Liberté ou esclavage ?

Les arguments des dirigeants des hypermarchés en faveur de l’extension (indéfinie ?) des horaires d’ouverture sont connus : banalités économiques (les grandes enseignes ont déjà toutes leur équivalent sur internet qui fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7), contre-vérités (des créations d’emplois et une hausse du chiffre d’affaires là où l’intersyndicale CLIC-P a démontré le contraire en prenant appui sur les bilans de ces mêmes entreprises), prétendu engouement du personnel pour ces ouvertures (les majorations de salaire apparaissent comme une réponse immédiate à la smicardisation grandissante, et une dualité entre ceux qui travaillent régulièrement et occasionnellement le dimanche s’est développée).

Et comme il reste (encore !) un peu de droit du travail, ils tentent l’automatisation un peu partout. Pendant les horaires normaux en invitant la clientèle à scanner elle-même ses achats aux caisses automatiques. Pendant les horaires encore protégés, comme le dimanche après-midi à La Roseraie, en embauchant davantage de vigiles pour surveiller les client.e.s. Basée sur la vidéosurveillance, le non recrutement d’employé.e.s de caisse et le recrutement d’hommes de main, cette organisation est généralement accompagné de considérations sur la “liberté”. Cette novlangue libérale est décidément celle qu’Orwell dénonçait dans La ferme des animaux  : « La liberté, c’est l’esclavage ».

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Totalitarisme marchand ou... résistance !

L’ouverture le dimanche et demain 24h/24h permet-elle de “consommer” davantage avec des revenus (salaires, pensions, indemnités) le plus souvent en baisse ? Évidemment non. Crée-t-elle des emplois quand elle contribue à couler les commerces de proximité et quand les caisses automatiques se substituent aux employé.e.s de caisse ? Évidemment non. Facilite-t-elle la vie de la population ? Évidemment non : d’un côté, on a des employé.e.s du commerce sous-payé.e.s, auxquel.le.s on ne laisse pas la possibilité d’organiser leurs propres vies ; de l’autre, des salarié.e.s des autres secteurs qui n’auront bientôt plus de raisons à opposer à leur propre travail le dimanche puisque celui-ci sera devenu un jour comme les autres...

Et puis, faut-il passer sa vie et ses loisirs dans les hypermarchés ? En réalité, cette extension des horaires d’ouverture vise à une marchandisation totale de la vie humaine. C’est un monde totalitaire que veulent construire les capitalistes, et pas seulement ceux du grand commerce, vidéo-surveillé en permanence et gardé par des vigiles et des policiers surarmés. Triste monde d’où les solidarités et les échanges non marchands seraient bannis.

Heureusement, les résistances sont nombreuses et le monde du travail ne se laissera pas faire. Du côté des “consommateurs”, des campagnes de boycott sont possibles, notamment pour refuser les caisses automatiques tous les jours de la semaine ! Du côté des employé.e.s, des grèves nombreuses ont déjà eu lieu, qu’il faut coordonner pour faire reculer les grands groupes. Et il faut aussi intégrer ces luttes à une remise en cause plus globale, plus politique, de la société capitaliste.

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Construire une alternative politique au monde des marchands

Les droites macroniste ou LR, l’extrême droite et le PS sont remarquablement discrets sur ce que Casino a décidé pour le Géant de La Roseraie. Au mieux, ils “regrettent” sans tenter de bouger le petit doigt (C. Béchu), voire se lancent dans des diatribes sans conséquence (M. Orphelin). Mais on se souvient qu’ils ont pour la plupart applaudi la loi Macron augmentant le nombre de dimanches ouvrables, et qu’ils ont eux-mêmes distribué des autorisations d’ouverture le dimanche (cf. plus bas notre communiqué de 2013, alors que le maire était encore PS, mais le néo-macroniste C. Béchu a fait la même chose !) On se souvient aussi de la vingtaine de député.e.s LREM, dont trois du Maine-et-Loire (Nicole Dubré-Chirat, Denis Masséglia, Laetitia Saint-Paul), qui l’an dernier ont tenté d’infléchir encore davantage la loi PACTE pour une libéralisation du travail dominical. [1] Rien ne peut donc être attendu de ces politiciens professionnels qui mettent la “liberté du commerce” au-dessus des droits des salarié.e.s et de la vie tout court.

Les luttes des employé.e.s du commerce auront d’autant plus de chances d’aboutir que, face à ces politiciens, se construit une alternative politique qui démystifie le “réalisme capitaliste” qui prévaut encore dans les têtes. C’est sur la base d’un projet de société qui ne serait plus dicté par les pseudo-“lois” de la concurrence et du profit que toutes les luttes sociales (comme celles des employé.e.s du commerce) et écologistes pourront s’amalgamer et aboutir. D’ores et déjà, autour de chaque lutte, il faut que travaillent ensemble toutes et celles et tous ceux qui refusent cette société injuste, inégalitaire et destructrice des vies et de la nature. Le NPA49 y est prêt.

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ARCHIVES
-  CGT de Carrefour à propos de l’ouverture tous les dimanches (24/11/2017)
-  Article du NPA49 du 14/12/2013 : Le “cadeau de Noël” du PS d’Angers aux travailleurs du commerce

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