Semaine “climatique” du 20 au 27/09 à Angers : bilan encourageant !

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Les nombreuses initiatives qui ont émaillé la semaine de mobilisation “climatique” à Angers, du 20 au 27 septembre, ont été marquées par un enracinement militant et une audience publique renforcés. Si la grève mondiale du 20 n’a pas mobilisé autant de jeunes qu’au début du printemps, si la manifestation du 21 s’est déroulée dans des conditions difficiles en raison du déploiement policier paranoïaque de l’État français, l’affluence aux diverses réunions et leur diversité, et même les dernières démonstrations publiques du 27 (Die-in et vélorution), ont montré la sensibilité croissante de la population à l’urgence écologique, ainsi que la conscience que cette urgence doit être conjuguée avec l’urgence sociale.

Extinction-rebellion (23/09/2019)

-  La première réunion publique de la semaine, le lundi 23, fut celle d’Extinction-Rébellion (XR). Ce groupe ne cesse de se renforcer à l’échelle internationale depuis le blocage qu’il initia à Londres en avril et les violences policières au pont de Sully à Paris à la fin juin (gazages à bout portant de militant.e.s XR pacifiques assis.es par terre). À Angers aussi, un petit groupe s’est formé, visant à faire connaître au grand public les études scientifiques alarmantes sur l’état de la biosphère (la menace d’extinction) et à développer une agitation-propagande non violente (la rébellion). La conférence ne laissait guère de place au débat : il s’agissait d’abord de présenter XR. Les animateurs ont reconnu que leur action ne posait pas la question de « l’après » de la rébellion. C’est à la fois la force de XR (qui peut ainsi recruter largement) et sa faiblesse (une rébellion sans autre perspective que de “résister” ne dessine guère d’avenir). L’appel aux “émotions” est certes sympathique mais c’est d’abord par la raison qu’une issue pourra être trouvée à l’impasse dans laquelle le capitalisme a plongé la planète... Il n’en reste pas moins que les animateurs ont justement argumenté que les “éco-gestes” de chacun ne suffiraient certainement pas à cette issue, et que celle-ci devait être cherchée au niveau de l’organisation de la société et de la production.

-  La seconde réunion publique organisée le lendemain par Solidaires, la FSU, ATTAC et des Gilets jaunes avait une orientation sociale plus explicite : « Fin du monde, fin du mois : même combat ? ». Les interventions d’ATTAC, de la FSU et de deux gilets jaunes ont cette fois donné lieu à un long débat parmi la centaine de personnes présentes. Les porte-parole ont tous développé l’idée qu’au-delà des gestes individuels, certes indispensables, c’est l’architecture de la société et de son mode de production/distribution qu’il fallait d’abord revoir. De plus, l’écologie ne doit pas servir de prétexte à des attaques contre les plus pauvres au profit des plus riches, ou se réduire à la dénonciation des comportements individuels : les 100 premières multinationales sont responsables de 70% de la génération des gaz à effets de serre ! Une grande partie du public semblait gagnée à ces idées, mais une culpabilité relative aux comportements de chacun n’en transparaissait pas moins. Enfin, il est probable que renverser et dépasser le capitalisme semblait insurmontable à nombre de participant.e.s. Il est décidément plus facile de penser la fin du monde que celle du capitalisme !

-  ATTAC et/ou des gilets jaunes animaient le mercredi 25 deux réunions autour de ces thèmes, qui eurent également un grand succès. Parallèlement, les jeunes de Youth for Climate et de Résistance à l’agression publicitaire différentes actions sur le terrain, centrées sur le problème des plastiques et des déchets.

-  Jeudi 26 septembre à 20h au cinéma Les 400 coups d’Angers, le collectif Climat organisait un nouveau débat après le projection « Qu’est ce qu’on attend ? » de Marie-Monique Robin. La salle de 240 places était comble pour ce documentaire de 2016 racontant comment Ungersheim (2200 âmes) en Alsace s’est lancée dans une démarche de “transition” sous l’impulsion de son maire écolo (et ancien mineur de la CGT !), de son équipe et de plusieurs agriculteurs bio. Le film donne des pistes (énergie solaire, maisons passives, monnaie locale...) sur ce qui peut être fait à l’échelle d’un village mais n’en donne évidemment pas pour l’échelle économique plus large qui est celle des grandes villes, de la production industrielle et de la distribution marchande. De surcroît, l’euphorie qu’il dégage doit être relativisée. Avec un certain recul, il y apparaît aussi que, si le maire est une véritable locomotive, tous les wagons n’ont pas raccroché. Le noyau dur du village reste absent, ce qui permet peut-être de comprendre pourquoi Le Pen a tout de même recueilli les voix de 55% des votants d’Ungersheim au 2e tour des élections présidentielles de 2017... C’est une nouvelle illustration des limites du “localisme”, par lequel il faut pourtant souvent commencer... Le débat animé par des porte-parole d’En Transition, d’Attac, de la FSU et une gilet-jaune n’en pas moins posé le lien à faire entre l’action à l’échelle individuelle et celle qu’il faut développer aux échelles sociales, qu’elles soient locales ou nationales et internationales.

Die-in au Ralliement (27/09/2019) Scène de crime climatique (27/09/2019) Le climat ou les banques ? (27/09/2019)

-  Le “die-in” organisé place du Ralliement marquait la fin de la semaine de mobilisation. Une cinquantaine de militant.e.s ont figuré leurs morts sur une scène de crime climatique d’où le portrait d’un des complices français n’était pas absent. Nouvelle preuve que les palabres pseudo-écolo du président Macron ne trompent plus grand-monde parmi les militant.e.s !

Vélorution au bout du monde (27/09/2019) Vélorution avenue Montaigne (27/09/2019)

-  Mais comme la lutte ne s’arrête pas, une vélorution a suivi le “die-in”, principalement animée par l’association Place au vélo. Elle a fait le tour de quelques-uns des points noirs de la circulation à vélo, dont les nouvelles circulations au voisinage de la dalle de béton engazonnée dénommée “Cœur de Maine” par la mairie, conçues sans concertation (malgré les engagements du plan vélo). La municipalité de C. Béchu conserve en effet sa logique automobilopathe, ce que les travaux du tramway (effectués en partie pour des raisons de prestige) ne sauraient dissimuler complètement. D’ailleurs, son opposition réaffirmée (pour des raisons comptables !) à toute gratuité des transports urbains en commun le démontre amplement. À l’heure où cette gratuité apparaît comme un outil à la fois social et écologique de lutte contre les inégalités sociales et le réchauffement climatique, à l’heure où de nombreuses villes en Europe et dans le monde l’expérimentent, l’opposition de la municipalité d’Angers est irresponsable et doit être fermement combattue. On peut aussi signer l’appel national pour des transports gratuits !

28 septembre 2019, par NPA 49