La presse angevine a rapporté l’appel lancé par 125 universitaires de l’Université d’Angers en défense des libertés académiques après le vote, approuvé par la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, d’un amendement scélérat au Sénat. Si cet amendement a finalement été abandonné, d’autres amendements tout aussi scélérats ont aggravé la loi dite de programmation de la recherche (LPR) de Mme Vidal, également avec son approbation. C’est une entreprise de démolition du service public qui est ainsi mise sur les rails, à laquelle il est urgent de résister alors même que les universités sont fermées aux usagers au nom de la crise sanitaire...
La LPR est présentée par le gouvernement comme un grand effort financier en faveur de universités. Les milliards qu’il met en avant ne sont pourtant qu’hypothétiques car ils s’étalent sur 10 ans et rien ne garantit que les promesses seront tenues. Pour l’année à venir, aucun effort particulier n’est réellement notable. Pire, le financement promis reposerait principalement sur la logique des “appels à projets” mettant les universitaires en concurrence et non sur des financements récurrents pour toutes et tous. Un tel mode de financement ne peut qu’aggraver les inégalités entre établissements et entre laboratoires. Par ailleurs la loi est une attaque directe contre un corps de fonctionnaire d’État, celui des maîtres de conférences. La loi introduit en effet une catégorie concurrente, celle des “professeurs juniors”, CDD destinés à devenir les esclaves des professeurs d’université, lesquels seront en effet en charge de renouveler - éventuellement - leurs contrats ou de les recruter - éventuellement - comme professeurs titulaires après de longues années de précarité. Un amendement LR au Sénat et adopté par LREM est venu renforcer cette attaque en supprimant la partie nationale du concours de recrutement des maîtres de conférences pour ne plus garder que la partie locale. C’est la porte ouverte au localisme, au retour du pouvoir discrétionnaire des “mandarins”, à l’exacerbation de la concurrence effrénée entre précaires pour un recrutement hypothétique. La LPR est bien cette loi « injuste et darwinienne » que revendiquait en 2019 le PDG du CNRS, A. Petit...
La répression comme seule philosophie
Pour faire taire toute contestation, un autre amendement à la LPR introduit un délit d’entrave en cas de “trouble [de] la tranquillité ou [du] bon ordre de l’établissement” passible de 1 an de prison et de 7500€ d’amendes et, s’il est commis en réunion, de 3 ans de prison et de 45000€ d’amendes ! Dans la droite ligne de l’actuelle mise en place d’un État autoritaire et préfasciste, c’est la fin des franchises universitaires, pourtant consubstantielles à l’université depuis ses origines. [1] Imagine-t-on les leaders étudiants de mai 68 envoyés en prison pendant 3 ans pour avoir occupé la Sorbonne ?
Et à Angers ?
À Angers, la mobilisation contre la LPR qui commençait à gonfler en mars avait subi un brutal coup d’arrêt avec le confinement. La petite remobilisation qui a eu lieu les 22 et 23 octobre à l’occasion de la visite expresse de la ministre Vidal fut bienvenue, d’autant plus qu’elle était axée à la fois contre la LPR et contre les sous-encadrement et sous-financement chroniques de l’Université d’Angers. La question des étudiants étrangers et des étudiants sans logement fut également mise en avant à cette occasion. En effet, dans le même temps où la municipalité d’Angers offrait toutes les facilités d’installation à plusieurs écoles privées aux frais d’inscription prohibitifs, elle ne planifiait rien du tout en matière de logement étudiant... Aujourd’hui, des dizaines d’étudiants sont encore à la rue. Ceux qui avaient pu être hébergés dans des bungalows de fortune au lac de Maine ont dû les quitter le 31 octobre, alors même que le directeur de cabinet de la ministre Vidal avait promis le 23 octobre que leur séjour pourrait être prolongé... La situation née avec le second confinement ne peut que renforcer les problèmes.
Il est donc urgent de remobiliser le monde universitaire, en dépit de la sidération du milieu depuis le premier confinement, encore renforcée par le second confinement, la fermeture des établissements aux étudiants et la mise en place en catastrophe de cours et travaux dirigés à distance (du moins pour celles et ceux qui peuvent se connecter). C’est ce à quoi travaille le comité de mobilisation de l’Université d’Angers, à l’origine de l’appel des 125 universitaires angevins et du rassemblement anti-LPR du 23 octobre (qui réunit une centaine d’enseignant.e.s et étudiant.e.s à proximité du lieu où la ministre entendait endormir les directeurs d’unités de recherche angevins) où fut faite la déclaration ci-dessous. Résistance !
Prise de parole d’une représentante du Comité de mobilisation de l’UA lors d’un rassemblement organisé pour “accueillir” la ministre Vidal, le vendredi 23 novembre :
Nous sommes là pour montrer notre colère à Vidal. À l’heure où les crises se succèdent, nous allons le dire haut et fort :
- Nous avons besoin de plus d’éducation
- Nous avons besoin de plus de recherche
Comment se satisfaire d’une université à qui il manque :
- 700 postes
- 7 Millions d’euros
- 500 logements étudiants
Pour être... dans la moyenne !
Une université où :
- Les personnels enseignants et non-enseignants sont régulièrement en burn-out ;
- Les chercheurs n’ont plus le temps de faire de la recherche ;
- Une part croissante et majoritaire des enseignants-chercheurs vivent avec des contrats précaires, sous-payés et sans perspective de titularisation ;
- Certains de nos étudiants sont plongés dans une précarité toujours plus grande : certains dorment aujourd’hui au camping à 4 dans des 30 mètres carrés avec une seule table pour travailler !
Il faut nous écouter quand nous disons que nous n’en pouvons plus. Il faut nous écouter quand nous disons que nous ne sommes pas le problème mais une partie de la solution !
Si le gouvernement entend résoudre les crises que nous connaissons en se passant des enseignants et des chercheurs, c’est une grave erreur !
Écoutons Bruno Carnard, spécialiste des coronavirus dire que le mode de financement par appel à projet a empêché à ses équipes de développer une connaissance de ces virus alors qu’ils y travaillent depuis les années 2000
Écoutons Valérie Masson Delmote, climatologue et membre du GIEC dire que les financements sur le changements climatiques doivent être urgemment pérennisés
Écoutons Emmanuelle Charpentier, prix Nobel de chimie 2020, expliquer qu’elle a dû partir en Allemagne pour avoir un laboratoire doté pour faire ses recherches sans passer par l’ANR [2]
Macron accuse les enseignants de ne pas participer à relever le pays. Blanquer accuse les universités d’avoir mené à l’atroce assassinat de notre collègue ! Comment osent-ils ?
Nous le répétons, nous avons besoin de Moyens pérennes, de contrats titulaires
- pour faire notre travail,
- pour continuer à produire de la connaissance sur le monde,
- pour participer à l’éducation des plus jeunes dans des temps obscurs,
- pour construire un bien commun à tous et toutes qui est l’enseignement supérieur et la recherche publique !
Annexe
- Vidéo pour en savoir plus sur la LPR
[1] Les franchises universitaires sont les héritières de la médiévale parens scientiarum : seul le président de l’université peut faire appel à la police sur le campus, sauf flagrant délit, catastrophe ou réquisition du parquet (cf. 6e de l’Art. 712-2 du Code de l’éducation). Depuis la loi LRU de 2007, les présidents sont invités à se transformer en managers. Devront-ils demain endosser le costume d’auxiliaire de police ?
[2] L’Agence nationale de la recherche (ANR) est composée par des “experts” nommés. Cette agence de moyens est chargée de sélectionner les projets susceptibles d’être financés. Les demandes de financement nécessitent beaucoup de temps de préparation alors que la probabilité qu’elles soient sélectionnées est inférieure à 10%.
- du vendredi 24 au dimanche 26 mars : mobilisation dans le Poitou pour la défense de l’eau à l’appel de Bassines Non Merci et des Soulèvements de la Terre. Le 24 : arrivée de tracteurs de toute la France et, le soir, Forum international sur la défense de l’eau avec des délégations de différents pays et continents. Le 25 à 10h : manifestation « Fin de chantier » et, le soir, concerts, banquets et festivités à Melle (79500). Le 26 : assemblées, tables rondes, cantines, balades naturalistes, concerts…
- samedi 25 mars de 16h00 à minuit : Fête de Lutte Ouvrière, Salle Aragon, 1 rue Joseph Bara, Trélazé (arrêt Malaquais du bus n°2).
- mardi 28 mars : grève contre la “réforme” des retraites à l’appel de l’Intersyndicale. Manifestations à 10h à Cholet (pl. Travot) et Segré (pl. du port) ; à 14h à Angers (pl. Leclerc) et Saumur (pl. Bilange).
- mercredi 29 mars à 19h : concert de solidarité avec les grévistes, salle Emstal aux Ponts-de-Cé, organisé par LFI.
- samedi 1er avril à partir de 14h30 : “Huit heures pour la Palestine” au centre Marcelle Menet à Angers.
- dimanche 2 avril après-midi : “Un autre monde est nécessaire”, initiative du Cercle 49 dans la grande salle du centre Jacques Tati de Belle-Beille (Angers). Projection du film Rosmerta.
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
Jeudi 23 mars à Angers, un travailleur de Système U a terminé la manifestation en garde-à-vue et un militant de Sud a reçu un projectile de la part de la police, alors qu’il discutait tranquillement avec d’autres manifestants sur le parvis de l’Hôtel de ville. Des points de suture lui ont été faits aux urgences. D’autres blessés plus légers sont à déplorer. Enfin, que penser du largage devenu systématique de gaz lacrymogènes qui incommodent gravement non seulement les manifestant·e·s mais aussi les habitant·e·s ? Même si les violences et/ou intimidations policières ne sont pas (encore ?) au niveau parisien, la vigilance s’impose aussi à Angers contre les tentatives des hommes de main de L’État français de répandre la terreur pour réduire le mouvement social. Ni lacrymos, ni LBD ! Halte aux violences policières !
En soutien au syndicaliste FO de Biopôle convoqué en référé, suite à une plainte du maire d’Angers, environ 300 syndicalistes FO, CGT, UNSA, Solidaires, FSU et CFDT se sont massés devant le palais de justice d’Angers, mardi 21 mars à partir de 16h. Les slogans lancés, « Macron démission ! » et « Macron-Verchère même combat ! », traduisaient bien la colère devant l’attitude du maire de paille de Béchu, qui depuis des mois refuse d’entendre parler de la moindre augmentation salariale à la hauteur de l’inflation, qui maintient le gel d’une centaine de postes pour Angers, l’agglo (ALM) et le CCAS, et qui traîne en justice un agent censé payer pour tous les grévistes de Biopole. Le même Verchère rend ces derniers responsables de l’accumulation toujours plus grande des sacs poubelle en ville, alors qu’il en est le seul responsable et prend la population en otage sanitaire pour casser la grève. Ça suffit ! La mairie doit respecter le droit de grève et satisfaire les revendications de ses agents !
Samedi 17 mars à 14h, ce sont 1600 personnes qui se sont rassemblées devant la préfecture d’Angers avant de partir en manifestation via la place du Ralliement pour protester contre la réforme des retraites et le recours au 49.3, à l’appel de l’intersyndicale CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU, UNEF, La Voix Lycéenne et MNL du Maine-et-Loire. Une bonne mise en jambe avant la journée du jeudi 23 mars... En marge de la manifestation, alors que les poubelles ne sont plus ramassées en raison de la grève des éboueurs, des poubelles ont été renversées et des sacs éparpillés par quelques individus exaspérés par le mépris de Macron et Cie. En est directement responsable la municipalité macrono-LR d’Angers qui, de façon scandaleuse, refuse depuis des mois d’entendre les revendications salariales des agents municipaux et prend ainsi la population en otage sanitaire. Augmentation des salaires ! Retrait de la “réforme” Macron !
Un meeting du NPA86 avec Philippe Poutou s’est tenu à Poitiers “Contre Macron et son monde”. Au soir du jeudi 16 mars, jour du coup de force de Macron sur sa “réforme” des retraites et des manifestations spontanées qui ont suivi, et à une semaine de la mobilisation contre les méga-bassines dans le Poitou, ce ne pouvait être qu’un succès ! Et de fait cela en fut un : plus de 200 personnes se sont pressées dans la salle Timbaud ! Le livre “Un « petit » candidat face aux « grands » médias” cosigné par Philippe s’est très bien vendu (avec dédicaces !) et beaucoup de contacts ont été pris ! Prochain meeting de Philippe dans la région : mardi 21 mars à 20h à la médiathèque de Nantes.
Contrairement à ce qui est écrit dans l’édition du lundi 13 mars 2023 du Courrier de l’Ouest, le NPA49 n’est pas signataire de la lettre ouverte aux députés de Maine-et-Loire émanant de la NUPES . En effet, il ne partage pas les illusions véhiculées dans la lettre sur la possibilité de « rechercher un consensus » avec les représentants de la grande bourgeoisie et des capitalistes que sont les député.e.s et sénateurs LREM-LR. Cependant, le NPA49 est en accord avec l’analyse que font les signataires (EELV, PS, LFI, PCF, Générations, Place publique) du projet de loi sur les retraites : il s’agit bel et bien d’une mesure antipopulaire. Il reste prêt à participer à toute initiative unitaire susceptible de renforcer les luttes sociales contre cette "réforme" régressive.