8 mars 2018 : touTEs en grève et en lutte pour les droits des femmes !

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Pour la deuxième année consécutive, le (jeudi) 8 mars donnera lieu à une grève internationale des femmes à l’appel d’un ensemble de syndicats, associations féministes, ONG (en France : CNDF, CGT, FSU, Solidaires, Action Aid France Peuples Solidaires, Femmes Egalité, UNEF, Chiennes de garde, Encore féministes, Zeromacho, Réseau Féministe « Ruptures », Le Planning Familial, MNCP, ATTAC, femmes libres (radio libertaire), Marche Mondiale des femmes France, UNL, OLF…) et organisations politiques. Dans le contexte créé par #metoo et la juste dénonciation des violences faites aux femmes, il s’agit aussi de rappeler que ces violences sont le résultat d’une société où capitalisme et patriarcat se combinent pour maintenir un système de domination surexploitant les femmes.

Sifflées, battues, violées : y’en a assez !

La parole des femmes dénonçant les violences commence à être entendue notamment avec le mouvement #metoo. L’ampleur des violences commises est enfin dévoilée : 100% des femmes harcelées dans les transports publics, plus de 80 000 femmes violées par an, 1 femme sur 5 victimes de harcèlement sexuel au travail, 1 femme qui meurt tous les 2,5 jours sous les coups de son (ex) conjoint en France (et du côté de la douceur angevine, ce n’est pas mieux : deux femmes assassinées par leurs conjoints viennent de faire, à quelques jours d’intervalle, les titres de la presse locale). Il ne s’agit pas de faits divers isolés, mais d’un système global de domination des femmes maintenu par cette violence physique.

Sous payées, précarisées, surexploitées : y’en a assez !

27% de moins sur les salaires, 42% de moins sur les retraites, 80% des temps partiels, 65% des bas salaires : les femmes constituent une part sous-payée du salariat, ce qui tire les conditions de touTes vers le bas. À cela s’ajoutent les tâches ménagères effectuées gratuitement à 80% par les femmes. Capitalisme et patriarcat se combinent pour maintenir un système de domination surexploitant les femmes et permettant la prise en charge à très faible coût de taches sociales indispensables.

Austérité dans les services publics : y’en a assez !

Les restrictions budgétaires dans les services publics ont des conséquences directes sur les femmes, qui en sont les principales usagères et la majorité des employées. Les conditions de travail dans les métiers d’aide à la personne, en particuliers dans les hôpitaux et les EHPAD sont devenues insupportables. Les places en crèches et la prise en charge de la perte d’autonomie font cruellement défaut et repose donc principalement sur les femmes. Les 120 000 suppressions de postes annoncées vont encore aggraver la situation.

Femmes du monde entier : solidarité !

L’appel à la grève du 8 mars est un appel international. On a vu ces dernières années des attaques frontales contre le droit à l’IVG en Espagne, en Pologne, aux États-Unis. Heureusement, les mobilisations des femmes ont permis de contrer ces reculs (même si en Pologne, le mobilisation n’a permis que de préserver les quelques exceptions -cas de viols et mises en danger de la mère- à la prohibition de l’IVG). Aujourd’hui en France, nous sommes aussi mobilisées en solidarité avec les femmes migrantes qui fuient des situations de guerre, de violences, de famines. Nous sommes pour un accueil inconditionnel de touTEs les migrantEs.

En lutte, en grève : pour que ça change !

Les femmes sont les mieux placées pour dénoncer ce qu’elles subissent et définir leurs priorités de lutte. Nous devons nous organiser dans des collectifs, des associations, des assemblées comme le mouvement metoo, dans les syndicats, les partis… L’oppression des femmes ne reculera que si nous la combattons, nos droits ne progresseront que si nous nous battons pour eux ! Nous avons besoin d’un mouvement féministe fort, combatif, inclusif, lié au mouvement social.

Les reculs sociaux majeurs orchestrés par ce gouvernement menacent la grande majorité de la population, pour continuer à enrichir une minorité de privilégiés liés à ceux qui nous gouvernent. Dans le flot de ces reculs, les femmes sont parmi les plus touchées (notamment par la destruction du Code du travail). C’est pourquoi, dans la suite du 8 mars, nous appelons à participer à la Marche des Solidarités le samedi 17 mars à Paris contre le projet de loi « immigration-asile » et à faire grève et manifester le jeudi 22 mars pour défendre la fonction publique.

Le 1er mars 2018

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ANNEXE :

Pour l’égalité professionnelle, nous voulons des actes

Communiqué commun

CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, UNSA, SOLIDAIRES

Le mouvement déclenché par la révélation des violences sexuelles subies par des actrices dans le cadre de leur travail a permis de rendre visible l’ampleur des violences sexistes. Nos organisations syndicales alertent sur la nécessité d’agir globalement sur les questions d’égalité professionnelle et sur les violences au travail, dans le public comme dans le privé.

Le Président de la République a annoncé faire de l’égalité femmes/hommes une grande cause nationale. Nous en prenons acte, mais pour cela, il faut des mesures ambitieuses, des moyens humains et financiers à la hauteur de l’enjeu, des dispositifs contraignants et une évaluation de toutes les politiques publiques à l’aune de l’égalité.

Si nos organisations sont elles-mêmes engagées de longue date dans ce combat pour l’égalité, nous soulignons aujourd’hui la nécessité d’intensifier la mobilisation de nos militant.es, d’amplifier nos actions en faveur de l’égalité professionnelle et de faire progresser la mixité au sein de nos organisations.

A l’occasion du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous interpellons le gouvernement autour des propositions suivantes :

1. Assurer l’égalité salariale et professionnelle

Dans le public comme dans le privé, ce sont les 26% d’écart de rémunération [1], qu’ils soient liés à la carrière, à la part variable de la rémunération, à la dévalorisation des métiers à prédominance féminine, ou au temps de travail, qu’il faut neutraliser. Il faut pour cela :
-  Rendre effectives les sanctions pour les employeurs qui discriminent et passer, comme en Islande, d’une obligation de moyens à une obligation de résultats. Donner à l’Inspection du travail les moyens humains pour garantir l’application de la loi et affecter le produit des pénalités à un fond en faveur de l’égalité professionnelle.
-  Limiter le recours aux contrats à temps partiels et aux contrats précaires en les rendant financièrement dissuasifs pour les employeurs et en améliorant la protection sociale des salarié-es.
-  Lutter contre les inégalités de carrière. Renforcer et rendre obligatoire les indicateurs permettant d’identifier et de supprimer les mécanismes de plafond de verre.
-  Assurer la mise en œuvre de la loi qui prévoit un salaire égal pour un travail de valeur égale par une juste reconnaissance salariale des qualifications et des compétences dans les classifications. Revaloriser les métiers à prédominance féminine (santé, éducation, administratifs, propreté, services à la personne…) dans le privé comme dans le public.
-  Promouvoir la mixité des métiers et des filières scolaires et universitaires. De l’école à l’entreprise, lutter contre les stéréotypes de genre, notamment par des formations dédiées.

2. Promouvoir une parentalité partagée

Il faut :
-  Mettre en place un temps de travail et une organisation du travail permettant à toutes et tous une bonne articulation de leur vie personnelle et professionnelle. Limiter les horaires atypiques (dimanche, soir et nuit, horaires morcelés…)
-  Augmenter l’indemnisation du congé parental et le calculer en pourcentage du salaire pour permettre une parentalité partagée. Allonger le congé paternité et le rendre obligatoire. Le congé maternité doit être étendu à toutes les travailleuses quel que soit leur statut et allongé à 18 semaines comme le préconise l’Organisation Internationale du Travail (OIT).
-  Développer les lieux d’accueil accessibles pour la petite enfance et répondre aux problèmes liés à la perte d’autonomie en renforçant les services publics avec des emplois stables.

3. Lutter contre les violences sexistes et sexuelles

Nous nous félicitons que, suite à notre mobilisation, le Gouvernement français ait fait le choix de soutenir l’adoption d’une norme de l’OIT contre les violences sexistes et sexuelles et nous demandons à ce que la France mette en œuvre les mesures suivantes :
-  Faire de la prévention des violences sexistes et sexuelles un sujet obligatoire de négociation et mettre en œuvre des sanctions pour tous les employeurs qui ne disposent pas de plan de prévention et de procédure sécurisée pour les victimes et témoins.
-  Protéger l’emploi et la carrière des victimes, que les violences aient un lien avec le travail ou non, en mettant en place sur présentation d’un certificat médical le droit à des aménagements d’horaires, de poste, des congés, une mobilité fonctionnelle ou géographique… La prise en charge médico-sociale et psychologique des victimes doit être effectuée sans frais.
-  Former l’ensemble des professionnel.les (RH et des manageurs, inspecteurs et inspectrices du travail, magistrat.es, personnels de santé, d’éducation et de sécurité…), et les représentant.es du personnel. Mettre en place une sensibilisation annuelle obligatoire de tou.te.s les salarié.e.s sur leur temps et lieu de travail.
-  Dans le public comme dans le privé, maintenir les missions et moyens des IRP en matière d’Hygiène, de santé et sécurité au travail, et mettre en place des référent.es formé.es et indépendant.es de l’employeur pour accompagner les victimes et alerter les employeurs.
-  Étendre les prérogatives des Commissions Paritaires Régionales Interprofessionnelles (CPRI) à la prévention du harcèlement et des violences sexuelles et celles des conseillers du salarié-e à l’accompagnement des victimes.
-  Allonger les délais de prescription des licenciements commis suite à des discriminations ou à des violences sexuelles au travail.
-  Débloquer les moyens humains et financiers pour permettre aux structures d’aide aux victimes de violences de jouer leur rôle, et notamment à l’AVFT, seule association d’accompagnement des femmes victimes de violences au travail, contrainte de fermer son accueil téléphonique faute de moyens.

1er mars 2018, par NPA 49

[1] Source : DARES 2016. Si on mesure les femmes par rapport aux hommes, il faudrait même parler de 34% d’écart. Source Jean et Nicole Gadrey, 2017