Contre la “réforme” Macron-Borne-Ciotti des retraites, la mobilisation a été très forte en Maine-et-Loire. Quatre défilés ont eu lieu à Cholet, Saumur et Segré le matin et à Angers l’après-midi. Ils ont réuni respectivement 4000, 2500, 700 et 15000 manifestant·e·s. Au total, ce sont 22.000 personnes qui ont manifesté en Anjou, beaucoup plus que les premières manifestations contre la réforme des retraites de 2010. C’est la déclinaison locale d’une mobilisation nationale exceptionnelle.
Les chiffres de grève et de manifestations sont historiques, avec 1,2 million de manifestant·e·s selon la police, plus de deux millions selon l’intersyndicale, des taux de grève très importants (ainsi plus de 70 % dans l’éducation), des mobilisations massives dans les villes. 50.000 à Bordeaux et à Toulouse, 20.000 au Mans, 3.500 à Alençon, 4.000 à Compiègne, 20.000 à Nice, 7.000 à Agen et Montauban, 4.000 à Gap, 15.000 à Avignon, 50.000 à Nantes, 10.000 à Saint-Nazaire, 20.000 à Rouen, 35.000 au Havre, 15.000 à Bayonne et Pau, 13.000 à Quimper, 13.500 à Brest, 11.000 à Angoulême, 10.000 à Poitiers, 15.000 à Angers (+4000+2500+700 à Cholet, Saumur et Segré), et bien entendu plusieurs centaines de milliers à Paris (bien plus que les 80.000 annoncés par le ministère de l’Intérieur)…
Dans la grande majorité des villes (jusqu’aux plus modestes), les chiffres sont supérieurs à ceux des grandes grèves de 1995, avec parfois un·e habitant·e sur 7 ou 8 dans la rue. Dans le privé, la participation est exceptionnelle, avec des grévistes venus de l’agroalimentaire, des métaux, de l’automobile, de l’électronique...
Une colère générale
Le déclencheur de ce mouvement est la réforme des retraites, qui contraindrait les salarié·e·s à travailler deux années supplémentaire, avec une durée de cotisation plus longue... et donc des pensions réduites. Tout cela pour transmettre des dizaines de milliards aux grandes entreprises et tenter de passer un cap dans la mise en place de fonds de pension, des complémentaires retraite qui deviendraient nécessaire pour ne pas vieillir dans la misère.
Pourtant on sait que mettre la retraite à 60 ans et à 37,5 annuités, avec retour aux 10 meilleure années de calcul dans le public comme dans le privé, pèse environ 3,5% du PIB, qui pourraient être récupérés pour la majorité de la population en taxant réellement les riches et les grandes entreprises et en arrêtant les cadeaux fiscaux aux plus aisés. Les « solutions » violentes de Macron ne sont donc pas inéluctables.
Au-delà du refus de cette contre-réforme, c’est un véritable ras-le-bol face à la situation économique et sociale globale qui s’exprime : les pensions étaient déjà faible suite aux précédentes contre-réformes, et l’inflation actuelle, avec l’explosion des prix, réduit déjà le pouvoir d’achat des catégories populaires. Le ras-le-bol, la colère, sont là, contre Macron, contre ce gouvernement, contre leur mépris, contre leurs politiques injustes.
Construire un mouvement pour gagner
L’ampleur de la mobilisation donne des responsabilités énormes à toute la gauche sociale et politique. Macron doit retirer sa réforme, il faut rétablir la retraite à 60 ans et augmenter les salaires. Ce pouvoir refuse et nous allons donc devoir hausser le niveau de mobilisation, passer d’une journée de grève, même très réussie comme aujourd’hui, à une grève reconduite jusqu’à la victoire, encore plus massive, avec la participation de nouveaux secteurs.
Les organisations syndicales se sont mises d’accord sur un nouvel appel à la grève le mardi 31. C’est bien loin, trop loin : il aurait certainement fallu s’appuyer sur cette première réussite pour annoncer une date plus rapprochée courant de semaine prochaine, accélérer le rythme, organiser une montée en puissance pour que le mouvement passe à la vitesse supérieure.
Il s’agit maintenant d’organiser des assemblées générales de discussion sur les lieux de travail et d’études pour renforcer et amplifier la mobilisation, de construire des assemblées interprofessionnelles, de discuter la nécessité de mettre la barre plus en haut en préparant la reconduction de la grève à partir du mardi 31 janvier, dès le 1er février, et d’ici là se mobiliser, de construire dès maintenant la grève partout où c’est possible.
Cela nécessite aussi de combiner différents cadres et formes de mobilisation car nous ne pouvons pas nous payer le luxe de la concurrence dans notre camp social. C’est pourquoi nous sommes partie prenante de la manifestation nationale de ce samedi 21 janvier à Paris (14h à Bastille), à l’appel des organisations de jeunes.
Cette mobilisation est un test : l’ensemble des organisations syndicales et des partis, toute la gauche sociale et politique, la grande majorité de la population, s’opposent à la réforme. Si elle passe, le gouvernement va se sentir pousser des ailes et accélérer les attaques. Au contraire, si nous gagnons, nous pouvons renverser la vapeur, arracher le retour de la retraite à 60 ans, des augmentations de revenus, donner confiance pour aller vers la construction d’une alternative politique en rupture avec Macron et son monde, pour un pouvoir du monde du travail contre ce système.
Archive :
- Appel de l’intersyndicale CGT CFDT CGC CFTC FO FSU Solidaires UNSA du Maine-et-Loire.
- mercredi 25 Janvier à 19h : meeting intersyndical contre la “réforme” des retraites à St-Lambert-des-levées (Saumur), rue de la Prévoté, salle Marcel Martineau.
- lundi 30 janvier à 17h30 : réunion publique intersyndicale contre la “réforme” des retraites à la bourse du travail de Trélazé.
- mardi 31 janvier 2023 : Manifestations intersyndicales (CGT CFDT CGC CFTC FO FSU Solidaires UNSA) contre la “réforme” des retraites. Angers : 10h place Leclerc ; Cholet : 10h Rd-point de Paris (av. du Mal Leclerc) ; Saumur : 10h place Bilange ; Segré : 16h place du port.
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
Samedi 21 janvier, la manifestation parisienne (Bastille, 14h) contre la “réforme” des retraites, appelée par plusieurs organisations de jeunesse (dont le NPA Jeunes et le NPA Jeunesses Anticapitalistes) et partis (dont le NPA) a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes (14.000 selon le cabinet Occurrence, dix fois plus selon les organisateurs). C’est un incontestable succès, en dépit des comparaisons numériques grotesques auxquelles s’est livrée une partie de la presse (ainsi Ouest-France, comparant cette manif parisienne de quelques organisations de jeunesse au 2 millions des manifestations intersyndicales de jeudi !) Il n’en reste pas moins que le travail en direction de la jeunesse doit être approfondi. L’allongement de la durée de cotisation et le recul de l’âge d’ouverture des droits à la retraite s’inscrivent dans la logique capitaliste productiviste, laquelle est contradictoire avec la sauvegarde de notre biosphère comme avec une vie décente pour toutes et tous. En ce sens, la lutte contre la “réforme” Macron-Borne-Ciotti concerne les jeunes au premier chef. C’est d’une autre société, écosocialiste, dont nous avons besoin !
Après 2 ans de silence, la Feuille de Jojo sort de sa retraite ! La lutte contre la réforme Macron n’y est certes pas étrangère... C’est l’occasion de faire un peu d’ironie sur les tristes sires qui nous gouvernent, exploitent et qui pillent la planète aux dépens de l’avenir. À voir ICI ! et LÀ.
« Contre Macron, pour nos retraites : une gauche unitaire et anticapitaliste ! ». Le meeting du NPA du mardi 17 janvier à la Bellevilloise (Paris 20e) avec les porte parole Philippe Poutou, Olivier Besancenot et Pauline Salingue, la députée LFI Rachel Keke, le cheminot Fabien Villedieu et le repésentant du Conseil démocratique kurde Yekbun Eksen a réuni plus de 550 personnes. On peut en voir la retransmission ICI.
Depuis 2020, les 1% les plus riches ont capté 63% des richesses produites, notamment grâce à l’intervention publique face au coronavirus. C’est le constat du Nouveau rapport d’Oxfam sur les inégalités mondiales publié en marge du Forum économique mondial de Davos. Entre autres chiffres hallucinants, on y apprend que la fortune de Bernard Arnault, 179 milliards d’euros, équivaut à celle cumulée de 20 millions de Français·es. Il est le plus riche de la planète. Oxfam signale également que taxer la fortune des milliardaires français à hauteur d’à peine 2% permettrait de financer le déficit attendu des retraites... Comment Macron n’y a-t-il pas pensé ?
Les dérogations à la loi ne devraient être utilisées qu’en cas de force majeure et si elle ne mettent pas en danger la santé des citoyennes et citoyens ainsi que celle de leur environnement. L’exemple des multiples dérogations à l’interdiction de la chlordécone aux Antilles jusqu’en 1993 et de ses conséquences catastrophiques devrait être suffisamment révélateur pour des représentants de “l’intérêt public”. Pourtant, ce sont encore des intérêts capitalistes à court terme qui prévalent dans le “Projet d’arrêté autorisant provisoirement l’emploi de semences de betteraves sucrières traitées avec des produits phytopharmaceutiques contenant les substances actives imidaclopride ou thiamethoxam” de la famille des néonicotinoïdes dont l’Autorité européenne de sécurité des aliments a confirmé la toxicité. Les conséquences d’une telle autorisation “provisoire”, qui se répète d’année en année, sont potentiellement mortelles et pas seulement pour les abeilles. L’explosion des cancers de la prostate aux Antilles montre quelles peuvent être les conséquences de la collusion entre politique étatique et intérêts marchands. Qui sera responsable demain des conséquences de l’actuel projet d’arrêté ? Peut-on espérer que les ministres de ce gouvernement, Borne, Béchu ou Fesneau, pourront demain être jugés pénalement responsables du saccage environnemental et de ses conséquences sur les êtres vivants ? Exigeons le retrait du projet (et répondons en masse à la pseudo consultation du ministère !) ! Interdiction totale des néonicotinoïdes !