L’ex-député UMP Richard a été à l’initiative d’une manifestation contre le “Lenin Café” et “Lénine” devant le monument aux morts de Chalonnes, dimanche 14 juin. Toute la fine fleur de la droite angevine était là ou représentée. Or, ce n’est pas Lénine qui est responsable de la mort de ceux dont le nom est inscrit sur ce monument. Ce sont les droites européennes, au service de leurs capitalistes respectifs, qui sont responsables des millions de morts de la de la première guerre mondiale [1], ainsi que du chaos dans lequel l’Europe a été plongée pendant les trois décennies suivantes !

Comme d’habitude, les représentants de l’UMP réécrivent l’histoire et procèdent par amalgames grossiers.

En décrivant Lénine comme un « commanditaire de massacres de masse » sans bien sûr préciser lesquels, D. Richard feint notamment d’oublier :

-  que la révolution russe fut en 1917 un sursaut populaire contre la dictature tsariste et l’immonde boucherie capitaliste de 14-18, dont elle accéléra la fin ;

-  que si la Russie de Lénine fut ensuite plongée dans la guerre civile, jusqu’en 1921, c’est parce qu’elle dut affronter les armées « blanches » antisémites [2] soutenues par les États français, anglais, nord-américains ou japonais dirigés par la droite ;

-  que s’il y eut effectivement des massacres de masse en pleine paix en URSS, ce fut sous le règne ultérieur de Staline à qui Lénine, malade, tenta vainement de s’opposer avant de mourir en 1924.

Le NPA reste ouvert au débat historique honnête et sérieux sur les heurs et malheurs de la révolution russe et ne considère certes pas les leaders de celle-ci comme des icônes infaillibles : dans la tourmente de la guerre civile de 1918-1921, bien des erreurs ont été commises qui ont ensuite favorisé la contre-révolution stalinienne.

Mais en s’attaquant au Lenin Café, l’UMP trahit avant tout son désir caché d’étouffer toute liberté d’expression en jetant des anathèmes qui confinent au terrorisme intellectuel. C’est une logique antidémocratique et totalitaire que le NPA combattra de toutes ses forces.

Angers, le 15 juin 2009

Article de Ouest-France du lundi 15 juin 2009

Quand la droite ressuscite Lénine « le terrible »

Le « Lenin café », un bistrot sur une île de la Loire, est à l’origine d’un festival, qui présentait, samedi, en tête d’affiche, les Tri Yann. Et voilà Chalonnes suspectée de faire l’apologie du révolutionnaire russe. Sur la place centrale, ce dimanche matin, les Chalonnais pressent le pas vers la boulangerie, l’église ou le PMU. « Pardon monsieur, qu’est-ce que vous pensez de la polémique autour de Lénine ? » L’homme, la quarantaine, allure plutôt sportive, s’étonne : « Je ne l’ai pas connu, il est de Chalonnes ? »

Devant le cimetière de la commune, les membres du collectif « A la mémoire des victimes du totalitarisme » se regroupent. Les responsables de l’UMP 49 sont là : Marc Laffineur, maire, député, vice-président de l’Assemblée nationale, Jean-Luc Davy, président de l’association des maires du département, François Chanteux, vice-président du conseil général, représentant Christophe Béchu, Aline Albert, déléguée de l’UMP sur le canton... « Nous sommes là pour rendre hommage aux millions de victimes exterminées par Lénine. »

Accompagnés d’une soixantaine de personnes, ils viennent déposer une gerbe au monument aux morts. Un message de Dominique Richard, le conseiller régional à l’initiative du rassemblement, est lu : « Ce festival de Chalonnes autour du théoricien sanguinaire est indécent. » Les amis du « Lenin café » ont organisé un festival de musiques variées, qui a reçu des subventions publiques (Ville et Région).

Puis, c’est la lecture d’un message de Christophe Béchu : « Inadmissible que des collectivités et des élus financent une telle manifestation. » Enfin Marc Laffineur : « Lénine a fait exécuter des policiers, des juges, des prêtres, des intellectuels, des paysans... Il a inventé les premiers camps de concentration : les goulags ! » Et de faire le procès du communisme ou plutôt du collectivisme « responsable de l’assèchement de la mer d’Aral et de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl ».

Un millier de spectateurs

Une minute de silence, puis l’hymne européen. Parmi les participants, peu d’élus. « Je ne les ai pas comptés, reconnaît Jean-Luc Davy. Peut-être trois ou quatre maires. »

En même temps, à l’hôtel de ville de Chalonnes-sur-Loire, le maire socialiste Stella Dupont a réuni son conseil municipal. « Je n’ai jamais été marxiste-léniniste ! » Elle dénonce la lettre de Jean-Luc Davy (lire par ailleurs) : « Ce courrier aux maires du département invective la commune et manque de respect aux Chalonnais. » Pour elle : « Sa commune soutient la vie culturelle de toutes les associations. Le festival Lenin en île est avant tout un rassemblement festif et convivial, avec des animations et beaucoup de musique. » Et de balayer toute polémique : « J’ai l’impression que ce festival dérange surtout des Angevins et quelques politiciens. » Elle précise alors que samedi soir, plus d’un millier de festivaliers, dont de nombreux Chalonnais, ont passé une excellente soirée.

Yves LAUNAY.