Face au MEDEF en embuscade, résister et construire une autre société !

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Macron ne pourra pas confiner nos colères bien longtemps...

Lundi 13 avril à 20h02, alors que la pandémie du Covid-19 a déjà emporté près de 15 000 personnes en France, Macron a donc - une nouvelle fois - parlé, et parlé, et parlé… D’abord du blabla pour rendre hommage aux personnels soignants qui, malgré les moyens dont les gouvernements successifs les ont privés, font face au quotidien. Bien des mots de la part du président... mais toujours aucun moyen ! À l’échelle locale du Maine-et-Loire, la députée LREM (ex-PS) Stella Dupont adopte les mêmes faux-fuyants. À la question précise du Courrier de l’Ouest de ce jour sur les salaires des soignants, elle réussit à ne pas répondre après un long laïus très général rendant un hommage sans frais aux “compétences” et “qualités humaines rares” des soignants !

Attendu sur la question du confinement, Macron en a annoncé la prolongation jusqu’à au moins le lundi 11 mai. Dans la suite de l’improvisation et de l’irresponsabilité de ce pouvoir depuis le début de cette crise sanitaire d’ampleur, Macron et le gouvernement, sans aucune anticipation, n’ont donc d’autre politique que de prolonger ce confinement « par défaut ».

Sans surprise, si Macron n’a aucun moyen supplémentaire à donner aux personnels de santé, il promet par contre de nouvelles aides aux entreprises et à une série de secteurs professionnels, avec en particulier des « annulations de charges ». De nouveaux cadeaux, toujours aux mêmes, au détriment de la… Sécurité sociale !

Macron promet la reprise progressive des établissements scolaires du 1er et 2nd degré à partir du 11 mai, mais sous quelles conditions ? S’il peut sembler important de resocialiser les enfants et de libérer un peu la contrainte sur les familles parfois confinées dans des lieux exigus, cela ne peut se faire qu’en se donnant les moyens réels (masques, tests généralisés, classes à effectifs réduits, etc.) de ne pas relancer la contagion par ce biais (d’un point de vue médical, l’école est le dernier foyer épidémique potentiel à dé-confiner plutôt que le premier). Or, rien n’indique que le gouvernement veuille aller dans ce sens. Car pourquoi, alors, laisser les universités fermées jusqu’à l’été ? En réalité, cette réouverture des écoles pour les plus jeunes est tout simplement la condition indispensable pour renvoyer leurs parents au boulot, quelle que soit la situation sanitaire (pour leur part, les étudiant.e.s n’ont pas besoin d’être “gardé.e.s” et peuvent même constituer une main-d’œuvre à bon marché). Le Medef l’a ordonné… et Macron exécute. Nul doute à cet égard que l’extension à 60h de la durée maximale de la durée hebdomadaire du travail n’est qu’un préambule à l’augmentation généralisée du temps de travail et à la suppression de jours fériés et de RTT exigées par le MEDEF !

Sans plus de détails, Macron promet aussi des tests de dépistage. Sauf que, à rebours de l’avis de la plupart des scientifiques, Macron prétend que tester l’ensemble de la population « n’aurait aucun sens » ! En revanche, il promet le pistage avec la mise en place d’une application de contrôle (pistage dont on a toutes les raisons de craindre que, à l’instar de ce que la dictature capitaliste chinoise a instauré, il ne se prolonge bien au-delà de la crise sanitaire).

Une « aide exceptionnelle » pour les familles les plus modestes avec enfants (dont on ne connaît ni le montant ni les conditions) et des masques pour tout le monde à partir du 11 mai, voilà tout ce que nous aurons obtenu ce soir... Mais derrière les mots ronflants et les grandes phrases sur « l’après », ce pouvoir est totalement démasqué. Sa politique - étaler le « pic de l’épidémie » afin d’éviter au système sanitaire de ne pas être totalement débordé - atteint aujourd’hui toutes ses limites et n’a pas d’issue. Face à ces atermoiements sans perspective, le risque s’accroît d’un « déconfinement » sans horizon à cette heure, mais sans nul doute sauvage et chaotique sous la double pression d’une situation de plus en plus insupportable pour une partie de la population (les plus pauvres et les plus précaires en particulier) et de la volonté du patronat aidé par ce gouvernement de remettre en route au plus vite la machine à profits…

Encore et toujours, nos vies plutôt que leurs profits !

À l’opposé, nous devons continuer à nous battre pour que notre santé, nos vies, passent avant la fuite en avant capitaliste, pour créer pour la suite les conditions d’un déconfinement qui ne tourne pas à la catastrophe sanitaire. Cela suppose des mesures d’urgence :
-  La réquisition des moyens de production permettant la fabrication des tests, des masques et de tous les matériels indispensables à la lutte contre la pandémie.
-  Le blocage de toutes les tentatives de redémarrage des activités non indispensable, tout en garantissant au personnels contribuant aux activités nécessaires un travail en sécurité.
-  Un collectif budgétaire immédiat pour permettre à l’hôpital, aux EHPAD, aux services sociaux de faire face : création de 120 000 postes de personnel soignant, ouverture des dizaines de milliers de lits fermés depuis une quinzaine d’année...

Confiner une partie de la population tout en poussant l’autre à retourner au boulot au mépris de toute garantie de santé publique, voilà la feuille de route que nous a promis Macron lundi soir. Mais nous ferons tout ces prochaines semaines pour que ce pouvoir ne connaisse pas « les jours heureux » que Macron a fait semblant de nous promettre tout en préparant l’inverse...

La société « d’après », ne la laissons pas à ceux qui ont présidé à celle « d’avant », au MEDEF et à ses hommes de main, aux Macron et aux Dupont. Cette dernière, dans le CO du jour, prétend vouloir réfléchir au jour « d’après ». Sur la question écologique (qui est en arrière-plan de la pandémie actuelle, car c’est bien la mise sous coupe réglée des écosystèmes par les capitalistes qui est en dernière instance la cause des pandémies actuelles), elle propose des “mesures de soutien à notre économie [...] porteuses de sens et s’accompagn[a]nt d’évolutions vers un modèle plus écologique”. Bref, si elle prétend vouloir mettre une pincée de capitalisme vert dans la marmite d’un capitalisme qui épuise les ressources fossiles de la planète, elle propose quand même de continuer à faire chauffer la marmite. Il faut au contraire renverser ce chaudron mortifère, puis construire une société écosocialiste en partant des besoins fondamentaux de l’humanité, établis démocratiquement et en tenant compte des limites que nous impose la nécessité absolue de préserver la biosphère terrestre. Un tout autre programme, et un programme d’urgence !

14 avril 2020, par NPA 49