Solidarité avec les Tunisiens et Algériens en lutte !

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À la suite de l’immolation par le feu d’un jeune chômeur le 17 décembre, se déroule en Tunisie la révolte la plus importante depuis les «  émeutes du pain  » de 1984. Des révoltes similaires ont lieu en Algérie. Alors que les prix du sucre, de la farine et des céréales ont bondi de 20 à 30%, que le kilo de sucre qui valait 70 dinars (72 centimes) il y a peu, s’achète aujourd’hui 150 dinars (1,50 euro) que ceux qui ont du travail gagnent souvent moins de 1000 dinars, les populations n’ont plus d’autre choix que de se confronter à des pouvoirs autoritaires et corrompus, complètement intégrés au système impérialiste mondial et voulant leur faire payer le prix de la crise du capitalisme. Ben Ali, le dictateur tunisien, ose qualifier de "terroristes" les manifestants. Au contraire, notre sympathie est acquise aux travailleurs tunisiens et algériens en lutte ! Le NPA49 participera à toute initiative de solidarité avec les peuples tunisiens et algériens en Maine-et-Loire.


L’Intifada tunisienne

À la suite de l’immolation par le feu d’un jeune chômeur le 17 décembre, se déroule en Tunisie la révolte la plus importante depuis les «  émeutes du pain  » de 1984.

L’Intifada tunisienne est née dans un contexte de paupérisation de la population et de chômage de la jeunesse, notamment diplômée. Face à cela, une première réaction a été la fuite dans l’émigration, et pour des destinations qui en disent long, l’Algérie étant devenue pour certaines populations frontalières une terre d’exil économique. Une seconde conséquence a été le suicide de jeunes chômeurs dont plusieurs par immolation (onze suicides de chômeurs pour la seule ville de Bousalem en 2010). Une troisième en a été une remontée des luttes ouvrières, avec un pic de grèves en mars dernier et des révoltes pour l’emploi et contre le chômage. Ces dernières ont notamment secoué de janvier à juin 2008 la région du bassin minier de Gafsa-Redeyef et, en 2010, la ville de La Skhira ainsi que la région de Ben Guerdane.

Dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, une région agricole, les paysans de Regueb ont les premiers occupé les terres dont ils étaient menacés d’être chassés en juin dernier par les banques. Regueb, d’où vient la famille du jeune Bouazizi dont l’immolation, le 17 décembre, a été l’étincelle qui a mis le feu à la Tunisie.

Le mouvement est parti du centre du pays, mais actuellement la population manifeste partout spontanément pour l’emploi. Y participent de nombreux diplômés chômeurs et des syndicalistes. Le mouvement s’est élargi aux avocats, catégorie en pointe dans la lutte contre la dictature, et la reprise des cours devrait permettre l’entrée en lutte des lycéens et des étudiants, promis au chômage. Les manifestants réclament des emplois. Ils dénoncent la corruption, le parti au pouvoir, la «  Trabelsia  », c’est-à-dire la famille au pouvoir qui a pillé la richesse du pays. Ils exigent le départ de Ben Ali, président depuis 23 ans. Des locaux honnis sont attaqués, mis à sac ou incendiés  : police, garde nationale, stèles érigées à la gloire de la dictature, locaux des chefs-lieux de délégations.

La réponse du pouvoir est la même depuis 23 ans  : déploiement policier, arrestations, torture, procès et agressions physiques, notamment des journalistes et des avocats voulant briser l’omerta. Mais la révolte spontanée s’est transformée en résistance. Trois semaines après le déclenchement du mouvement, les populations continuent de descendre dans la rue, malgré les morts, les blessés et l’état de siège et en dépit de la faiblesse, voire de l’inexistence de l’auto-organisation.

La seule force qui maille le pays, faute d’opposition en capacité de le faire, est l’UGTT, la centrale syndicale unique. On retrouve en pointe dans les mobilisations les mêmes fédérations que celles qui avaient pleinement soutenu les inculpés de Gafsa-Redeyef  : enseignement, poste et télécommunications, certains secteurs de la santé, etc. Nombre d’unions locales et régionales soutiennent la population, mais ne l’organisent pas, comme l’avaient fait en 2008 les syndicalistes et les militants de Redeyef, permettant au mouvement d’être centralisé dans cette région, afin de se construire dans la durée. Reste à déplorer l’attitude de la direction confédérale de l’UGTT qui s’est désolidarisée officiellement de mobilisations organisées par certaines de ses structures et des slogans hostiles au régime qui y étaient scandés.

Ben Ali sait qu’il peut compter sur les puissances impérialistes. Pour sa part, le NPA est pleinement engagé dans l’élargissement du mouvement de solidarité qui s’est déjà manifesté à Paris, Londres, Genève, Montréal, Berne, Bonn, Munich et au Caire.


Algérie : déclaration du Parti socialiste des travailleurs (PST)

Tipaza, Alger , Oran, Djelfa, Batna, Béjaïa, Chlef, Bordj… les émeutes qui s’étendent à travers le pays soulignent l’échec de la politique suivie depuis plusieurs décennies et confirment que le choix du libéralisme contredit la prise en charge des besoins élémentaires des masses populaires.

Partout, les jeunes ont dit leur colère face à l’envolée des prix des produits de base, ils ont dit leur détresse devant l’absence d’un logement, ils ont dit leur désespoir devant la rareté des emplois, ils ont dit leur malheur dans une vie sans loisirs, dans un pays prison que l’Europe leur interdit de quitter, dans une société bloquée, en crise. Jeunesse si pauvre dans un pays si riche, ils ont aussi crié leur haine des nouvelles classes possédantes, leur refus de la corruption, leur rejet de l’humiliation et leur détermination contre la répression.

La tradition émeutière n’est pas nouvelle. Baraki et Diar Echems résonnent encore des batailles pour le relogement. Depuis plusieurs mois le mécontentement bouillonne. Dans les bagarres pour l’introuvable sachet de lait, dans la recherche d’une boulangerie ouverte, on disait sa rage devant ces milliards volés, devant ces cadeaux princiers faits aux émirs du golfe, aux roitelets algériens ou aux seigneurs d’Europe, tous, dispensés d’impôt.

A l’origine de l’explosion, l’augmentation du sucre, de l’huile et des produits d’épicerie. Le spectacle de la révolte légitime des jeunes de Tunisie a, bien sûr, inspiré Bab el Oued et Oran. La distribution des logements sociaux a ravivé la haine de la corruption. On nous demande d’attendre mais on voit les fortunes monter sans attendre.

Les augmentations de salaires obtenues dans le secteur public, après des années de luttes, de grèves, de répression, sont dérisoires pour les petites catégories, c’est-à-dire pour la majorité. Et ces augmentations qui ne sont pas encore appliquées partout sont déjà mangées par la hausse des prix. Les travailleurs du privé, ont rarement été augmentés.

Toutes nos conventions collectives doivent inscrire l’échelle mobile des salaires : quand les prix augmentent le salaire doit augmenter autant !

La valeur du dinar a été divisée par 20 depuis 1994, pour offrir des ouvriers algériens presque gratuits aux investisseurs. On chante la nouvelle religion de la liberté du marché mais, sur ordre du FMI, on a administrativement baissé le dinar pendant qu’on libère les prix ! Retour aux prix imposés par l’État, pour tous les produits de base.

Les revenus du pétrole sont dépensés dans des projets géants mais nos vieux ont été compressés et nos jeunes n’ont pas de travail. Les hommes d’affaires des grandes puissances aiment l’Algérie des grands contrats et nos jeunes la fuient sur des bateaux de fortune. Le tournant patriotique annoncé est contredit sur le terrain par des cadeaux aux émiratis et les promesses aux Européens. Il faut réorienter notre politique !

Nos investissements doivent viser le développement pour la satisfaction des besoins du peuple : logement, emploi, santé, transport, formation.

On reproche à nos jeunes leur violence désespérée. Mais le pouvoir laisse-t-il un autre moyen de se faire entendre quand l’association des tailleurs de pierre est privée d’agrément, quand un séminaire contre la violence faite aux femmes n’est pas permis, quand les marches, les grèves subissent la matraque et les poursuites judiciaires.

Pour les libertés d’expression, d’organisation, de manifestation et de grève !

Alger, le 06 janvier 2011

-  PST, 27 Boulevard Zirout Youcef, Alger.
-  Tel/fax ++213 (0) 21 71 47 72
-  Email Web : www.pst-dz.org

8 janvier 2011, par NPA 49