En mai dernier, Macron déclarait vouloir « sortir le vaccin des lois du marché ». Aujourd’hui il en appelle à une « coordination mondiale sur la vaccination ». Une pure posture médiatique quand, à l’OMC, les représentant.e.s de la France, de l’Union européenne, soumis aux intérêts des trusts pharmaceutiques, refusent d’accorder aux États pauvres une dérogation temporaire aux accords sur les droits de propriété intellectuelle, afin de produire ce dont ils auraient besoin.
Des vaccins privatisés par les riches
Dans le monde capitaliste, on ne partage pas, on s’approprie au nom du profit. Alors que la vaccination est un enjeu central de la lutte contre la pandémie, la concurrence des laboratoires de Big Pharma conjuguée à celle des États constituent un frein majeur à l’extension des traitements, provoquant une pénurie de vaccins à l’échelle mondiale. Une pénurie mortelle pour les populations concernées mais qui arrange les firmes, car elle leur permet en réalité de faire monter les prix. Les pays pauvres doivent attendre pour être servis : un seul pays d’Afrique, les touristiques Seychelles, a commencé la vaccination.
Dans ce contexte, ce n’est ni Macron ni les autres dirigeants des pays riches, malgré leurs belles déclarations, qui peuvent inverser la tendance, tant ils sont au diapason des grands groupes pharmaceutiques. Ils préfèrent agiter la peur du gendarme et réprimer les libertés plutôt que de s’en prendre aux profits colossaux de ces grands groupes pour pallier la vacuité de leur politique sanitaire.
Les vaccins anti-Covid, bien commun de l’humanité
Il faut mettre un coup d’arrêt à la marchandisation de la santé par les grands trusts pharmaceutiques, déjà à l’origine de nombreux scandales sanitaires : Mediator, Dépakine… et qui constitue la première cause de défiance à l’égard des vaccins. Les vaccins autorisés, tout comme les médicaments, doivent devenir des biens communs.
Pour cela, il faut mettre fin aux brevets sur les vaccins et réquisitionner les usines des grands trusts pharmaceutiques, car tant que ces vaccins et leur production ne seront pas une propriété collective, la contradiction fondamentale entre le capitalisme, la recherche du profit, et nos besoins vitaux va continuer de s’aiguiser au détriment de notre santé. Il faut notamment imposer une licence obligatoire gratuite pour que, partout dans le monde, il puisse être fourni des vaccins gratuits à toutes les personnes qui en ont besoin, et pas seulement à celles et ceux qui en auraient les moyens ! Imposons un contrôle de la population sur les accords, les brevets, les essais cliniques, la pharmacovigilance, pour des vaccins et traitements sûrs et bien testés. Et dans un souci de transparence totale, les résultats des recherches doivent être rendus intégralement publics.
Mobilisation générale pour nos vies !
Il y a urgence à ce que ces vaccins puissent être produits massivement et soient rendus accessibles à tous les peuples du monde, le plus rapidement possible, car pour beaucoup, c’est bien une question de vie ou de mort.
Pour imposer cela, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes, en nous appuyant sur les travailleuses et travailleurs de la santé, de l’industrie pharmaceutique... Des initiatives commencent à se populariser. Ainsi, 46 organisations et plus d’une centaine de personnalités ont lancé un appel-pétition pour la réquisition des brevets sur les vaccins anti-Covid. Un appel qui vient renforcer l’initiative citoyenne européenne « Pas de profit sur la pandémie » (voir notre article “Brevets sur les vaccins anti-covid, Stop… Réquisition !”).
Ces appels constituent un premier pas dans la construction d’un large mouvement social contre les brevets des trusts pharmaceutiques, mais également pour opposer une réponse unitaire à l’ensemble de la politique sanitaire du gouvernement. Parce que nos vies valent toujours plus que leurs profits !
Lire également dans Libération la tribune cosignée par Bruno Canard : Zéro Covid : pour une stratégie sanitaire d’élimination du coronavirus
- lundi 8 mars à 15h40 : grève féministe dans le cadre de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Rassemblement à Angers à 15h40 place du Ralliement.
- Samedi 13 mars : manifestation à Nantes pour les 10 ans de Fukushima. SDN49 organise un car au départ de Angers place de la Rochefoucauld. Contact : busangers10ansfukushima@gmail.com
- vendredi 19 mars : journée mondiale de mobilisation des jeunes pour le climat.
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
La pétition Vidal Démission ! a collecté plus de 14000 signatures d’enseignants-chercheurs et chercheurs ce 22 février (voir le communique de “Université ouverte”). Le rejet des propos inacceptables et réitérés d’une ministre qui préfère occuper son temps à alimenter le discours d’extrême droite plutôt que de s’occuper des étudiant.e.s en difficulté est donc très majoritaire dans le milieu universitaire. Malheureusement, à l’occasion de la polémique médiatique, le fantasme de l’ennemi intérieur “islamo-gauchiste” propagé par les ministres Vidal, Blanquer et Darmanin se trouve “légitimé” dans une partie de la population. La déconstruction de ce concept fasciste est donc urgente. Côté sciences, on lira une étude instructive de D. Chavalarias, directeur de recherches au CNRS : “Islamogauchisme” : Le piège de l’Alt-right se referme sur la Macronie. Mais c’est côté politique qu’il faut aussi agir, en particulier pour éviter que la “politique” se résume au duel Macron-Le Pen. Face à la barbarie des fascismes et crypto-fascismes, la construction d’une alternative écosocialiste est toujours plus nécessaire.
À Angers, 650 manifestant.e.s (selon la police) ont répondu à l’appel intersyndical et interprofessionnel à manifester jeudi 4 février en matinée. C’est une participation inférieure à ce qui pouvait être attendu en cette occasion, et une nouvelle illustration des contradictions d’une période marquée par la crise sanitaire et l’absence de perspective positive pour le mouvement ouvrier. En grande partie, les militant.e.s venaient du secteur public et de différents secteurs en lutte, mais ils n’en étaient que des délégations. S’il y avait très peu d’étudiant.e.s et d’enseignant.e.s, on remarquait les intermittent.e.s qui ont animé et coloré (avec des ballons rouges) la manifestation, laquelle qui s’est terminée là où elle avait commencé, place du Ralliement.
Assiste-t-on à un retour à l’eugénisme médical de sinistre mémoire ? Est-ce le fruit du néolibéralisme utilitariste ambiant qui ne voit dans l’être humain qu’un outil économique, à éliminer dès lors qu’il perdrait cette fonction ? À entendre l’infectiologue et chef de service de l’Hôpital Bichat Xavier Lescure sur le Journal de France Inter du dimanche 24 janvier (voir en particulier à 12’40"), celui-là apparaît en tout cas avoir contaminé une partie du corps médical. Car dire que “ce qu’on vit après 80 ans c’est du bonus” (sic !) s’interroger pour savoir si “on peut encore s’autoriser ces bonus” et conclure “qu’il faut qu’on [la société] fasse des choix qui sont difficiles” est décidément très éloigné, non seulement du serment d’Hippocrate mais de toute humanité. Le comble est que ce médecin s’attribue sans honte “une vision globale du courage”. Ce mot “courage” est couramment employé par les capitalistes quand ils licencient leurs employé.e.s. Faudra-t-il que des médecins dévoyés l’invoquent pour refuser de vacciner ou soigner les patients qui ne sont plus utiles au productivisme capitaliste ?
Le dernier rapport d’Oxfam révèle comment, malgré la crise, les milliardaires les plus fortunés ont retrouvé leur niveau richesse d’avant la pandémie en seulement 9 mois alors qu’il pourrait falloir plus de 10 ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques de la pandémie.
La tendance est la même en France : les milliardaires français ont non seulement retrouvé leur fortune d’avant la crise mais ils se sont même enrichis : ils ont gagné 175 milliards d’€ entre mars et décembre 2020. C’est l’équivalent de deux fois le budget de l’hôpital public français. C’est aussi la 3ème plus forte progression de richesse après les États-Unis et la Chine ! Sur l’ensemble de l’année 2020, malgré la crise, la fortune de Bernard Arnault a augmenté de 44 milliards d’euros soit un bond de 41 %. Pendant ce temps, un million de personnes seraient tombées dans la pauvreté en France en 2020, selon les associations caritatives, et on compterait 8 millions bénéficiaires de l’aide alimentaire (+2,5 millions qu’avant la crise). Lire le communiqué d’OXFAM
Dans le secteur politique et syndical, la légion d’honneur est la récompense symbolique que l’État français attribue aux fidèles serviteurs du capitalisme et de l’impérialisme. Après la grand-croix attribuée au dictateur et tortionnaire égyptien Abdel Fattah al-Sissi, c’est toute une flopée d’individus baignant dans les eaux glacées du pouvoir qui se l’est vu attribuée pour la nouvelle année. La très angevine Christiane Lambert, porte-parole de la FNSEA et du capitalisme productiviste dans le champ agricole, est ainsi promue officier, aux côtés de PDG divers (L’Oréal, Le Petit Futé, Accor, Pernod-Ricard, Ariane Group...). Cela résume bien la politique macroniste, antisociale et anti-écologiste : ventes d’armes, pesticides, productivisme... L’alibi des récompenses attribuées à des artistes ou à des représentants du secteur de la santé ne saurait faire illusion, tant la culture et la santé sont par ailleurs maltraitées par le gouvernement. Tout un monde à changer en 2021 !