Gouvernement et parlement nouveaux, politiques et pratiques anciennes... Résistance  !

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Le gouvernement “Philippe II” s’apprête à porter ses premiers mauvais coups. Si, sur le front de l’écologie, la tentative de remise en cause de l’interdiction des néonicotinoïdes a pour l’instant échoué, l’attaque sur le front social s’annonce d’une violence inégalée avec une casse systématique du droit du travail. C’est dans la rue que doit maintenant s’organiser la résistance !

Le gouvernement “Philippe II” est en place, ainsi que la nouvelle Assemblée. Pourtant, le remaniement ministériel imposé par les élections législatives a failli ressembler à une catastrophe : M. de Sarnez, F. Bayrou, S. Goulard et R. Ferrand ont été débarqués du gouvernement en raison des enquêtes en cours contre eux, puis M. de Sarnez a été écartée de la présidence du groupe Modem. Quant au nom de la ministre en charge de la casse du droit du travail, M. Penicaud, il apparaît dans l’enquête préliminaire pour favoritisme lors de la « French Tech Night », soirée de promotion du high-tech français organisée dans le cadre du salon CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas en janvier 2016 (à laquelle participaient E. Macron et... C. Béchu). [1]

Un gouvernement et une Assemblée aux ordres

Le second gouvernement d’E. Philippe se présente comme un « gouvernement d’experts ». Comme en Grèce en 2010 et en Italie en 2011, il s’agit de gouvernements de technocrates : des membres majoritairement inconnus de la population, recrutés pour leurs capacités supposées à gérer des dossiers pour le compte d’une politique décidée par en haut, et de cadres venus du privé ou de la haute administration. D’anciennes directrices de la SNCF, d’une maison d’édition, de Danone puis Dassault, un ancien directeur de grande école de commerce, une ancienne PDG de la RATP (M. Pénicaud, encore elle !), voilà un aperçu du parcours des ministres issus de la prétendue « société civile ». Ce gouvernement est fait pour être obéissant, prêt à faire passer les sales coups de Macron.

Pas de dissonances à l’Assemblée

Grâce aux ordonnances que le gouvernement entend prendre non seulement sur le code du travail mais aussi sur bien d’autres sujets (par exemple sur l’enseignement supérieur afin d’accélérer son démantèlement et sa marchandisation complète), le parlement n’aura même pas à donner son avis sur le contenu exact des mesures macronistes !

Du reste, cette Assemblée nationale est largement dominé par les godillots d’En Marche ! Et si le PS a décidé de ne pas voter la confiance au gouvernement, ses députés, comme ceux des Républicains, sont en train de se diviser entre ceux qui veulent voter pour, contre ou s’abstenir.

Enfin, dès qu’une voix un peu différente s’élève, elle est réprimée. Ainsi du côté de la France Insoumise, Danièle Obono, pour ne pas avoir cédé à l’injonction de dire « vive la France » sur RMC, a-t-elle subi un déchainement de haine raciste et nationaliste. F. Ruffin, qui a annoncé qu’il ne se paierait qu’au SMIC et a lancé le refus du port de la cravate à l’Assemblée, est attendu au tournant et jusqu’à son simple nom est censuré par la direction de “Les Échos” !

La canicule mais une pluie d’attaques

Une répression encore plus abjecte s’est abattue sur les militants de Rennes dans l’affaire du policier ayant visé une manifestation avec son arme : cinq peines de prison ont été prononcées, jusqu’à 16 mois, notamment pour des refus de prélèvement ADN, et en particulier pour un jeune relaxé des accusations portées contre lui !

Cette répression a pour objectif de nous préparer à un déferlement d’attaques. On connait celles contre le droit du travail, prévues par ordonnances. Le passage de nombreuses mesures de l’état d’urgence dans la loi. Maintenant ils prévoient l’augmentation de la CSG de 1,7%, des privatisations (Bruno Le Maire a déclaré : « Nous engagerons un plan de cession de certaines participations de l’État (…) Cela immobilise inutilement de l’argent public »). Le désordre autour du bac (matières à repasser, refus d’inscriptions dans les universités, tirages au sort dans certaines filières…) a pour objectif de préparer l’opinion à la casse de ce qui reste du Bac comme premier diplôme de l’enseignement supérieur et à la mise en place de la sélection dans les universités.

Mais, bien sûr, personne n’aura pris la mesure de ce que la canicule de ces derniers jours révèle comme danger climatique pour les prochaines décennies… Et ce n’est pas N. Hulot qui sera un barrage au productivisme irresponsable porté par la quasi-totalité des ministres du gouvernement. L’affaire des néonicotinoïdes l’illustre d’ailleurs pleinement : si E. Philippe a finalement choisi de retirer ce point de l’ordre du jour, c’est pour des raisons tactiques à la veille de la nouvelle loi travail, et pas à cause de l’opposition des plus molle de son ministre de “l’écologie”... [2]

Il est temps de lancer la contre-offensive. Les rassemblements du 19 à l’appel du Front social et du 27 à l’appel de la CGT sont de premières pierres, l’heure à la construction d’une riposte unitaire massive. Résistance !

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Nota bene : au niveau national, un collectif unitaire contre la nouvelle loi travail et les ordonnances est en cours de constitution autour d’un texte d’appel intitulé « Pour un Code du Travail protecteur des salarié.e.s, non à la loi travail XXL ! ». L’appel devrait être rendu public la semaine prochaine.

28 juin 2017, par NPA 49

[1] Cette enquête préliminaire a été ouverte en mars par le parquet de Paris. Elle vise l’organisme “Business France” que M. Pénicaud a dirigé pendant 3 ans pour délit de favoritisme, complicité et recel lorsqu’il s’est affranchi de la procédure d’appel d’offres en confiant pour 382 000 euros mais sans aucun cadre juridique à l’agence Havas une grande partie des prestations d’organisation de la « French Tech Night ».

[2] E. Macron paraît aussi avoir décidé “d’oublier” sa promesse de taxe européenne sur les transactions financières lors du sommet européen du 22 juin. Or, cette taxe devait justement servir à la prétendue “transition écologique”. Le “capitalisme vert”, cela ne marche décidément pas !