer ultérieurement sur des bases voisines, et qu’il ne faut guère compter sur l’État bourgeois, qui est tout sauf neutre dans l’affaire, pour réprimer efficacement une organisation d’extrême-extrême droite hostile au mouvement social. C’est même souvent plutôt l’inverse. En fait, face au développement d’une ultra-droite qui se hisse sur les épaules de l’extrême-droite « officielle », la seule garantie que nous ayons, c’est notre propre auto-organisation.
Certes, nous ne sommes pas dans la même situation que dans les années Trente, qui voyait des hordes fascistes défiler dans les rues, par centaines de milliers à Paris, par milliers à Angers. Mais nous devons être conscients du fait que l’actuelle atomisation, politique et syndicale, du mouvement ouvrier le fragilise dans son ensemble et qu’elle peut faciliter les choses à une poignée de têtes brûlées. Aussi, sans vouloir monter en épingle la nocivité de nos identitaires locaux, il serait imprudent de tenter de faire comme s’ils n’existaient pas, au risque de nous laisser surprendre, comme récemment à Lyon, alors que nous connaissons la réalité du danger.
La mise en place d’un dispositif défensif unitaire local ne dispense certes pas de la construction d’une alternative politique anticapitaliste de masse, mais elle en est une nécessaire première étape.
[1] Dans un article de Mediapart intitulé « Ultradroite : anatomie d’une nouvelle menace terroriste » du 23 mai 2021, Matthieu Suc et Marine Turchi font état d’un rapport du parquet général de Paris sur le danger terroriste de l’ultra-droite, où il est notamment souligné qu’elle recrute dans certaines salles de sport...
- du vendredi 24 au dimanche 26 mars : mobilisation dans le Poitou pour la défense de l’eau à l’appel de Bassines Non Merci et des Soulèvements de la Terre. Le 24 : arrivée de tracteurs de toute la France et, le soir, Forum international sur la défense de l’eau avec des délégations de différents pays et continents. Le 25 à 10h : manifestation « Fin de chantier » et, le soir, concerts, banquets et festivités à Melle (79500). Le 26 : assemblées, tables rondes, cantines, balades naturalistes, concerts…
- samedi 25 mars de 16h00 à minuit : Fête de Lutte Ouvrière, Salle Aragon, 1 rue Joseph Bara, Trélazé (arrêt Malaquais du bus n°2).
- mardi 28 mars : grève contre la “réforme” des retraites à l’appel de l’Intersyndicale. Manifestations à 10h à Cholet (pl. Travot) et Segré (pl. du port) ; à 14h à Angers (pl. Leclerc) et Saumur (pl. Bilange).
- mercredi 29 mars à 19h : concert de solidarité avec les grévistes, salle Emstal aux Ponts-de-Cé, organisé par LFI.
- samedi 1er avril à partir de 14h30 : “Huit heures pour la Palestine” au centre Marcelle Menet à Angers.
- dimanche 2 avril après-midi : “Un autre monde est nécessaire”, initiative du Cercle 49 dans la grande salle du centre Jacques Tati de Belle-Beille (Angers). Projection du film Rosmerta.
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
Depuis lundi 13 mars, plus aucun camion-benne n’entre ni ne sort du centre de tri des déchets à Saint-Barthélémy-d’Anjou. Les agents territoriaux en grève pour leurs salaires (gelés depuis... 2007 !) et contre la “réforme” des retraites en bloquent les deux entrées, soutenus par l’intersyndicale. Les déchets de toute l’agglo angevine s’accumulent dans les rues de toute l’agglomération angevine. Le maire d’Angers et président d’ALM est aux abonnés absents ou accuse les grévistes de sa propre incurie quant aux risques sanitaires... Il a même déposé un recours en référé contre un syndicaliste et afin de pouvoir avoir recours aux traditionnels briseurs de grève de l’État français, les forces de police. Il serait pourtant plus respectueux des habitant·e·s de l’agglo et d’esprit plus démocratique qu’il entende les revendications salariales légitimes que portent tous les agent·e·s d’ALM depuis de longs mois ! Le NPA49 affirme son soutien complet à la lutte des agent·e·s. Augmentations des salaires ! Retrait de la “réforme” des retraites !
La mauvaise foi du Conseil départemental (CD49) n’est plus à démontrer en matière de laïcité. De Christian Gillet à Florence Dabin, tout est bon pour défendre l’enseignement privé “catholique” aux dépens de l’enseignement public et des demandes des parents. Et à Beaupréau, cela dure depuis des décennies. Si Gillet a été obligé de concéder le principe d’un collège public en face des deux collèges “catholiques” de cette capitale des Mauges, la construction de l’établissement ne cesse d’être retardée. Dabin avait promis son ouverture en 2024. Voilà que sa vice-présidente, Régine Brichet, en recule la date en 2026 ou 2028 ! Dissimulé derrière le masque hypocrite de soi-disant “contraintes” (sic !) qui seraient la cause du “retard”, l’extrémisme sectaire de ces élu·e·s “catholiques” ne connaît aucune limite. Tous les enfants doivent pouvoir s’inscrire dans l’enseignement public dans les Mauges. Et, pour le NPA, les fonds publics doivent aller à l’école publique !
On sait la municipalité d’Angers et la métropole (ALM) hostiles aux transports publics gratuits, les objectifs sociaux et écologiques de la gratuité, déjà à l’œuvre dans de nombreuses villes européennes, étant régulièrement déniés par C. Béchu et ses affidé·e·s. Elle le confirme à nouveau en cette rentrée scolaire où le titre pour 1h passe de 1,4€ à 1,5€ (+7,1%) et un tarif à deux euros est même institué pour celleux qui prennent le ticket directement dans le bus, alors que les distributeurs de tickets n’existent que près d’un nombre très limité d’arrêt de bus. La VP d’ALM “chargée de la transition écologique et des déplacements” Corinne Bouchoux, ex-sénatrice EELV ralliée à Béchu, justifie ces hausses par un “enjeu de justice sociale” (sic) et une grille tarifaire “plus lisible” (cf. OF du 30/08/2022). Comme d’habitude avec les politiciens gestionnaires, les mots prennent le sens contraire de leurs sens initiaux. Quant à la mise en place de titres de transports “dématérialisés” (paiement pas carte bancaire sans contact), son coût pour la collectivité n’est pas évoqué, non plus que son coût écologique... La revendication de transports gratuits pour toutes et tous, qui abolirait le coût de la billetterie et serait un puissant moyen de limiter la circulation automobile (dans la mesure où ces transports seraient étendus) n’en est que plus urgente.
La CLHAM’eur (Collectif de Lutte contre les Halles Angevines et leur Monde) a publié sur le site basse-chaine.info un article intitulé « Le nouveau projet hypocrite de la ville d’Angers : les Halles des Gourmets » et consacré au processus très libéral et productiviste de la mise en place par C. Béchu et ses amis des soi-disant nouvelles « Halles » en béton d’Angers, à proximité de l’esplanade Coeur-de-Maine. Comme le souligne l’article, « c’est une flopée d’argent public (l’argent du contribuable !), qui vient financer un projet porté par des entreprises privées au bénéfice d’une minorité : les consommateurs les plus riches. Des conflits d’intérêt entre public et privé dans tous les sens. Une utilité nulle, pire quand on note que l’investissement se fait au détriment de l’entretien d’école ou de piscine. Le tout, en participant à l’augmentation du prix de l’immobilier et au processus de gentrification qui rendent la vie impossible aux classes populaires. » À lire absolument.
La mouvance de l’ex-Alvarium et de l’actuel “Rassemblement des étudiants de droite” (RED) conjugue fébrilement provocations et exactions. À Angers, en moins d’une semaine, elle a tenté d’agresser, heureusement sans succès, la manifestation du 29 juin soutenant le droit à l’IVG (voir ICI) et s’est attaquée nuitamment (une nouvelle fois !) aux locaux de la librairie “Les Nuits bleues” et de l’atelier de vélos “La Tête dans le guidon” (cf. communiqué des Nuits bleues). Manque de chance pour les fascistes à l’œuvre dans la nuit de samedi à dimanche, ils se sont fait surprendre par la police... L’un d’eux est bien connu : c’est un militant du groupe identitaire versaillais Auctorum, au profil identique à celui de l’Alvarium. En janvier 2021, il avait été jugé pour avoir, en septembre 2020, plaqué au sol des passants tentant de retirer des banderoles accrochées au pseudo-squat créé par l’Alvarium, rue Thiers (voir ICI). Mais il avait été relaxé... Cette fois, il a été placé sous contrôle judiciaire en attendant son passage le 11 octobre au tribunal correctionnel pour dégradation volontaire et port d’arme de catégorie D (un marteau). Un second vandale sera également jugé. Avec les deux fascistes du 29 juin convoqués le 12 octobre, la justice aura du travail mi-octobre. Sera-ce du bon travail ?