Environ 600 personnels de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur ont manifesté à Angers ce mardi 26 janvier à l’appel des CGT, FSU, FO, Solidaires, UNEF et UNL. Parti de la place Imbach après 10h30, le cortège - qui comptait beaucoup d’assistants d’éducation et d’AESH - s’est dispersé devant la préfecture après plusieurs prises de parole dénonçant à la fois la politique et l’incurie et des ministres Blanquer ou Vidal et du gouvernement.
Blanquer, Vidal et Cie ont raté leurs examens. Qu’ils dégagent !
Depuis un an, chaque épreuve est lamentablement ratée par la clique au pouvoir : les masques et le gel, les tests, les moyens dans la santé, la campagne de vaccination...
Le profit avant tout !
Systématiquement, le choix a été fait de sauver le privé du CAC40, de faire des économies dans les services publics et dans les protections sanitaires, quitte à mentir à la population. Les mesures autoritaires et liberticides ont accompagné cette séquence du début à la fin, avec pour conséquence des atteintes graves à la liberté d’expression et la multiplication des violences policières. La politique vaccinale est guidée par le profit à court terme, au mépris des besoins réels, qui pourraient être pourvus si les brevets étaient levés et le vaccin produit à moindre frais par des entreprises publiques et vendu à prix coûtant. Et pendant le temps perdu, la situation sanitaire ne cesse de se dégrader avec la diffusion massive des nouveaux variants anglais et sud-africain. Il y a de fortes chances que nous arrivions à une explosion des contaminations et à une saturation des hôpitaux à moyen terme.
L’éducation nationale n’échappe pas à cette faillite…
La gestion de la crise dans les établissements scolaires témoigne de cette politique. Les « heures Covid » semblent s’être perdues dans les méandres de l’administration, les protections manquent cruellement, le personnel de nettoyage en nombre insuffisant ne peut pas procéder convenablement à la désinfection et à l’aération des locaux, et la campagne de dépistage est déjà un lointain souvenir. Il n’y a pratiquement plus d’enquête lorsqu’un cas est détecté et, parfois, les malades ne sont mis à l’isolement que plusieurs jours après l’apparition des premiers symptômes. Un seul mot d’ordre : tout-va-bien ! Pire encore, sur le plan éducatif, depuis la mise en place des demi-groupes en lycée, la moitié des élèves n’ont tout simplement plus qu’un demi-emploi du temps, perdant ainsi beaucoup d’heures, le distanciel ne remplaçant que très mal de véritables cours. Aucune embauche n’a été faite pour suivre sérieusement l’ensemble des élèves et permettre d’accompagner celles et ceux qui rencontrent des difficultés scolaires, sociales ou familiales.
L’université est placée en coma artificiel, et les étudiant.e.s avec...
À l’université depuis les vacances d’automne, en application de l’article 34 du Décret n° 2020-1310, tous les enseignements de type cours ou TD sont censés être à distance, alors même que les connexions des étudiant.e.s sont souvent déficientes et que le “distanciel” induit un décrochage massif des plus fragiles. Dans le même temps, les classes préparatoires et les grandes écoles continuent de fonctionner “normalement”. Au nom de la - très réelle - crise sanitaire, c’est une nouvelle attaque contre le droit à l’enseignement des enfants de la classe travailleuse qui est engagée. Après les suicides ou TS d’étudiant.e.s et pressentant la colère qui sourdait, la ministre Vidal a fait fin décembre des annonces médiatiques de rentrée en “présentiel” dès janvier. Des circulaires (illégales avant la modification du décret) ont été envoyées aux établissements mais sans moyens supplémentaires pour remplir les conditions sanitaires et cela s’est traduit par : rien ! Le président Macron a lui aussi fait part aux médias de sa décision d’ouvrir les universités une journée par semaine aux étudiants. Outre, encore une fois, l’absence de tout cadre légal à cette décision du prince (“État de droit” disait-il ?), c’est son caractère irréalisable qui doit être souligné. Un jour sur cinq ? Pour 20% de diplôme ? Au-delà des discours aux médias, il faut d’urgence donner aux universités les moyens réels de réassurer à tous les étudiant.e.s un suivi et une aide pédagogiques.
Mobilisons-nous encore plus après ce 26 janvier !
La journée de grève du jour a au moins permis au personnels de l’éducation et de l’ESR de se retrouver, de partager les réalités vécues et de formuler ensemble des revendications.
Dès demain, il faudra imposer dans l’éducation nationale :
- une embauche massive de personnels d’enseignement, de vie scolaire, médico-sociaux, administratifs et techniques ;
- un réel dédoublement des classes, avec une prise en charge de 100 % des heures en présentiel, une mise à disposition de locaux par les collectivités, et du personnel ;
Dans l’enseignement supérieur, il faut a minima :
- un réinvestissement massif dans les universités et les CROUS ;
- la réouverture complète des universités avec un protocole sanitaire renforcé ;
- des PC et une connexion internet pour toutes et tous ;
- la mise en place du RSA pour les moins de 25 ans.
Dans tout le secteur éducatif, il est nécessaire d’imposer :
- une campagne générale de vaccination auprès de toute la communauté éducative ;
- la mise à disposition permanente de masques, gel et tests gratuits.
Ce sont les seuls moyens d’éviter un reconfinement généralisé qui serait destructeur pour les élèves, les étudiant.e.s et les personnels et qui rendrait encore plus difficile l’accès à l’enseignement pour les plus précaires. On a vu aujourd’hui que les catégories les plus défavorisées et précaires de l’EN (AED, AESH...) avait constitué une part importante de la manifestation angevine. A contrario, le corps enseignant et les personnels administratifs se sont peu mobilisés, le plus souvent par accablement et sidération face à la crise sanitaire. Pourtant, le gouvernement ne reculera que par la mobilisation de toutes et tous : c’est pourquoi il faut amplifier le mouvement le jeudi 4 février, journée de grève interprofessionnelle afin de construire une alternative opposée termes à termes aux projets de Blanquer et Vidal : embaucher (alors que le premier supprime 1880 postes et que la seconde veut précariser encore plus les emplois universitaires), augmenter les salaires (et pas les heures supplémentaires), renforcer l’éducation prioritaire (au lieu de l’exploser) et abroger les réformes du bac et de la voie professionnelle (plutôt que de les imposer à marche forcée), renforcer les CROUS et donner des moyens aux universités. Dès maintenant, discutons-en et préparons la suite en nous réunissant partout parce que, malgré la pandémie, une autre école et une autre université sont possibles.
- lundi 8 mars à 15h40 : grève féministe dans le cadre de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Rassemblement à Angers à 15h40 place du Ralliement.
- Samedi 13 mars : manifestation à Nantes pour les 10 ans de Fukushima. SDN49 organise un car au départ de Angers place de la Rochefoucauld. Contact : busangers10ansfukushima@gmail.com
- vendredi 19 mars : journée mondiale de mobilisation des jeunes pour le climat.
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
La pétition Vidal Démission ! a collecté plus de 14000 signatures d’enseignants-chercheurs et chercheurs ce 22 février (voir le communique de “Université ouverte”). Le rejet des propos inacceptables et réitérés d’une ministre qui préfère occuper son temps à alimenter le discours d’extrême droite plutôt que de s’occuper des étudiant.e.s en difficulté est donc très majoritaire dans le milieu universitaire. Malheureusement, à l’occasion de la polémique médiatique, le fantasme de l’ennemi intérieur “islamo-gauchiste” propagé par les ministres Vidal, Blanquer et Darmanin se trouve “légitimé” dans une partie de la population. La déconstruction de ce concept fasciste est donc urgente. Côté sciences, on lira une étude instructive de D. Chavalarias, directeur de recherches au CNRS : “Islamogauchisme” : Le piège de l’Alt-right se referme sur la Macronie. Mais c’est côté politique qu’il faut aussi agir, en particulier pour éviter que la “politique” se résume au duel Macron-Le Pen. Face à la barbarie des fascismes et crypto-fascismes, la construction d’une alternative écosocialiste est toujours plus nécessaire.
À Angers, 650 manifestant.e.s (selon la police) ont répondu à l’appel intersyndical et interprofessionnel à manifester jeudi 4 février en matinée. C’est une participation inférieure à ce qui pouvait être attendu en cette occasion, et une nouvelle illustration des contradictions d’une période marquée par la crise sanitaire et l’absence de perspective positive pour le mouvement ouvrier. En grande partie, les militant.e.s venaient du secteur public et de différents secteurs en lutte, mais ils n’en étaient que des délégations. S’il y avait très peu d’étudiant.e.s et d’enseignant.e.s, on remarquait les intermittent.e.s qui ont animé et coloré (avec des ballons rouges) la manifestation, laquelle qui s’est terminée là où elle avait commencé, place du Ralliement.
Assiste-t-on à un retour à l’eugénisme médical de sinistre mémoire ? Est-ce le fruit du néolibéralisme utilitariste ambiant qui ne voit dans l’être humain qu’un outil économique, à éliminer dès lors qu’il perdrait cette fonction ? À entendre l’infectiologue et chef de service de l’Hôpital Bichat Xavier Lescure sur le Journal de France Inter du dimanche 24 janvier (voir en particulier à 12’40"), celui-là apparaît en tout cas avoir contaminé une partie du corps médical. Car dire que “ce qu’on vit après 80 ans c’est du bonus” (sic !) s’interroger pour savoir si “on peut encore s’autoriser ces bonus” et conclure “qu’il faut qu’on [la société] fasse des choix qui sont difficiles” est décidément très éloigné, non seulement du serment d’Hippocrate mais de toute humanité. Le comble est que ce médecin s’attribue sans honte “une vision globale du courage”. Ce mot “courage” est couramment employé par les capitalistes quand ils licencient leurs employé.e.s. Faudra-t-il que des médecins dévoyés l’invoquent pour refuser de vacciner ou soigner les patients qui ne sont plus utiles au productivisme capitaliste ?
Le dernier rapport d’Oxfam révèle comment, malgré la crise, les milliardaires les plus fortunés ont retrouvé leur niveau richesse d’avant la pandémie en seulement 9 mois alors qu’il pourrait falloir plus de 10 ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques de la pandémie.
La tendance est la même en France : les milliardaires français ont non seulement retrouvé leur fortune d’avant la crise mais ils se sont même enrichis : ils ont gagné 175 milliards d’€ entre mars et décembre 2020. C’est l’équivalent de deux fois le budget de l’hôpital public français. C’est aussi la 3ème plus forte progression de richesse après les États-Unis et la Chine ! Sur l’ensemble de l’année 2020, malgré la crise, la fortune de Bernard Arnault a augmenté de 44 milliards d’euros soit un bond de 41 %. Pendant ce temps, un million de personnes seraient tombées dans la pauvreté en France en 2020, selon les associations caritatives, et on compterait 8 millions bénéficiaires de l’aide alimentaire (+2,5 millions qu’avant la crise). Lire le communiqué d’OXFAM
Dans le secteur politique et syndical, la légion d’honneur est la récompense symbolique que l’État français attribue aux fidèles serviteurs du capitalisme et de l’impérialisme. Après la grand-croix attribuée au dictateur et tortionnaire égyptien Abdel Fattah al-Sissi, c’est toute une flopée d’individus baignant dans les eaux glacées du pouvoir qui se l’est vu attribuée pour la nouvelle année. La très angevine Christiane Lambert, porte-parole de la FNSEA et du capitalisme productiviste dans le champ agricole, est ainsi promue officier, aux côtés de PDG divers (L’Oréal, Le Petit Futé, Accor, Pernod-Ricard, Ariane Group...). Cela résume bien la politique macroniste, antisociale et anti-écologiste : ventes d’armes, pesticides, productivisme... L’alibi des récompenses attribuées à des artistes ou à des représentants du secteur de la santé ne saurait faire illusion, tant la culture et la santé sont par ailleurs maltraitées par le gouvernement. Tout un monde à changer en 2021 !