L’expulsion du « 48 » : inadmissible !

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C’est à 6h du matin, jeudi 23 avril, que plus d’une centaine de CRS sont venus, à la demande du Maire d’Angers, expulser les occupants du « 48 » rue Lionnaise, après avoir fracturé la porte de l’escalier de secours (alors que l’entrée principale était ouverte). Les habitants ne leur ont opposé aucune résistance. Après le contrôle d’identité, la police a séparé les demandeurs d’asile, des Roms et des SDF présents. Les SDF ont été remis à la rue (après une vague et vite oubliée proposition de chambre d’hôtel, mais sans leurs chiens !) Les demandeurs d’asile et Rroms (qui sont en attente d’un retour en Roumanie le 6 mai) étaient programmés pour être acheminés vers différents lieux provisoires [dans des chambres du centre psychiatrique Cesame et dans un hôtel pour les demandeurs d’asile, à l’ex-Sonacotra pour les Rroms]. Les demandeurs d’asile ont refusé ces gîtes provisoires invraisemblables ; seuls les Rroms sont allés à l’hôtel. Notons que dès lors qu’il s’agit d’expulser, la préfecture est capable de réquisitionner, mais surtout les structures publiques et pas pour loger décemment les demandeurs d’asile, alors qu’elle en a le devoir !

Une manifestation de protestation d’une centaine de personnes s’est tenue à 17h le même jour, devant la mairie. Les habitants du "48" se sont rendus ensuite dans les locaux de la DASS pour connaître les dernières propositions des autorités pour leur logement (rappelons que la loi française et les accords internationaux oblige ces autorités à trouver un gîte aux demandeurs d’asile) ; ils se sont vite rendus compte que les propositions n’avaient pas changé : hébergements provisoires avec en prime une trentaine de places au Cesame, dans l’hôpital psychiatrique ! Quant aux SDF, aucune autre solution que l’hôtel pour les humains et la SPA pour leurs chiens... La venue du représentant de la préfecture n’y a rien changé. Ce représentant a même eu le front d’inviter les demandeurs d’asile et SDF à composer le "115" (appel d’urgence) alors que le SAMU social amenait des gens de la rue au « 48 » avant qu’il ne soit évacué par les forces de police. Les demandeurs d’asile et les militants solidaires ont finalement décidé de passer la nuit au Quai, le nouveau théâtre d’Angers. Ils en ont à nouveau été évacués vers minuit, cette fois par la BAC et la police nationale. Et cette intervention en l’absence de témoins autres que les militants solidaires a été particulièrement violente. (>>voir article du 24 avril<<).

Une manifestation aura lieu samedi 25 avril à 14h au même lieu. Les ex-habitants du « 48 » appellent la population angevine à les rejoindre pour rappeler au maire que le « 48 » restera le logement de tous les sans abris, toutes nationalités confondues ! Ils iront ensuite devant la préfecture rappeler au préfet les devoirs de l’État envers les demandeurs d’asile.

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Après l’expulsion
Confrontation CRS/militants au petit matin, rue lionnaise...

Voir également les brèves du 23 avril >>1<<, >>2<< et >>3<< de Ouest-France et les >>photos<< prises avant l’expulsion sur le site de ce journal.

La radio RCF matinale du vendredi 24 est revenue sur l’expulsion du squatt >>écouter<< (de 2 minutes 50 jusqu’à 7 min 30).

Il est également intéressant de savoir que le jour même, le Courrier de l’Ouest publiait cet article :

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Courrier de l’Ouest - 23/04/2009
Altercation entre le Maire d’Angers et les militants du « 48 ».

Historique des demandeurs d’asile, puis des sans abri et des Rroms à Angers :

-  Sept. 2008 : La situation des demandeurs d’asile sur Angers devient intolérable. La préfecture fait semblant d’ignorer la situation.

-  Oct. 2008 : A l’appel du collectif de sans papier, un collectif de soutien aux demandeurs d’asile se crée. De nombreux demandeurs d’asile soudanais (originaire du Darfour, pour la plupart) dorment dans la rue. Pas de structure d’accueil ! Totale ignorance du problème par les autorités.

-  Nov. 2008 : Au vu de la situation et devant le laxisme des autorités, le collectif décide, avec support médiatique (local), la réquisition d’une ancienne gendarmerie dans la commune des Ponts de Cé, jouxtant Angers. Cette opération a eu lieu le 08 novembre, sans dégradation et d’une manière « bon enfant ». Les membres du collectif pensaient que ce lieu était devenu propriété de cette commune (ce n’était pas encore finalisé). En fait, ce lieu « nickel » appartenait encore à l’état !

Le 10 novembre au petit matin (6h10) les forces de l’ordre (16 cars de CRS équipés) sont intervenues pour faire évacuer le lieu sans sommation (détruisant les portes, probablement afin de faire porter le « chapeau » aux demandeurs d’asile et aux militants ; heureusement, le maire avait fait un état des lieux, une fois celui-ci réquisitionné). Il y avait sur place 15 demandeurs d’asile et 15 aidants du collectif. La police cherchait, de toute évidence, par son comportement, une réponse agressive. Après avoir menotté tout le monde, fait le tri entre « les européens et les autres » et voyant que le mouvement était pacifiste, tout le monde avait fini par être relâché. De nombreux articles de presses ont été écrits sur ce sujet.

Un soutien actif au demandeurs d’asile se développe au sein de la population (relayé par les médias locaux). Une intervention militante remarquée est faite au festival du Scoop, au palais des congrès. La préfecture finit par débloquer 90000 Euros pour loger les demandeurs d’asile, dans des hôtels. Mais elle refuse de réquisitionner des logements.

-  Janv. 2009 : il fait très froid sur Angers. De nouveau, d’autres demandeurs d’asile (DA) sont arrivés qui dorment dans les rues. Des sans abri, ouvrent les portes d’un squat, pour les DA. Ils occupent ce lieu au 48 rue Lionnaise depuis deux mois. Après quelques opérations de nettoyage, le « 48 » (ancien orphelinat de 85 pièces) est ouvert pour les demandeurs d’asile et sans papier. Cet immeuble appartient à la ville d’Angers (dont la majorité municipale est composée de Socialistes et de Verts). Peu de temps après, tentative d’intrusion par les forces de l’ordre dans l’immeuble. Nouvelle action médiatique locale. La mairie ne semblait pas au courant que des demandeurs d’asile étaient hébergés dans ce lieu.

A de nombreuses reprises des tentatives, sournoises, d’intimidation ont été tentées contre le « 48 ». Domiciliations supprimées dans le Maine et Loire, contrôles au faciès.... Convention de Genève bafouée, Droits de l’Homme foulés au pied...

-  Avril 2009. Le collectif a essayé par tous les moyens d’éviter une expulsion. Diverses démarches, tant administratives que politiques, ont eu lieu pour préserver ce symbole de rébellion contre la politique de restriction du droit d’asile et d’expulsion d’Hortefeux, de Besson et de leurs sbires. Dans cette confrontation, force est de constater que le Maire J.-C. Antonini a usé du double jeu. Malgré les demande constantes de l’équipe militante solidaire auprès de lui et de son équipe, rien ne s’est passé. Il n’y a eu aucune prise de position politique de la part de la municipalité, qui s’est contentée de jouer un rôle purement administratif ou de renvoyer la balle à la préfecture. Pire, après avoir affirmé qu’il n’y aurait aucune intrusion au « 48 », le Maire a, par voix de presse le 18 avril, assuré que des solutions avaient été trouvées par la préfecture pour le relogement de tous les occupants. C’était faux, comme la suite l’a montré, et cela faisait clairement figure de première justification d’une expulsion imminente.

A la veille de l’intervention policière, il y avait 40 demandeurs d’asile (dont beaucoup de Soudanais du Darfour), 10 sans abri, 15 Rroms. Chaque jour ce nombre augmentait. La solidarité a été extraordinaire entre les habitants du 48, qui malgré le problème de langue et de statuts (SDF, Rroms en attente d’un retour en Roumanie, demandeurs d’asile) cohabitaient et se soutenaient les uns, les autres.


à suivre (hélas...)

23 avril 2009, par NPA 49