Le 1er février Gérald Darmanin a présenté sa loi immigration au Conseil des ministres (22e loi depuis 1986). Si elle passe, elle va aggraver encore les pratiques répressives de l’État et des préfectures à l’encontre des migrant·e·s.
Le but d’après les mots mêmes du ministre de l’Intérieur est de « rendre la vie impossible » aux migrant·e·s ! Afin de faire adopter le projet de loi au Parlement, le ministre de l’Intérieur a besoin du soutien des députés LR et centristes. Pour cela, il est prêt à discuter des propositions encore plus ignobles de Ciotti et consorts, par exemple « des quotas pour limiter les régularisations ». Cela préfigure des débats nauséabonds à l’Assemblée avec surenchère de propos discriminatoires et racistes.
Un loi en deux volets
D’une part, cette loi remet en cause le droit d’asile. Au prétexte d’accélérer la procédure, en fait, les droits des réfugié·e·s pour leur défense seront restreints.
D’autre part, cette loi répressive criminalise les migrant·e·s. Darmanin puise dans le programme de l’extrême droite et de la droite extrême son arsenal de mesures répressives et criminalise les sans-papiers en les présentant comme de dangereux délinquant·e·s. L’objectif est de multiplier les OQTF (obligation de quitter le territoire) avec l’obsession des expulsions.
Logique coercitive
Ainsi, avec la nouvelle loi Darmanin, les empreintes des étrangères et étrangers pourront être prises sans leur accord. Les OQTF seront automatiques après un refus de demande d’asile, et ce sans attendre le résultat du recours. Et des IRTF (interdiction de retour sur le territoire français) seront aussi prononcées systématiquement. Les personnes ayant une OQTF devront attendre trois ans avant de pouvoir représenter une demande de titre de séjour. Les étrangères et étrangers arrivés avant l’âge de 13 ans en France sont actuellement régularisables de droit : le gouvernement envisage de revoir cette règle. Les assignations à résidence seront multipliées. De nouveaux CRA (centre de rétention administrative) seront ouverts : 800 places à créer d’ici à 2026. Les sans-papiers avec OQTF seront inscritEs au FPR (fichier des personnes recherchées). La double peine est rétablie : toute personne sans papiers ayant été condamnée pénalement pourra être menacée d’expulsion. Les préfectures auront toute liberté pour mettre en œuvre cette politique.
Elle entraînera une aggravation de la situation des mineur·e·s non accompagnés : multiplication des mineur·e·s renvoyés de l’ASE (aide sociale à l’enfance) au motif fallacieux qu’ils/elles seraient majeur·e·s, interruptions des études, des apprentissages ou des contrats de travail après avoir reçu une OQTF dès leurs 18 ans.
« Uni·e·s contre l’immigration jetable »
Dans la même logique que la « réforme récente » de l’assurance chômage qui lie l’attribution du RSA à une activité, Darmanin veut faire le tri entre les « gentils migrant·e·s » qui travaillent, tous les autres étant des « méchants ». Un titre de séjour temporaire d’un an serait créé, uniquement pour les travailleuses et travailleurs employé·e·s dans les « métiers en tension », dont la liste varie selon les besoins, les époques et les lieux géographiques ! Ces métiers se caractérisent par des salaires faibles, des conditions de travail pénibles, des risques d’accidents importants ou des amplitudes horaires difficilement soutenables ; ce qui explique qu’ils manquent de main-d’œuvre. Cette immigration jetable, corvéable et exploitable est tout bénéfice pour le patronat. Pour les capitalistes, les êtres humains ne sont que des agents économiques, exploitables jusqu’à la mort.
La réforme des retraites pénalise les travailleuses et travailleurs immigré·e·s précaires
La multiplication des obstacles à la régularisation des réfugié·e·s fait qu’ils entrent dans la vie professionnelle salariée très tard, ayant effectué durant des années des travaux précaires, comme ces livreurs de Deliveroo qui étaient en tête des manifs à Grenoble ou ces aides-soignantes, aides à domicile, les premières de cordée ! La réforme des retraites les pénalisent comme tous les travailleurs précaires de ce pays. Comme elle pénalise les immigré·e·s ou enfants, petits-enfants d’immigré·e·s français·e·s mais racisé·e·s des quartiers populaires qui connaissent les discriminations à l’emploi. Le gouvernement déclare la guerre à tous les pauvres quelle que soit leur origine. Le combat doit être commun.
Mobilisons-nous contre la loi Darmanin !
Au niveau national un cadre unitaire très large, « Uni·e·s contre une immigration jetable » (UCIJ), s’est constitué pour lutter contre la loi Darmanin, jusqu’au mois de mai environ.
Le samedi 4 mars, selon les zones de vacances scolaires, doivent avoir lieu des initiatives pour expliquer la loi, construire la mobilisation. À Angers, est prévu un rassemblement place du Ralliement à 14h30 à l’appel des organisations signataires nationales et locales (Association Asile et Partage–Angers, Baugeois Solidarité Réfugiés BSR, CCFD Terre Solidaire 49, Emmaüs Angers, GREF Angers, LDH Angers 49, Le Cercle 49, Quazar centre LGBTI+ d’Angers et du Maine-et-Loire, REDA Angers, Saint’O Solidarité, NPA 49).
Le 25 mars doit être une journée forte autour de la journée nationale contre le racisme, avec des manifestations dans le maximum de villes où c’est possible ; il faudra continuer ensuite en montant en puissance dans la mobilisation.
Le nouveau projet de loi Asile & Immigration du gouvernement conduit à une négation radicale des droits fondamentaux des migrant-es. Il a pour objectif de graver dans le marbre et de radicaliser les pratiques préfectorales arbitraires et répressives : systématisation des OQTF et des IRTF, dans la suite des instructions déjà prises pour augmenter les assignations à résidence et le nombre de Centre et Locaux de Rétention Administrative.
Le projet s’inscrit délibérément dans une vision utilitariste et répressive dont témoigne l’obsession des expulsions et l’inscription des sans-papiers au fichier des personnes recherchées. Les migrant-es sont déshumanisé-es et considéré-es uniquement comme de la main d’œuvre potentielle, qui n’a droit qu’à des propositions de régularisations précaires, limitées aux métiers dits “en tension”. Alors que la dématérialisation prive de l’accès au séjour de nombreux étranger-es, le droit du séjour et le droit d’asile vont être encore plus restreints. Le projet prévoit des moyens pour empêcher d’accéder ou de rester sur le territoire, au lieu de les utiliser pour accueillir dignement celles et ceux qui fuient la guerre, les persécutions, la misère ou les conséquences du dérèglement climatique... Les droits protégés par les conventions internationales sont de plus en plus bafoués (asile, droit de vivre en famille, accueil des femmes et des personnes LGBTIA+ victimes de violences…) y compris ceux des enfants (enfermement, non-respect de la présomption de minorité, séparation des parents…). Les droits des étranger-es sont de plus en plus précarisés.
L’attaque s’inscrit dans l’agenda global du gouvernement : chômage, retraites, logement, santé…
En 2006 déjà, nous étions uni-es contre l’immigration jetable, nous appelons donc à nous mobiliser contre cette réforme qui, si elle était adoptée, accentuerait encore le fait que les étranger-es en France sont considéré-es comme une population de seconde zone, privée de droits, précarisée et livrée à l’arbitraire du patronat, de l’administration et du pouvoir. Il est de la responsabilité de nos organisations, associations, collectifs et syndicats de réagir. Nous appelons à la mobilisation la plus large possible sur tout le territoire :
Le 4 mars : mobilisations partout en France contre la loi Darmanin !
Voir la liste des nombreux premiers signataires ICI
Pour suivre les infos sur ce projet de loi, voici deux liens :
- https://coordination-asile-cfda.fr/article198.html
- https://www.gisti.org/spip.php?article6862
- du vendredi 24 au dimanche 26 mars : mobilisation dans le Poitou pour la défense de l’eau à l’appel de Bassines Non Merci et des Soulèvements de la Terre. Le 24 : arrivée de tracteurs de toute la France et, le soir, Forum international sur la défense de l’eau avec des délégations de différents pays et continents. Le 25 à 10h : manifestation « Fin de chantier » et, le soir, concerts, banquets et festivités à Melle (79500). Le 26 : assemblées, tables rondes, cantines, balades naturalistes, concerts…
- samedi 25 mars de 16h00 à minuit : Fête de Lutte Ouvrière, Salle Aragon, 1 rue Joseph Bara, Trélazé (arrêt Malaquais du bus n°2).
- mardi 28 mars : grève contre la “réforme” des retraites à l’appel de l’Intersyndicale. Manifestations à 10h à Cholet (pl. Travot) et Segré (pl. du port) ; à 14h à Angers (pl. Leclerc) et Saumur (pl. Bilange).
- mercredi 29 mars à 19h : concert de solidarité avec les grévistes, salle Emstal aux Ponts-de-Cé, organisé par LFI.
- samedi 1er avril à partir de 14h30 : “Huit heures pour la Palestine” au centre Marcelle Menet à Angers.
- dimanche 2 avril après-midi : “Un autre monde est nécessaire”, initiative du Cercle 49 dans la grande salle du centre Jacques Tati de Belle-Beille (Angers). Projection du film Rosmerta.
- Voir aussi Alter49.org, l’agenda alternatif 49, et Le Cercle 49.
Jeudi 23 mars à Angers, un travailleur de Système U a terminé la manifestation en garde-à-vue et un militant de Sud a reçu un projectile de la part de la police, alors qu’il discutait tranquillement avec d’autres manifestants sur le parvis de l’Hôtel de ville. Des points de suture lui ont été faits aux urgences. D’autres blessés plus légers sont à déplorer. Enfin, que penser du largage devenu systématique de gaz lacrymogènes qui incommodent gravement non seulement les manifestant·e·s mais aussi les habitant·e·s ? Même si les violences et/ou intimidations policières ne sont pas (encore ?) au niveau parisien, la vigilance s’impose aussi à Angers contre les tentatives des hommes de main de L’État français de répandre la terreur pour réduire le mouvement social. Ni lacrymos, ni LBD ! Halte aux violences policières !
En soutien au syndicaliste FO de Biopôle convoqué en référé, suite à une plainte du maire d’Angers, environ 300 syndicalistes FO, CGT, UNSA, Solidaires, FSU et CFDT se sont massés devant le palais de justice d’Angers, mardi 21 mars à partir de 16h. Les slogans lancés, « Macron démission ! » et « Macron-Verchère même combat ! », traduisaient bien la colère devant l’attitude du maire de paille de Béchu, qui depuis des mois refuse d’entendre parler de la moindre augmentation salariale à la hauteur de l’inflation, qui maintient le gel d’une centaine de postes pour Angers, l’agglo (ALM) et le CCAS, et qui traîne en justice un agent censé payer pour tous les grévistes de Biopole. Le même Verchère rend ces derniers responsables de l’accumulation toujours plus grande des sacs poubelle en ville, alors qu’il en est le seul responsable et prend la population en otage sanitaire pour casser la grève. Ça suffit ! La mairie doit respecter le droit de grève et satisfaire les revendications de ses agents !
Samedi 17 mars à 14h, ce sont 1600 personnes qui se sont rassemblées devant la préfecture d’Angers avant de partir en manifestation via la place du Ralliement pour protester contre la réforme des retraites et le recours au 49.3, à l’appel de l’intersyndicale CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU, UNEF, La Voix Lycéenne et MNL du Maine-et-Loire. Une bonne mise en jambe avant la journée du jeudi 23 mars... En marge de la manifestation, alors que les poubelles ne sont plus ramassées en raison de la grève des éboueurs, des poubelles ont été renversées et des sacs éparpillés par quelques individus exaspérés par le mépris de Macron et Cie. En est directement responsable la municipalité macrono-LR d’Angers qui, de façon scandaleuse, refuse depuis des mois d’entendre les revendications salariales des agents municipaux et prend ainsi la population en otage sanitaire. Augmentation des salaires ! Retrait de la “réforme” Macron !
Un meeting du NPA86 avec Philippe Poutou s’est tenu à Poitiers “Contre Macron et son monde”. Au soir du jeudi 16 mars, jour du coup de force de Macron sur sa “réforme” des retraites et des manifestations spontanées qui ont suivi, et à une semaine de la mobilisation contre les méga-bassines dans le Poitou, ce ne pouvait être qu’un succès ! Et de fait cela en fut un : plus de 200 personnes se sont pressées dans la salle Timbaud ! Le livre “Un « petit » candidat face aux « grands » médias” cosigné par Philippe s’est très bien vendu (avec dédicaces !) et beaucoup de contacts ont été pris ! Prochain meeting de Philippe dans la région : mardi 21 mars à 20h à la médiathèque de Nantes.
Contrairement à ce qui est écrit dans l’édition du lundi 13 mars 2023 du Courrier de l’Ouest, le NPA49 n’est pas signataire de la lettre ouverte aux députés de Maine-et-Loire émanant de la NUPES . En effet, il ne partage pas les illusions véhiculées dans la lettre sur la possibilité de « rechercher un consensus » avec les représentants de la grande bourgeoisie et des capitalistes que sont les député.e.s et sénateurs LREM-LR. Cependant, le NPA49 est en accord avec l’analyse que font les signataires (EELV, PS, LFI, PCF, Générations, Place publique) du projet de loi sur les retraites : il s’agit bel et bien d’une mesure antipopulaire. Il reste prêt à participer à toute initiative unitaire susceptible de renforcer les luttes sociales contre cette "réforme" régressive.