Contre l’expédition militaire d’Erdogan, soutien au Rojava !

Partager

Erdogan a donc mis ses menaces à exécution, en lançant une nouvelle opération militaire d’ampleur contre l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES, Rojava), avec une invasion terrestre et des bombardements sur les villes frontalières de Serekanye, Tall Abyad et même Qamishlo, la capitale du Rojava. L’objectif est clair : détruire la zone d’autonomie créée par les Kurdes, qu’Erdogan ne peut voir que comme une menace pour son pouvoir et son projet nationaliste, alors qu’il a été mis en difficulté lors des dernières élections municipales.

L’annonce faite par Trump du retrait des troupes US de la zone tampon située entre la Turquie et la zone sous contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS), quand bien même le président des États-Unis serait revenu en partie sur ses déclarations, a été prise comme un feu vert donné à Erdoğan pour commettre un nouveau massacre.

L’expérience du confédéralisme démocratique en plein chaos syrien est, malgré ses difficultés et ses limites, porteuse d’un espoir pour toute la région. Le développement du multiconfessionnalisme, le respect de l’autonomie des nationalités, les avancées concernant les droits des femmes rendent son existence intolérable pour l’autocrate Erdoğan.

Nous ne pouvons être indifférents au sort des populations qui vivent sur ce territoire, ainsi qu’à celui des combattantEs des Unités de protection du peuple (YPG) et des FDS en général. Les victimes pourraient se compter par milliers, et les risques d’enlèvements, d’extorsions, de viols et de massacres sont là. Lors de l’invasion d’Afrin l’année dernière, ce sont des milliers de personnes qui ont été tuées ou qui sont portées disparues.

Le NPA exige l’arrêt immédiat de l’opération militaire de la Turquie, qu’il s’agisse de l’invasion terrestre ou des bombardements.

Le NPA revendique le fait que le PKK soit retiré de la liste des organisations terroristes, ce qui est un axe majeur de la communication et de la politique de la Turquie pour justifier l’écrasement des populations kurdes, d’un côté comme de l’autre de la frontière.

La question des sanctions contre la Turquie d’Erdogan doit également être posée.

Le NPA appelle à construire, partout en France, la solidarité, et sera partie prenante des initiatives organisées en soutien aux populations du Rojava.

En Anjou, le NPA49 appelle toutes et tous à participer au rassemblement unitaire qui se tiendra ce samedi 12 octobre à 15h, place du Ralliement à Angers

Halte à l’agression impérialiste de l’État turc d’Erdoğan !

Solidarité avec les populations du Rojava !

---

Interview de Murat Polat, du Conseil démocratique kurde en France, réalisée par Mireille Court, transcrite et réduite par la rédaction de L’Anticapitaliste (journal du NPA).

Depuis deux jours, on a la mauvaise nouvelle de voir que Erdoğan, pris de ses folies, a commencé à attaquer le Rojava, a commencé à bombarder le Rojava avec son aviation. Comme on a pu voir, ça fait suite aux annonces de Trump de retirer l’armée américaines. Ça se traduit directement par un feu vert pour Erdoğan pour attaquer les Kurdes.

Les raisons d’Erdoğan sont multiples. Erdoğan a tout fait via les djihadistes pour attaquer les Kurdes mais ça n’a pas fonctionné. Il a tout fait sur la scène internationale pour bloquer les Kurdes, ça n’a pas vraiment marché. Et aujourd’hui, n’ayant pas abouti au niveau de son programme avec les djihadistes, il va lui-même combattre les Kurdes. Deuxième raison, Erdoğan est en très grande difficulté en Turquie et sur la scène internationale. Il a besoin de diversion pour qu’on arrête de le critiquer. Il a besoin de se créer un ennemi et les Kurdes malheureusement sont un peu l’alibi idéal pour Erdoğan.

Dès l’annonce de Trump de retirer ses troupes, la communauté kurde, les camarades se sont rassemblés dans les différentes associations. Nous étions sûrs qu’Erdoğan allait attaquer. On a fait plusieurs manifestations, déclarées ou pas, parce qu’il fallait agir dans l’urgence. On a de notre côté, chacun essayé de faire bouger les choses, en appelant des camarades, tous ceux qu’on estimait pouvoir faire bouger, pour qu’il y ait des réactions.

L’heure est à la mobilisation

Maintenant, il faut qu’on bouge encore plus. On a prévu de se rassembler samedi à 14h place de la république [à Paris ; à Angers, rassemblement à 15h au Ralliement] parce qu’au-delà des paroles, il faut des réactions, parce qu’Erdoğan, lui, agit. Trump, avec des sauts d’humeur, joue avec la vie de la population du Rojava. On ne peut pas l’accepter. C’est à nous, la communauté kurde, les camarades, ceux qui s’estiment un minimum liés avec ce qui s’est passé au Rojava, dans cette lutte contre Daesh d’agir, de faire entendre notre voix, de dire stop à Erdoğan, stop à la guerre qu’il veut créer.

Les Kurdes du Rojava ont résisté pour pouvoir proposer une alternative aux différentes sociétés qui étaient sur place. Ça s’est traduit par une société multi culturaliste, une société où on a des décisions qui sont prises par les différentes communautés, et où on fait intervenir à chaque fois un homme et une femme, essayer d’avoir une égalité. On a essayé de mettre ne place une démocratique radicale, où les décisions doivent être prises par la population. On met aussi en avant l’égalité hommes femmes, l’écologie et les différentes cultures qui pouvait y avoir en place. On n’a aucune difficulté par rapport à d’autres ethnies ou confessions, au contraire, on a réussi à la transformer en avantage dans cette façon de réorganiser la vie sur place.

Quand on regarde la situation avec les différentes forces impérialistes, c’est tout à fait l’opposé par rapport à ce qu’il faudrait : ils ont besoin de société où il y a une dictature, une personne décide, où on a à négocier avec une seule personne. C’est beaucoup plus difficile que de négocier avec toute une population. Ça n’avait pas beaucoup de fans au sein des différentes forces impérialistes, les occidentaux, et encore moins en Turquie avec Erdoğan qui est l’image même de la dictature. On le qualifie de fascisme vert, fascisme parce qu’il est complètement opposé aux Kurdes, aux différentes ethnies, et vert parce qu’il utilise l’Islam radical pour pouvoir écarter les autres confessions voire même les autres visions de la religion au sein même de l’Islam.

C’est donc tout à l’opposé de la vision des choses d’Erdoğan, ce qui donne une raison de plus pour Erdoğan d’attaquer le Rojava.

11 octobre 2019, par NPA 49