Le 6 janvier, Nicolas Sarkozy est venu à Cholet, quelque part en France. Cela a duré deux heures et trente minutes, entre 11h et 13h30. L’occasion pour le monarque de pérorer devant un public trié sur le volet pendant que les forces de police repoussaient la centaine de manifestants venus lui apporter la contradiction. Quelques phrases creuses et du mépris. Cholet n’aura été que le “village Potemkine” d’un président aux bilans social et écologique désastreux.
Fidèle à son “engagement” pour l’écologie, Sarkozy a d’abord pris son jet jusqu’à Nantes puis embarqué dans un hélicoptère. [1] La taxe carbone ne sera pas pour lui ni pour ses amis capitalistes, mais d’abord pour les ménages modestes.
Fidèle à sa passion pour les nouvelles technologies, il a commencé à fouler le sol choletais dans l’enceinte bien protégée de Thalès-Cholet, ce qui lui a permis de se sentir un peu chez lui. C’est en effet dans cette succursale de la multinationale qu’on lui fabrique son très joli téléphone portable sécurisé, comme dans les films de James Bond qui ont marqué son enfance. Il a péroré quelques minutes devant quelques blouses blanches bien sages (présentées à la presse comme de simples “salariés” [2]), avant d’être embarqué par ses gorilles pour la salle des fêtes de Cholet, non loin de la mairie.
Fidèle à son amour pour les travailleurs (à condition qu’ils restent des travailleurs, même le dimanche, et ne se mettent pas en grève), il y a déclaré devant 1500 supporteurs (essentiellement masculins) du “monde économique” (dont ne font évidemment pas partie les travailleurs) : “Dois-je aller dans les usines pour que les ouvriers pleurent sur mon épaule ? Non je dois éviter le statu quo et réussir” (Ouest-France). On peut compter sur lui, en effet, pour ne pas se rendre dans les usines qui ferment leurs portes et affronter la colère des salariés. On peut aussi compter sur lui pour casser les acquis sociaux (le “statu quo”, dans la novlangue de la droite) au profit des patrons, ceux qui lui ont permis d’être élu.
Enfin, pour ne pas prendre le risque de se retrouver face à un “pauvre con” qui écornerait son image, le monarque avait fait donner la troupe (400 CRS, 200 gendarmes et 200 policiers) : périmètre de sécurité de 300 m, contrôle tatillon des “invités” et refoulement à 500 m de la centaine de manifestants CGT, FSU et Comité Diallo (auxquels on avait de surcroît interdit l’usage d’un porte-voix !).
Lorsque la tsarine Catherine II régnait sur la sainte Russie, son ministre Potemkine lui faisait visiter des villages “typiques” et florissants. Il ne s’agissait que de décors et de faux semblants. De même Sarkozy fait semblant de visiter une “France profonde” qui n’irait pas si mal malgré la crise. Thales est censé faire oublier la disparition de l’industrie de la chaussure choletaise, les bas salaires, la précarité et le chômage dans les Mauges. Mais la comparaison s’arrête là. Ce Napoléon-le-petit n’a évidemment pas l’étoffe de la grande Catherine.
[1] Il s’est fait (très modérément) tacler à ce propos par le candidat d’Europe-Ecologie aux prochaines régionales. Lors de sa conférence de presse, ce candidat en a profité pour pour lancer sa campagne éco-capitaliste en affirmant : « il faut arrêter d’opposer compétitivité et impératifs écologiques » (Courrier de l’Ouest). Sarkozy ne dit pas autre chose. Nous affirmons le contraire !
[2] Il y avait tout de même deux syndicalistes CFDT et CGT pour lui servir de de caution sociale. On peut à cet égard s’interroger sur l’intérêt pour des syndicalistes d’accepter ce rôle et de contribuer ainsi à faire croire qu’un “dialogue social” est possible avec un adversaire aussi acharné des droits des salariés
- samedi 5 juillet à 15h : Rassemblement hebdomadaire de solidarité avec le peuple palestinien. Jardin du mail à Angers.
- samedi 5 juillet de 15h à 05h : Fête au RAARE à St-Georges-s/Loire (voir détails).
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
Les milliardaires d’extrême droite Bolloré et Stérin ont ouvert leur porte-monnaie afin d’organiser mardi 24 juin un « sommet des libertés » (plutôt un sommet libertarien !) au Casino de Paris. C’est ainsi que la crème du fascisme franchouillard a pu s’autocongratuler et développer ses thématiques libertariennes, socialement régressives et racistes, de Jordan Bardella à Eric Ciotti, de Sarah Knafo à Marion Maréchal, de Nicolas Dupont-Aignan à... Anne-Laure Blin. La députée LR de Saumur-nord avait choisi en 2024 - sans doute pour des raisons électoralistes - de rester à LR plutôt que de rejoindre Ciotti lorsque celui-ci avait signé son pacte faustien avec le RN. Visiblement, elle en a des regrets. Pas étonnant quand on connaît ses prises de position, systématiquement les plus réactionnaires possibles. Et dire que la gauche s’était désisté pour elle l’an passé pour faire barrage au RN !
On le sait, Christelle Morançais, successeure de Bruno Retailleau à la tête de la région et admiratrice du « génial » Elon Musk, déteste la culture, qui serait selon elle un « monopole d’associations très politisées », et s’attaque aux associations LGBT et féministes telles que le Planning familial. Bien sûr, elle ne dit pas ouvertement qu’elle est hostile au droit à l’IVG, comme son ancien mentor, mais elle n’en supprime pas moins 100% des subventions régionales au Planning. Celui du Maine-et-Loire a donc lancé le 17 juin un appel à dons pour essayer de compenser la perte des subventions régionales et contrer la tentative d’étouffement de l’association par asséchement de ses ressources. Pour faire un don au Planning familial 49, il faut cliquer ICI (ou envoyer un chèque au Planning 49, 1 rue André Maurois, 49000 Angers).
Le groupe d’opposition “Demain Angers” (PS-LE-Après-PCF) voulait que la municipalité se déclare “ville antifasciste”, à l’instar de Bruxelles par exemple. Le maire C. Béchu s’y est opposé. Normal : son équipe municipale comporte des élus issus de l’extrême droite traditionaliste de “Sens commun” tels que les adjoints Roch Brancour (également promoteur de la “Nuit du Bien commun” du milliardaire d’extrême droite C.-E. Stérin) et Maxence Henry. Afin de donner une explication plus présentable, C. Béchu explique que « l’extrême gauche alimente l’extrême droite » (Ouest-France du 27/05/2025) et qu’il faudrait ne pas condamner l’une sans condamner l’autre. La cause première de la montée de l’extrême droite ne serait donc pas les politiques néolibérales destructrices des amis de C. Béchu et leur complaisance envers le racisme anti-immigré et anti-musulman qui “légitime” cette même extrême droite mais « l’extrême gauche » ! Son explication loufoque tend à relativiser le danger que représente le fascisme. Normal : la droite prépare petit à petit une alliance avec le RN. La leçon de l’Allemagne de 1933, quand les partis du centre et de la droite ont donné le pouvoir à Hitler n’a visiblement pas été apprise par C. Béchu. Mauvais élève !
« Folie des grandeurs », « Grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le Boeuf », le dernier numéro du trimestriel “La Topette” épingle avec justesse les projets immobiliers de la Cie Béchu regroupés derrière le slogan “Imagine Angers”. Car, au-delà de son projet sous-jacent de gentrification de la ville et de mise à l’écart des classes populaires, les fiascos s’y accumulent. Dernier en date selon Ouest-France du 26/04/2025, le dôme de verre au pied du prétentieux bâtiment “Métamorphoses”, qui était censé devenir une serre « méditerranéenne » et un alibi écologique, qui ne va plus être qu’un espace pour « événements » (sic) à climatiser à grands frais... “La Topette” dresse un état des lieux du reste : flop du musée des collectionneurs qui (heureusement !) ne verra probablement jamais le jour près du théâtre “Le Quai”, projets radicalement modifiés en cours de route (“Quintessence”, “Climax”), constructions au rabais comme avec “Arborescence” dont les caves ont été délibérément laissées inondables (avec pour conséquence en cas de crue de rendre hors service les ascenseurs, notamment pour les retraité·e·s qui y sont logé·e·s à prix d’or), etc. Bref, tout est à l’image de la dalle de béton engazonnée pompeusement baptisée “Cœur de Maine”, qu’il a fallu entourer de barrières (très laides de surcroît) pour y éviter les « débordements » populaires... Spéculation immobilière d’une part, laissez-faire de la municipalité d’autre part. C’est aussi cela, le bilan peu imaginatif de la maison Béchu...
De façon symptomatique, même la presse nationale (cf. Libération) évoque le nouveau scandale de la politique néolibérale d’appels d’offres dans le secteur associatif. L’APTIRA, association d’intégration des immigrés dans la région angevine, qui aidait les exilé·e·s depuis 1968, en particulier pour les cours de français langue étrangère, s’est vue retirer en 2022 les subventions de l’Office français de l’immigration et de l’intégration au profit d’IDC Formation, entreprise de formation parisienne à but lucratif qui fait son marché dans l’Ouest. Depuis la dette a gonflé et une tentative de reprise par France Horizon a capoté, sans que les salarié·e·s aient vraiment été informé·e·s. Leurs emplois sont maintenant directement menacés. La CGT a lancé une PÉTITION CONTRE LA FERMETURE D’APTIRA. Signons-là, et participons aux mobilisations à venir aux côtés des salarié·e·s de l’APTIRA !