État d’urgence : inefficace contre le terrorisme et attentatoire aux libertés

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L’état d’urgence, efficace pour interdire ou réprimer les manifestions écologistes (à l’occasion de la COP21) et syndicales (contre la loi travail), n’a pas empêché le monstrueux attentat de Nice. Mais c’est au nom de la lutte contre le terrorisme qu’il a été prolongé de 6 mois, avec le soutien ou la non opposition de tous les députés et sénateurs du Maine-et-Loire.

Selon une sénatrice comme Catherine Deroche, l’état d’urgence aurait échoué jusqu’ici contre le terrorisme parce que mal appliqué. Et pour étayer son affirmation, elle cite... Nuit debout ! et réclame l’interdiction des rassemblements "non sécurisés" (cf. Courrier de l’Ouest du 22 juillet 2016) De façon indécente, l’ancienne maire de Bouchemaine dévoile ainsi les intentions réelles des droites LR et PS : utiliser cyniquement les attentats criminels de Daech pour restreindre les libertés publiques et contenir le mouvement social.

Le NPA49 condamne ces dérives antidémocratiques et exige la levée de l’état d’urgence.

Sur 511 députés, 489 ont donc voté la prolongation pour 6 mois de l’état d’urgence (dont en Maine-et-Loire les LR M. Piron M. Laffineur, J.-C. Taugourdeau, les PS M. Goua et L. Belot et le maire de droite extrême de Cholet, G. Bourdouleix). Seulement 26 députés ont voté contre et 4 se sont abstenus (dont le PS frondeur-velléitaire angevin S. Bardy [1]).

Au sénat, l’état d’urgence a été également voté par 309 voix pour (dont en Maine-et-Loire les LR C. Deroche, C. Béchu [2] et le PS D. Raoul), 12 abstentions (dont la sénatrice EELV C. Bouchoux [3]) et 26 contre.

Ces votes répondent en grande partie aux exigences de la droite, elle même influencée par l’extrême droite ! Cependant, la droite a durci encore le texte au Sénat :
-  en ce qui concerne les personnes fichées S : internement administratif des français n’ayant qu’une seule nationalité et expulsion systématique des binationaux ;
-  la vidéosurveillance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 dans les cellules de prison des personnes poursuivies pour terrorisme ;
-  fermeture des lieux de culte décrétés “suspects” ;
-  interdiction des rassemblements dits “non sécurisés” (qu’on se “rassure” : ni les marchés de Noël, ni l’euro ni même les feux d’artifice du type “14 juillet” ne sont visés : il s’agira bien de mesures liberticides contre le mouvement social et syndical !)
-  “assouplissement” de l’armement des polices municipales

Les députés avaient auparavant durci le contenu de l’état d’urgence par deux mesures : la fouille des voitures et des bagages même sans autorisation du procureur et même si le propriétaire du véhicule refuse, et la fin de l’automaticité des remises de peines pour les condamnés à des délits liés au terrorisme.

Ces votes vont légitimer de facto la poursuite des dérapages racistes et anti-musulmans et le maintien d’un fort niveau de violences policières et de répressions judiciaires contre les manifestants et les militants écologistes, syndicaux, associatifs.

Tout cela alors que les résultats en terme de protection contre le terrorisme des 10 derniers mois vécus sous l’état d’urgence sont de plus en plus contestés et contestables. Enfin, cette loi adoptée le même jour que le passage en 49.3 de la loi travail sera accompagnée par d’autres décisions extrêmement graves. Comme le maintien de l’opération Sentinelles, soit 10.000 soldats sur le territoire, et l’augmentation du nombre de réservistes opérationnels à 50.000, qui ont pour mission d’accomplir toutes les tâches de l’armée et de la police à l’intérieur et à l’extérieur des frontières.

Les droites LR et PS (ainsi que le FN en embuscade) visent à nous habituer à vivre dans une société hypermilitarisée, avec une armée qui occupera les rues, les fêtes, les manifestations et les quartiers populaires, à vivre dans un État de plus en plus libéral dans ses choix économiques et de plus en plus autoritaire au niveau des droits et des libertés. Cette société inégalitaire et répressive, si elle se renforçait, ne pourrait qu’alimenter en retour de nouvelles sectes d’assassins psychopathes du type Daech.

Le NPA 49 avec toutes celles et tous ceux qui se mobilisent toujours, ne se résigne pas à cela et continuera la lutte pour une autre société, solidaire, démocratique et fraternelle.

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À lire sur la toile :
-  communiqué de la LDH : Une procédure d’exception pour une loi d’exception
-  communiqué du collectif « Nous ne céderons pas ! » : Et six mois de plus !

22 juillet 2016, par NPA 49

[1] Les arguments développés par S. Bardy montrent une certaine lucidité politique : inutilité de l’état d’urgence contre le terrorisme, danger de l’état d’exception permanent, nécessité à l’inverse de renforcer la démocratie... Aussi, pourquoi donc ne pas avoir voté contre ?

[2] C. Béchu prend soin de nous rassurer, toujours dans Le Courrier du 22 juillet : s’il a voté l’état d’urgence, “c’est pas de la com’”. Vraiment ?

[3] On appréciera la justification par C. Bouchoux de son absence d’opposition à l’état d’urgence : “je ne me voyais pas voter pour mais je ne souhaitais pas être contre, d’où l’abstention.” (CO du 22 juillet, page3)