Faire cesser les provocations de l’extrême-droite !

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Afin de détourner l’attention de la population des problèmes sociaux et de leur propre discrédit, l’UMP et la droite extrême ne loupent pas une occasion de transformer les musulmans et les immigrés en boucs émissaires. Ce faisant, les Sarkozy, Guéant et autres Copé légitiment le discours du FN et ouvrent la voie aux actions racistes des groupuscules fascistes et néo-nazis.

L’intrusion d’« identitaires » portant des masques de cochon et lançant des slogans islamophobes au conseil municipal d’Angers du 8 avril est une inquiétante illustration de cette dynamique infernale. [1] Elle peut être mise en relation avec l’interview du 5 avril donnée par le maire de Cholet, G. Bourdouleix (CNI) au site internet “libéral-conservateur” d’extrême-droite “Nouvelles de France”. Est-ce en effet tout à fait un hasard si le blog “Anjou identitaire” s’est empressé de la reproduire intégralement ? Le guide suprême de Cholet n’hésite pas à y prôner le “protectionnisme migratoire” et à s’y répandre contre « l’immigration sociale », notamment des Tunisiens. On y “apprend” en particulier qu’il suffirait de venir en France pour y bénéficier d’aides sociales et d’une retraite “même si [les immigrés] n’ont pas travaillé (donc cotisé) une heure de leur vie chez nous”. Peut-on croire que M. Bourdouleix ignore qu’il faut maintenant, grâce à l’action de ses collègues Woerth et Sarkozy et grâce à son propre vote au parlement, pas moins 41,5 annuités de cotisation pour pouvoir espérer toucher une retraite à peu près décente à partir de 62 ans ? Tant de sottise prêterait à rire si ces délires émanaient d’un pilier de bar. Hélas, ils émanent d’un parlementaire et du maire de la seconde ville du département. La question est posée de savoir s’il existe une droite “respectable”. Celle de M. Bourdouleix (qui envisage de s’allier avec l’intégriste Christine Boutin aux élections présidentielles) est définitivement hors-catégorie.

Légitimée par la droite, confortée par la faillite de la gauche institutionnelle et les difficultés de construction de la gauche anticapitaliste, l’extrême-droite relève la tête. Elle tente de jouer sur les peurs contemporaines liées à l’évolution d’un monde de plus en plus perturbé par les mécanismes délétères de la mondialisation capitaliste. Comme dans les années 30, elle désigne à la vindicte le prolétaire “étranger”. De juif et “communiste”, celui-ci est devenu musulman et “islamiste” (même si l’antisémitisme reste sous-jacent dans la plupart des discours d’extrême-droite). Mêlant habilement un soupçon d’anticapitalisme purement formel et de “culturalisme” à ses vieux discours de haine, elle espère se gagner les faveurs de salariés et de jeunes désorientés par la crise. Comme l’écrit Enzo Traverso, « le discours raciste contemporain a connu une véritable métamorphose en abandonnant son orientation hiérarchique et racialiste [...] pour devenir différentialiste et culturaliste » [2]. Les « identitaires » qui ont perturbé le conseil municipal d’Angers ont bien pris soin de viser « l’Islam » et le projet actuel de construction d’une mosquée au nom de la “laïcité”. Ils insultent ainsi l’immigré maghrébin ou turc sans avoir besoin de faire référence à son origine ethnique. D’une part, ils évitent de tomber sous le coup des lois antiracistes, d’autre part ils peuvent espérer rencontrer l’assentiment des racistes inavoués. Cette pseudo-“laïcité” complètement pervertie et détournée de son sens originel est devenue l’étendard paradoxal de la nouvelle extrême-droite parce qu’elle lui permet de faire passer son racisme en contrebande. [3]

Contre l’extrême-droite et la droite qui lui pave le chemin, il faut réaffirmer l’égalité des droits de toutes et tous et l’unité des salariés contre leur véritable ennemi : le capitalisme. Cela passe par un travail de déconstruction du nouveau discours raciste et de mise en pratique des solidarités de classe. Cela passe par la construction d’une gauche anticapitaliste à tous les niveaux et notamment dans une Europe contaminée par le populisme de droite. Dans la rue, dans les entreprises, dans les têtes, ne laissons plus le moindre pouce de terrain à la bête immonde !

9 avril 2011, par NPA 49

[1] Sur cette intrusion, voir les articles du Courrier de l’Ouest et de Ouest-France parus le 8 avril.

[2] Enzo Traverso, La Fabrique de la Haine, Contretemps n°9, mars 2011, pp.25-29

[3] Ainsi Fabien Engelmann, renégat du NPA et de LO récemment exclu de la CGT après qu’il se fut porté candidat du FN aux cantonales, a-t-il commencé sa monstrueuse dérive politique dès le printemps 2010 après sa prise de contact avec le groupe islamophobe d’extrême-droite “Ripostes laïques” de Pierre Cassen. Son premier article signé sur le site de ce groupuscule date du 14 juin 2010, moins de trois mois après avoir été candidat aux régionales pour le NPA !