Nous publions ci-dessous une déclaration adoptée majoritairement au soir du jeudi 5 mai 2022 par le "parlement" du NPA, le Conseil politique national (CPN). Elle met fin aux discussions menées depuis plus de deux semaines avec l’Union populaire, en donne les raisons et définit une position du NPA pour les prochaines élections législatives.
Les résultats de l’élection présidentielle donnent une responsabilité à l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier et du mouvement social, à la gauche qui refuse le libéralisme et la destruction de nos droits, pour l’unité d’action dans la rue et dans les urnes. C’est dans ce sens que le NPA a souhaité discuter avec l’Union populaire de candidatures communes aux élections législatives. En effet, face à la montée de l’extrême droite et au danger fasciste, contre le nouveau mandat de cinq ans de Macron et de ses sbires organisant les attaques antisociales et autoritaires, nous souhaitons qu’une majorité de gauche de rupture, au moins le plus d’élu.e.s possible, puisse exister à l’Assemblée. Nous pensons donc qu’une dynamique d’union serait un signal positif en direction du mouvement social et des luttes, redonnant confiance aux opprimé.e.s et aux exploité.e.s. La perspective d’organiser les résistances et d’arracher de nouveaux droits par tous les moyens, doit nous unir.
Nous avons donc rencontré l’Union populaire pour tenter d’aboutir à un accord. Sur le plan programmatique, nous avons écrit ensemble un texte qui rappelle la nécessité d’une rupture avec les politiques libérales, de revenir en particulier sur les lois de Hollande et de Macron concernant le droit du travail, la répression, d’accueillir les migrant.e.s, d’augmenter le SMIC, de mettre en place la retraite à 60 ans pour toutes et tous, d’éradiquer la pauvreté... Ces mesures sont loin de représenter l’ensemble du programme anticapitaliste du NPA, mais elles sont suffisantes pour être défendue dans le cadre d’une alliance et même pour soutenir leur mise en œuvre par un gouvernement qui serait issu d’une telle coalition si elle était majoritaire, avec Jean-Luc Mélenchon pour Premier ministre, sans renoncer à notre indépendance.
Cependant, au fur et à mesure des discussions avec les autres forces politiques, l’équilibre politique de la coalition s’est modifié progressivement, atténuant le caractère de rupture avec les politiques libérales qui faisait sa force.
Ainsi l’accord trouvé avec Europe écologie-Les Verts, très avantageux en termes de circonscriptions offertes, revient sur plusieurs points du programme partagé entre le NPA et l’UP, par exemple sur la nécessité de ruptures avec l’Union européenne.
Par ailleurs, la faible place de collectifs de quartiers populaires dans l’accord unitaire comme « On s’en mêle » n’est pas le bon signal donné à celles et ceux qui subissent de plein fouet les politiques antisociales, sécuritaires, racistes et islamophobes.
Malgré tout, il nous semblait toujours important de participer à cette dynamique d’union.
Cependant, l’accord noué, mercredi matin, par l’Union populaire avec le Parti socialiste, est problématique à plus d’un titre. D’abord parce qu’il revient sur plusieurs propositions essentielles, une augmentation du SMIC qui ne serait plus « immédiate », une rupture avec l’Europe libérale aux modalités devenues floues, « la retraite à 60 ans pour tous » présentes dans les accords contractés avec EÉLV et le PCF devenu un « droit à la retraite à 60 ans » (dont on sait qu’il signifie l’existence d’importantes décotes)…
Dans cette logique, le PS se voit octroyer 70 circonscriptions (dont 30 gagnables), soit bien plus que la proposition initiale de l’UP d’une répartition à la proportionnelle entre les différentes forces parties prenantes.
En ajoutant à ces candidatures PS les nombreuses candidatures d’EÉLV qui ne représentent pas une rupture avec le libéralisme, la marque de cette gauche, qui a gouverné à de nombreuses reprises contre les classes populaires et dirige aujourd’hui bon nombre de villes ou de régions, devient significative.
Tout cela constitue pour nous un point de bascule : cette « Nouvelle Union populaire écologie et sociale » (NUPES) n’assume pas la continuité politique de l’Union populaire qui a conduit, dans le cadre de l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon à représenter un espoir de transformation radicale de la situation, ou alors de façon bien ambiguë et contradictoire.
Nous savons que de nombreuses et nombreux militantEs de gauche espéraient « voir Philippe Poutou à l’assemblée », mais ils et elles doivent savoir qu’à aucun moment une circonscription n’a été proposée par l’Union populaire permettant son élection, ni même sa candidature en Gironde. Dans le cadre d’un accord avec le Parti socialiste, l’UP nous propose seulement cinq circonscriptions – bien loin de la proportionnelle entre les différentes forces – dont aucune n’est éligible, ni ne correspondant à nos implantations militantes. Ainsi, le PS s’est vu accorder trois fois plus de circonscriptions que ce qu’il a pesé dans la présidentielle, tandis que le NPA se voit proposer trois fois moins que ce qu’il a pesé. Tout un symbole !
Dans les faits, l’Union populaire aurait souhaité une participation du NPA à la NUPES, mais sans possibilité d’existence politique réelle en son sein.
Nous constatons donc avec regret que l’UP a fait le choix de trouver un accord avec les composantes gestionnaire du système au détriment d’un accord avec le NPA, qui a pourtant répondu favorablement à la proposition de l’UP dès le début, et qui a poursuivi les discussions jusqu’au bout dans l’espoir d’aboutir à un accord.
Nous aurions pu nous mettre d’accord avec l’Union populaire, le PCF, et même EÉLV, mais nous ne pouvons pas valider un tel accord incluant le Parti socialiste et sur la base des propositions qui nous ont été faites. Le NPA ne signera donc pas l’accord de la NUPES.
Le NPA organisera sa participation aux élections législatives lors d’un Conseil politique national qui se tiendra le 14 mai.
En tout état de cause, nous appellerons à voter et soutiendrons, y compris de façon militante, les candidatEs de gauche de rupture de la NUPES, face auxquels nous ne présenterons pas de candidatEs.
Dans d’autres circonscriptions, là où les conditions sont réunies, le NPA cherchera, face à des candidats labellisés NUPES incarnant une continuité avec le social-libéralisme, à faire entendre une alternative, avec des candidatures unitaires, issues du monde du travail et des quartiers populaires, représentant une gauche de combat, indépendante des institutions et du social-libéralisme.
Annexe :
- Législatives : nouveau bilan d’étape avant la prochaine rencontre entre NPA et Union populaire (04/05/2022)
- Point d’étape des discussions entre le NPA et l’Union populaire (03/05/2022)
- Législatives : pour des candidatures d’union en rupture avec le social-libéralisme (28/04/2022)
- Législatives : bilan d’étape pour un accord national avec l’Union populaire (23/04/2022)
- samedi 18 juin de 18h30 à 03h : Soirée de clôture de l’Étincelle au Chabada à Angers. Organisé par Les Nuits Bleues. Renseignements etincelle@riseup.net ou 06 60 06 21 23.
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
La Quatrième Internationale organise une semaine de solidarité avec l’Ukraine, du 25 mai au 1er juin. Chaque soir à 20 h sera diffusé sur facebook un entretien avec des militant·e·s anticapitalistes, antifascistes, anarchistes, syndicalistes du rail et de la santé, féministes Ukrainien·ne·s et Polonais·e·s. Des entretiens réalisés en Ukraine par Olivier Besancenot et Daria Saburova, lors d’un voyage de solidarité d’une délégation européenne début mai dans la région de Lviv à l’appel de l’organisation anticapitaliste ukrainienne « Mouvement social ».
Rappel : on peut aider la résistance de gauche en Ukraine en faisant un don en ligne ICI !
L’Anticapitaliste, l’émission. Débat avec Gilbert Achcar, Daria Saburova, Denys Gorbach et Catherine Samary.
Diffusé sur YouTube, Facebook et Twitter
Quazar (centre LGBTI+ d’Angers et du Maine-et-Loire) et toutes les associations et syndicats partenaires donnent rendez-vous à toutes et tous le samedi 14 mai pour l’édition 2022 de La FestiPRIDE d’Angers. Le mot d’ordre choisi cette année met l’accent sur le sort fait aux personnes transgenres : « Transidentités, stop à notre psychiatrisation forcée ! ». Au programme : Rendez-vous à partir de 11h dans le village associatif, installé sur l’esplanade Cœur de Maine (à noter que, pour la première année, L’UD CGT 49 y tiendra un stand). À 14h, formation du cortège et départ des manifestants pour une boucle dans les rues d’Angers. “Before” à partir de 18h à l’Entre 2, au 90 rue Lionnaise, et “Pride Night” (soirée officielle) à partir de 23h au Chabada - 56 boulevard du Doyenné. Le NPA49 soutient évidemment cette initiative !
Depuis le début de l’agression impérialiste russe en Ukraine, les militant·e·s de Sotsialnyi Rukh participent activement à la résistance tout en continuant de dénoncer les politiques néolibérales menées par le régime ukrainien en place. Du fait du contexte, l’organisation est en difficulté financière et son aspiration à devenir un parti est compromise. En effet, pour pouvoir être reconnu comme parti politique en Ukraine, il est nécessaire de récolter 10.000 signatures, ce qui est fait, mais aussi de payer 336.000 hryvnas (environ 10.500 euros, l’équivalent de 51,6 SMIC en Ukraine). De plus, avec la guerre, l’organisation porte également la responsabilité de loger et d’aider ses membres, qui ont perdu leur emploi ou leur logement, ce qui rend le travail politique beaucoup plus difficile. Or, Sotsіalnyi Rukh représente un réel espoir pour la gauche Ukrainienne. C’est la seule organisation de gauche radicale anticapitaliste qui aspire à devenir un parti politique. Il s’agit donc d’un acteur politique majeur pour la construction d’un sujet politique de gauche radicale en Ukraine. Dans ce contexte, marquons notre solidarité à l’égard de Sotsіalnyi Rukh en l’aidant à survivre, se renforcer et faire croître les forces de gauche radicale au sein de la résistance ukrainienne. Pour soutenir, souscrire, allons sur le lien https://souscription.npa2009.org/ukraine et partageons-le !
Karl Marx était-il « un ange vert ou un démon productiviste ? ». Daniel Bensaïd posait ainsi la question du rapport à la nature dans la pensée du philosophe allemand. En la matière, les tensions évidentes dans l’œuvre de Marx ont suscité les réponses alternatives de très nombreux auteurs. Celle que Timothée Haug a apportée récemment dans sa thèse de doctorat (*) est de nature à dépasser les querelles d’interprétations.
En effet, plutôt que d’ériger Marx en prophète de l’écosocialisme, Timothée Haug reconstruit minutieusement l’émergence de la question écologique dans son œuvre. Il montre en détails ce que cette émergence a eu de problématique, d’antinomique au paradigme de la production déployé par Marx dans sa polémique contre Malthus et Ricardo. Pour Timothée Haug, l’analyse critique de la rupture par le capitalisme du métabolisme humanité-nature, dans Le Capital, n’était pas contenue en germe dans les écrits de jeunesse de Marx, dont le naturalisme n’était pas écologique. Il s’agit au contraire d’une révision scientifique majeure, opérée par Marx avec rigueur et à force de travail. La « rupture métabolique » a marqué une véritable rupture théorique. Une rupture inachevée, requérant un approfondissement critique plutôt qu’une apologie.
Grâce à une initiative conjointe de la Commission écosocialiste de la Gauche anticapitaliste (Belgique), de la Commission écologie du NPA (France) et du Groupe écosocialiste de SolidaritéS (Suisse), Timothée Haug a été interrogé sur sa thèse par Daniel Tanuro mercredi 27 avril (échange suivi d’un débat avec le public). Tout est visible sur YouTube.
(*) Timothée Haug, « La rupture écologique dans l’œuvre de Marx. Analyse d’une métamorphose inachevée du paradigme de la production », Université de Strasbourg, Thèse en philosophie, soutenue le 1er avril 2022.