Mobilisations de la fin mai à Angers : échecs ou persistances du feu couvant sous la cendre ?

Partager

Les mobilisations du 28 mai (Contre le racisme, la politique d’immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-papiers “D’ailleurs nous sommes d’ici”, Solidarité avec le peuple syrien en lutte contre la dictature) ou du 31 mai (journée nationale d’action pour les salaires dans la Fonction publique) n’ont pas fait recette à Angers (de quelques dizaines à moins de 200 personnes). Au delà des choix contestables parfois faits par les organisateurs, ces échecs (partiels, car les plus militants se sont tout de même mobilisés !) sont la projection angevine d’un paysage politique difficile mais finalement contradictoire. À l’heure des mobilisations grecques et espagnoles, la situation pourrait bien, en effet, ne pas tarder à se retourner...

Samedi 28 mai en début d’après-midi, deux rassemblements angevins n’ont pas réussi à franchir le cap du symbolique. Celui contre le racisme, la politique d’immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-papiers relayant l’appel “D’ailleurs nous sommes d’ici” (voir le Communiqué du NPA appelant à cette mobilisation) n’a rassemblé qu’une centaine de militant(e)s. Il est vrai qu’aucun appel véritablement unitaire n’avait pu voir le jour à Angers. À l’heure où Marine Le Pen occupe le devant de la scène de médias complaisants, il est pourtant urgent de faire entendre d’autres voix ! Quant au rassemblement de quelques dizaines de personnes en solidarité avec le peuple syrien, convoqué une heure après le précédent, il souffrit de l’absence d’un texte d’appel (il avait été initié par quelques individus) et de l’absence complète de publicité, non seulement auprès des médias mais aussi auprès des associations et organisations ! Là aussi, la solidarité internationale doit mieux s’affirmer (voir Communiqué du NPA sur la Syrie).

JPEG - 111.5 ko

Trois jours plus tard, mardi 31 mai à 11h30, dans le cadre de la journée nationale d’action pour les salaires dans la Fonction publique, un rassemblement qui a, en tout, mobilisé moins de 200 personnes s’est tenu à Angers devant la Préfecture, à l’appel de l’intersyndicale Fonction publique du Maine-et-Loire (CGT, CFDT, Unsa, FSU, CGC, CFTC et Solidaires). Il n’y avait pas eu d’appel unitaire départemental à la grève et seuls les travailleurs d’Angers pouvaient matériellement y participer, sur leur pause déjeuner (un pique-nique militant avait d’ailleurs été prévu). Les seules véritables prises de parole ont été le fait de camarades CGT des secteurs hospitaliers où les appels nationaux à la grève avaient été partiellement relayés. En dépit de l’attaque majeure du gouvernement contre les revenus des travailleurs de la fonction publique (voir le Communiqué du NPA à ce propos), l’échec de la mobilisation intersyndicale était cette fois encore attendu. Le choix de l’intersyndicale de partir “battue d’avance” en n’appelant pas à la grève s’explique en partie par la proximité des élections professionnelles à l’automne, qui mobilisent toute l’énergie des équipes syndicales. Surtout, le contre-coup de l’échec de la mobilisation contre la loi Woerth-Sarkozy de démolition des retraites continue de tétaniser bien des militant(e)s.

À bien des égards, la désorientation politique paraît en effet à son comble. La lamentable affaire DSK renforce l’offensive démagogique de l’extrême-droite. Alors que le capitalisme se débat avec une crise financière sans fin et veut faire payer les créances des possédants par de nouvelles ponctions sur les salariés (au risque d’enfoncer l’Europe dans la récession), les perspectives qu’offriraient d’autres orientations économiques, écologiques et politiques sont soigneusement obscurcies. L’incapacité profonde des PS européens à défendre une autre politique que celle de l’UE et du FMI les rend inaptes à garder la majorité dans les urnes (Portugal, Espagne et Grèce), voire, dans le cas de la France, à remporter la bataille contre une droite pourtant passablement discréditée. Ceux qui rêvent d’un PS gauchi par l’apport d’une gauche réformiste un peu plus radicale s’illusionnent donc lourdement. L’urgence est plutôt de rassembler les anticapitalistes afin de donner un réel débouché politique aux luttes et révoltes qui naissent partout en Europe. Les Indignés espagnols ou grecs montrent la voie. Alors que les syndicats espagnols et grecs ne réussissent plus à mobiliser en raison de leurs complicités passées avec les partis sociaux-démocrates, les Indignés redonnent un souffle au mouvement social européen. Puisse ce souffle ranimer prochainement les braises qui, de ce côté des Pyrénées, couvent sous la cendre !

31 mai 2011, par NPA 49