8 mars 2020 : Féministes tant qu’il le faudra !

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La journée internationale pour les droits des femmes s’est déroulée cette année dans un lourd contexte d’attaque gouvernementale contre les retraites et de dégradation accélérée des services publics, qui frapperont en particulier les femmes, et des provocations patriarcales dont la cérémonie des César et ses suites ont donné l’exemple. Les revendications des femmes n’en sont que plus radicales, comme l’a montré à son échelle la marche nocturne non mixte appelée samedi 7 mars à Angers par le collectif Émancipation.

Environ 250 femmes ont défilé à partir de 19h, place du Ralliement. La manifestation, des plus dynamique, a emprunté la rue d’Alsace, le BD Foch, la rue Saint-Aubin, la rue Plantagenet, la rue St-Laud avant le retour au point de départ par la rue Lenepveu.

Dans la déclaration liminaire, le Collectif Émancipation a rappelé que les luttes féministes ne sauraient se limiter à une journée d’action et passent par une lutte contre un système capitaliste aux conséquences écologiques et humaines désastreuses.
-  De là, un soutien aux luttes dans tous les secteurs d’activité, et notamment ceux où les femmes sont le plus exploitées : santé, hôtellerie, nettoyage, éducation, grande distribution, etc.
-  De là, une mobilisation contre les attaques violentes menées par le gouvernement. Celles-ci ont en effet des répercussions dramatiques sur les femmes : retraites, logement, services publics, APL, attaques racistes et islamophobes…

Et cela trace le programme de la résistance féministe à construire ou à renforcer :

Refuser une réforme des retraites qui frapperait durement les femmes
-  Les femmes occupent une place importante dans la mobilisation pour nos retraites. Elles seront parmi les plus impactées : prise en compte de toute la carrière donc y compris des temps partiels et des congés parentaux, suppression d’annuités considérées comme cotisées, pension de réversion… Alors que déjà les pensions des femmes sont inférieures de 42 % à celles des hommes et que ce sont elles qui perçoivent majoritairement le minimum vieillesse, la réforme va très nettement dégrader leur situation. Pour touTEs et pour les femmes en particulier, il faut revenir à une retraite à taux plein à 60 ans (55 ans pour les métiers pénibles) après 37,5 années de cotisations.

Lutter pour un service public de la santé, l’égalité salariale, les conditions de travail
-  Les femmes sont largement présentes dans la mobilisation de la santé. Infirmières, aides-soignantes, cheffes de services… elles subissent les salaires dévalorisés, les horaires décalés, les conditions de travail extrêmement difficiles. La course à la rentabilité à laquelle sont soumis les hôpitaux a engendré une crise majeure. Partout dans le monde du travail, les femmes font face à la précarité, au chômage, aux bas salaires, à la dévalorisation de leurs métiers, à la pénibilité croissante... L’égalité salariale et de carrière, la fin des discriminations, de la précarité, des temps partiels imposés, sont des conditions nécessaires à l’autonomie financière des femmes et donc à leur émancipation.

Partager les tâches domestiques et développer les services publics
-  En plus de travailler, les femmes assument encore une très large part des tâches domestiques. Ce travail reproductif est effectué gratuitement, représentant des économies considérables sur le dos des femmes. Une part de ces tâches doit être prise en charge collectivement par un véritable service public de la petite enfance et de la perte d’autonomie par exemple. Mais il faut aussi réduire significativement le temps de travail hebdomadaire pour permettre un meilleur partage de tâches.

Éradiquer les violences sexistes et sexuelles
-  Dans le monde entier, une mobilisation est en cours contre les violences sexistes et sexuelles et contre cette société capitaliste et patriarcale qui génère les violences physiques mais aussi économiques, sociales, psychologiques… Ici, alors que le César du meilleur réalisateur vient, de façon provocatrice, d’être attribué à Polanski, coupable de violences répétées contre des femmes dont des mineures, le 8 mars doit être l’occasion de faire le lien avec la mobilisation du 23 novembre dernier pour dire “stop” à toutes les violences contre les femmes et les minoriséEs de genre.

Ce dimanche 8 mars 2020 et les journées qui ont précédé ont été l’occasion de nous mobiliser contre toutes les discriminations visant les femmes, les lesbiennes, les trans, contre toutes les violences sexistes, contre le gouvernement, contre cette société capitaliste et patriarcale. Dès demain, continuons à nous battre pour nos droits, pour l’émancipation de toutes et tous !

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Post scriptum : La répression a lourdement frappé la manifestation parisienne non-mixte d’hier soir partie de la place des Fêtes. Place de la République, la police a chargé, matraqué et nassé le cortège, afin de refouler tout le monde dans le métro... Même Marlène Schiappa s’est sentie obligée d’interpeller le sinistre Castaner, qui va “demander un rapport”... D’après le site du Monde, la maire A. Hidalgo a protesté aussi. Notre presse locale (CO, OF) du dimanche est quant à elle muette sur la manifestation non-mixte d’hier soir à Angers. Parler des mobilisations féministes un 8 mars était sans doute trop radical !

Post-post scriptum du 9 mars : le Courrier de l’Ouest rend finalement compte le 9 mars de la manifestation du 7 mars. L’article -globalement hostile et méprisant- ergote sur l’intitulé “journée internationale des droits des femmes” qui est pourtant la dénomination couramment utilisée en France et prétend faussement, mais avec assurance, que celle de l’ONU serait “Journée internationale de la femme”. En réalité, l’ONU utilise le pluriel : “Journée internationale des femmes” depuis que ses traducteurs se sont aperçus, en 2016, que dans “Women’s day”, “Woman” était au pluriel ! En outre, ce n’est pas l’ONU, organisation internationale des États bourgeois, qui fut à l’origine de cette journée mais le mouvement ouvrier socialiste (aux USA et en Allemagne notamment) au début du 20e siècle... Un peu de formation historique et féministe ne ferait pas de mal à certains journalistes mâles !

8 mars 2020, par NPA 49