La bête immonde n’est pas morte !

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La mort attendue de Jean-Marie Le Pen est celle d’un multi-condamné pour incitation à la haine raciale, homophobie ou apologie de crimes de guerre. C’est celle d’un tortionnaire pendant la guerre d’Algérie, jamais condamné tant l’État français a protégé ses propres criminels de guerre. C’est celle d’un fondateur du Front national avec d’anciens Waffen-SS. Les louanges que lui adresse l’extrême droite unanime et les non-condamnations hypocrites des leaders de l’extrême centre (Macron et Bayrou, notamment) et de la droite extrême (Retailleau en tête) sont donc des plus honteuses. Nous publions ici le communiqué national du NPA, ainsi que le sizain de Bertolt Brecht auquel son titre fait référence.

COMMUNIQUÉ DU NPA

La bête immonde n’est pas morte !

Il est peut-être la seule personne de qui on ne dira pas qu’elle « a passé l’arme à gauche ». Ce serait nous faire offense. Même dans la mort, Jean-Marie Le Pen ne peut incarner autre chose que le racisme, le colonialisme, l’antisémitisme, l’homophobie et la misogynie.

Il a résumé à lui seul l’extrême droite française pendant des décennies : des nostalgiques de l’OAS et de l’Algérie française jusqu’aux idéologues nazis et antisémites, en passant par le racisme et le machisme le plus ordinaire… et horripilant.

Nos premières pensées vont à ses victimes directes, les Algérien·ne·s tué·e·s et torturé·e·s pendant la guerre d’indépendance. Et à ses victimes indirectes, à toutes les personnes qui ont eu à subir le racisme, les discriminations, les injustices voire les injures et les coups. Et elles sont nombreuses, ses victimes, tant il a contribué à décomplexer le racisme, à venir le remettre sans cesse au cœur du débat politique… jusqu’à se hisser au second tour de l’élection présidentielle en 2002.

Jean-Marie Le Pen mort, cela devait arriver un jour. En revanche, ses idées sont bien vivantes. Il n’est qu’à lire l’hommage d’Éric Ciotti pour se convaincre de son héritage empoisonné : « il a été un lanceur d’alerte précurseur sur l’immigration de masse et ses ravages ». Confirmé par Éric Zemmour.

Aujourd’hui, sa fille, près de 15 ans après avoir pris les rênes du parti que Le Pen père avait fondé, est aux portes du pouvoir. Ce sont 89 députés du RN qui sont entrés à l’Assemblée nationale en 2022, et 130 en 2024. Et, ils font la pluie et le beau de temps de gouvernements qui hier chassaient les voix du FN et du RN, de Balladur à Sarkozy, et aujourd’hui votent les lois avec eux, de Borne à Barnier. Et, qui sait, demain Bayrou…

Le nouveau Premier ministre voit d’ailleurs en Le Pen « une figure de la vie politique française » avant d’ajouter « On savait, en le combattant, quel combattant il était », quand l’Élysée se retranche derrière un communiqué en appelant au jugement de l’histoire.

Notre jugement est fait. Marine Le Pen a fait mine de remiser l’antisémitisme de son père, qui en 1987 pour un clin d’œil à ses camarades négationnistes et nazis avait présenté les chambres à gaz comme « un point de détail de la Seconde Guerre mondiale », pour le remplacer par une nouvelle islamophobie, permettant par ce lifting de mettre le racisme au goût du jour. Elle a rendu le racisme acceptable pour la bourgeoisie et son personnel politique.

Jean-Marie Le Pen est mort, mais la bête immonde est bien vivante. Nous avons combattu le père et ses ami·e·s pendant des décennies, nous continuerons de combattre ses héritier·e·s.

Épilogue de “La résistible ascension d’Arturo Ui” (traduction d’Armand Jacob)
-  Vous, apprenez à voir, plutôt que de rester
-  Les yeux ronds. Agissez au lieu de bavarder.
-  Voilà ce qui aurait, pour un peu, dominé le monde !
-  Les peuples en ont eu raison , mais il ne faut
-  Pas nous chanter victoire, il est encore trop tôt :
-  Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde.

Bertolt Brecht

7 janvier, par NPA 49