Dimanche 11 janvier : une mobilisation massive

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Au-delà de la tentative évidente de récupération de l’émotion populaire par les pompiers pyromanes que sont le gouvernement et les partis institutionnels, le très grand succès des manifestations "Je suis Charlie" -plusieurs dizaines de milliers à Angers, 7000 à Cholet, des millions en France- traduit la profonde crise sociale et morale que cette mobilisation a cherché à exorciser. Il appartient maintenant à la gauche de résistance d’en tirer les leçons et de construire enfin une alternative à une société capitaliste génératrice de chaos social, politique et environnemental.

À Angers, la police et la presse locale annoncent entre 45 et 50 mille personnes. Si ce nombre est peut-être optimal (compte-tenu de la longueur du parcours et des capacités des places [1] et rues), il n’en traduit pas moins l’ampleur historique de cette mobilisation. Organisée par le préfet, le PS et l’UMP, elle s’est conclue place du Ralliement par quelques discours et La Marseillaise, ce qui sans doute a pu faire grincer des dents bien des militant(e) et/ou lecteurs et lectrices de Charlie Hebdo...

Angers, place du Ralliement

Néanmoins, ce serait une erreur d’y voir la réussite de la récupération tentée par les partis du centre et de droite (PS et UMP). L’accumulation des tensions sociales nées de la “crise” du capitalisme et des politiques d’austérité, le stress des journées qui ont suivi l’assassinat des dessinateurs de Charlie et qui se sont closes par la tuerie antisémite de la porte de Vincennes ont pu trouver un exutoire et briser l’état de sidération sociale observable depuis des mois. Une porte s’est entrouverte que, certes, la classe capitaliste va s’empresser de refermer avec tous les moyens, notamment médiatiques, dont elle dispose. Déjà, l’ultra-sécuritaire pointe le bout du nez, de Valls et la droite qui évoquent un "patriot act" à la française (comme si l’accumulation des lois liberticides dites "antiterroristes" n’était pas déjà imposante en plus d’être inefficace) jusqu’à Marine Le Pen qui prône la peine de mort comme remède contre des desperados fanatiques qui ont de toutes façons fait le choix de mourir... Déjà F. Hollande refait les mêmes bourdes que lors du bombardement de Gaza en invitant Netanyahu à la grande synagogue de Paris pour un hommage aux victimes, transportant de fait la tuerie de la porte de Vincennes dans le conflit israélo-palestinien et nourrissant ainsi l’odieuse propagande des antisémites forcenés que sont les Dieudonné et autre Soral... Tous les moyens leur seront bons pour diviser les salarié-e-s selon leurs corporations, leurs ethnies, leurs religions, leurs âges, leurs sexes...

Au mouvement ouvrier de se ressaisir pour affirmer le contraire, reconstruire une véritable unité des travailleurs qui ne dure pas que le temps d’une manifestation salutaire. Mais pour cela, il faut rompre avec la soumission de nombreuses centrales syndicales et partis à un gouvernement lui-même soumis au MEDEF, aux multinationales et, d’un point de vue plus idéologique, à l’ultralibéralisme. Dans le champ de ruines de la gauche de résistance, face à la montée de périls nés de la décomposition sociale et des déséquilibres écologiques, il est urgent de reconstruire un mouvement social anticapitaliste et écologiste qui constitue un pôle de référence pour la population. Mais rien ne se fera sans cette population.

Esprit critique à Poitiers...

Voir sur le site national du NPA :
-  Une marée humaine d’indignation mais une énorme manipulation d’État au nom de l’union nationale

11 janvier 2015, par NPA 49

[1] La place Leclerc a une superficie de 20.000 mètres carrés environ ; à raison de 2 personnes par m2, il est donc possible d’y accueillir 40.000 personnes ; il faut ajouter à ce nombre les flux entrants et sortants. Ajout du 12/01 : Libération annonce 30.000 à Angers mais n’indique pas ses sources.